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vendredi 4 mars 2022

Chroniques de la folie ordinaire


Vous avez pu constater grâce à mon billet d’hier à quel point ma vie est riche en événements majeurs. Eh bien, ça continue.

Il y a deux jours, j’ai commandé du fioul. Ce ne fut pas aisé car la personne qui prit ma commande devait être atteinte d’une légère surdité. Elle me demanda par trois fois mon nom et me demanda de l’épeler. Il est vrai que le nom d’Étienne (comme le prénom) est aussi exotique que peu répandu et que, ceux qui me connaissent dans la vraie vie pourront en témoigner, ma voix est fluette et mon élocution embarrassée. Je crus revivre l’inénarrable aventure que je connus il y a quelques années lorsque j’essayai de faire raccorder ma maison de Corrèze au téléphone et que mon interlocutrice était une maghrébine dont la bonne volonté n’avait d’égale que son incompétence linguistique. L’affaire me prit une heure et demie ! Mais passons…

Hier, le livreur, fils du patron, m’a appelé. Il m’annonça sa visite pour aujourd’hui vers midi. Vers neuf heures trente, on sonne à ma porte : à ma grande surprise c’était lui. Je m’étonnais de le voir arriver si tôt. Il me parut très agité et me dit qu’il improvisait, qu’on manquait de produit… Quand je lui dis de faire le plein il me répliqua qu’il ne pouvait me m’accorder que 500 litres, que les livraisons étaient limitées à ce niveau, que dans l’Orne (5 km de chez moi), ils étaient limités à 300, qu’un gros client, propriétaire d’un château, qui avait commandé 5000 litres, se faisait livrer par autant de compagnies qu’il pouvait afin de remplir sa cuve 500 litres par 500 l, que les pétroliers russes n’arrivaient plus, bref, que c’était le bordel total.

Ma commande n’était due qu’à un fait objectif : ma cuve était quasiment vide et en aucun cas à une panique. Je suis peu enclin à la panique, quoi qu’il arrive. Cela dit, je note une fois de plus qu’à la moindre alerte certains de mes concitoyens adoptent le comportement le plus irrationnel et le moins civique qui soit et qu’ainsi ils provoquent des pénuries qui n’auraient pas lieu d’être. Il y a deux ans, pour des raisons qui m’échappent totalement, ça provoqua une pénurie de PQ. Fin décembre 1999, suite à la tempête, le maire du petit village où j’habitais passa prévenir les habitants que, faute d’électricité, la pompe alimentant le château d’eau ne fonctionnait plus et qu’en attendant la réparation des lignes électriques il fallait autant que possible réduire sa consommation d’eau : son message fut écouté car quelques heures plus tard, nous n’avions plus une goutte d’eau. Certains avaient remplis baignoires et citernes en vue de l’éventuelle pénurie… ...qu’ils provoquèrent ainsi.

S’il me restait la moindre illusion sur l’imbécilité de mes contemporains je m’en offusquerais. Je suis peu enclin à m’offusquer. J’adresserai simplement un reproche à la classe médiatico-politique (ou politico-médiatique, si vous préférez) : ils font, face à la folie ordinaire du « bon » peuple, comme si de rien n’était. Plutôt que de tenter de calmer le jeu en tenant des propos raisonnables et posés, ils soufflent sur les braises comme s’ils souhaitaient que tout s’embrasât. Depuis une grosse semaine, je n’entends que des propos alarmistes tendant à transformer un conflit, somme toute local, en conflagration mondiale. Comme si, jaloux des pauvres Ukrainiens, nous tenions absolument à prendre comme eux des bombes sur le coin de la gueule.

J’apprends également que notre valeureux président s’envolerait dans les sondages. Il doit incarner pour certains l’image protectrice d’un père soucieux de ses trouillards d’enfants. A mes yeux, ses échecs diplomatiques ne justifient aucunement ce regain de confiance. La crise passée, car quoi qu’il arrive elle finira par passer, nous nous retrouverons face à nos problèmes ordinaires qu’il a si bien su ne pas résoudre et qui se seront peut-être aggravés.

Pauvre France !


jeudi 3 mars 2022

Les fantastiques aventures de Tonton Jacquot

 


En un temps où l’on s’efforce de distraire notre attention des véritables problèmes avec l’affaire Ukrainienne, j’ai jugé bon de revenir aux fondamentaux. C’est pourquoi j’ai décidé de vous narrer la fantastique aventure du rétroviseur.

Tout a commencé le 15 février. Alors que je m’apprêtais a me rendre je ne sais plus où pour y faire je ne sais plus quoi au volant de mon luxueux break Peugeot 407, je remarquai que mon rétroviseur droit, enfin quand on se trouve face au véhicule, avait une drôle d’allure : il avait tendance à me donner une bonne vision de ma roue arrière, ce qui peut être utile au cas où celle-ci serait crevée mais qui au niveau de la circulation n’est pas l’idéal. Je manipulai les boutons de réglage mais au lieu de retrouver une orientation correcte, je ne parvins à obtenir que des positions certes originales mais peu favorables à la conduite. Je sortis du véhicule et découvris l’horrible vérité : le miroir du rétro s’était décollé de son support laissant sur ce dernier une partie non négligeable de son tain :



Face à pareil drame, bien d’autres se seraient rués en pleurs chez leur garagiste le suppliant à genoux, moyennant une forte somme, de remédier d’urgence à l’odieuse trahison du miroir. Ce n’est pas ce que je fis. Je réfléchis au problème et y trouvai une solution provisoire : à l’aide de ruban adhésif, je refixai le miroir fugueur à son support clipsai le tout et obtins un résultat sinon parfait du moins acceptable :



Ça faisait un peu manouche, mais comme dirait Poutine, à la guerre comme à la guerre ! Surtout que dès mon retour, je commandai un nouveau miroir. Une gentille firme allemande située à Berlin répondit à ma demande. Quelques jours plus tard, mon colis arriva. Alléluia m’écriai-je croyant voir venue la fin de ma détresse. Je déballai l’engin et m’apprêtai à le monter à sa due place quand je réalisai, à mon immense dam, que, dans ma hâte, je m’étais trompé de côté. Tout problème ayant une solution (et vice-versa) je me retournai vers mon fournisseur, lui expliquai la source de mon désarroi et reçut par retour de mail l’assurance qu’il s’occuperait avec diligence du problème. Malheureusement, la diligence devait être en panne et plusieurs jours passèrent sans nouvelles.

Je me dis qu’il serait peut-être judicieux de commander un autre miroir. Je me tournai donc vers M. Oscaro avec qui j’avais déjà été en affaire. Je rentrai les coordonnées exactes de mon véhicule et me fut proposé un objet censé répondre à mes besoin. Toutefois, il était spécifié qu’il se pourrait que ledit miroir ne corresponde pas à ma voiture. Curieuse remarque dont, pensant que M. Oscaro n’était pas homme à me proposer un article inadapté, je ne tins pas compte. Je fus très vite livré et pus constater à mon incommensurable dam, que ce putain de miroir de merde était peut-être adapté un véhicule mais pas ou mien. Je contactai donc l’escroc qui m’envoya immédiatement un bon de retour. J’allai déposer le colis au relais le plus proche.

Entre temps, je reçus la marche à suivre pour renvoyer mon miroir à Berlin et en commandai à cette même firme un nouveau pour le bon côté cette fois. Je me rendis à la poste afin de renvoyer le premier miroir. Méfiant, je m’enquis d’abord du coût d’affranchissement. Comme je le craignais, celui-ci s’avéra supérieur au remboursement. Je gardai donc mon colis.

Après bien des vicissitudes (départ vers une mauvaise destination, livraison promise puis annulée), le bon miroir est arrivé aujourd’hui, je l’ai mis en place et je peux enfin conduire la tête haute :



Après tout, remédier au problème aura pris un peu moins de trois semaines, le remplacement du miroir ne m’aura coûté que 50 € et je peux en proposer un à la vente sur Le bon coin. Y’a pas à dire, on fait de super affaires sur le net !


mercredi 2 mars 2022

De quoi je me mêle ?

 


« Tu peux voter pour qui tu veux, c’est toujours le gouvernement qui est au pouvoir » cette phrase que je vous traduit, je l’ai lue il y a presque cinquante ans dans des toilettes publiques à Londres . Je l’ai retenue parce que je la trouvais amusante. J’y repensais ce matin et j’ai réalisé qu’elle n’était pas qu’amusante. En effet, le peuple élit des gens qui gouvernent en leur lieu et place et souvent sans tenir grand compte des raisons qui les ont fait élire. C’est ce que l’on appelle la démocratie représentative.


Ainsi, le semi-vieillard qui vous parle a-t-il eu le droit de vote il y a un peu plus de cinquante ans alors qu’on ne l’obtenait qu’à 21 ans. En avril prochain, il pourra donc, avec toute la gravité qu’un tel geste suppose, glisser son bulletin de vote dans l’urne pour la neuvième présidentielle depuis 1971. J’ai participé à 7 de ces scrutins et je compte bien participer au neuvième. Le premier, en 1974, m’avait trouvé en Angleterre, bien plus intéressé, pour des raisons qui tendent à m’échapper avec le temps, par les demoiselles britanniques que par MM. Giscard d’Estaing et Mitterrand. Sur les 7 autres, je n’ai voté que deux fois pour le gagnant : Chirac en 95 et Sarkozy en 2007. Ces deux hommes m’ont bien déçu. Après une campagne à droite toute, ils ont mené une politique d’extrême-centre. En gros, pour tout dire, j’ai toujours voté pour des perdants ou des « traîtres ».


Au scrutin qui vient, je m’apprête à voter aux premier et second tour pour la perdante ou à m’abstenir au deuxième au cas ou ma perdante n’y serait pas.


Cela m’amène parfois à me demander si mon vote à une quelconque importance. Certes, il n’est pas totalement indifférent de voir que les sondages créditent ma candidate de 44 ou 45 % des suffrages au deuxième tour soit à peu de choses près le score de Mitterrand face à De Gaulle en 1965. Que de chemin parcouru depuis 2002 ! On me dira que ce ne sont que des sondages truqués, qu’il est tout à fait possible, sinon probable, que M. Lassalle ou M. Zemmour soit élu au premier tour avec une majorité écrasante. Tout est en effet imaginable…


Même en rêvant (mais je ne suis pas très doué pour le rêve) que ma candidate gagne, rien ne garantit qu’elle pourrait ou voudrait mener une politique qui me convienne, ne serait-ce que partiellement. D’un autre côté, vu que je m’intéresse à la politique, pourquoi m’abstiendrais-je ?


Il en va de même pour bien d’autres domaines : je n’ai jamais ressenti la panique que provoqua il y a deux ans l’apparition du Covid. Face à la crise Ukrainienne, plutôt que de suivre les délires sentimentaux de nombre de mes concitoyens, je crois dur comme fer à la nécessité de s’asseoir à la table des négociations plutôt que de jouer les va-t-en guerre. Mon opinion ne changera rien au résultat final : les fous peuvent l’emporter et mener le Monde à un conflit inouï...    ... suvi de négociations.


En résumé, je me demande parfois de quoi je me mêle. Vu qu’en dernier ressort, ce sont toujours les gouvernements, sages ou fous, qui dirigent.

lundi 28 février 2022

A quoi bon ?

 Désormais, tout commentaire anonyme sera systématiquement supprimé. Ceux écrits sous des pseudos dépourvus de véritable profil également.

Je suis passé de la sidération à l’affliction. A quoi bon parler géopolitique quand tant d’Européens semblent poser sur la situation d’aujourd’hui une grille de lecture vieille de plus de 80 ans alors que tout a changé non seulement sur leur continent mais dans le monde ?

Dans le vacarme des passions, quelques voix s’élèvent : des militaires, des spécialistes de géopolitique, envisagent le problème de manière rationnelle et prônent la négociation au niveau où elle doit se tenir, à savoir entre les USA, patrons de l’Otan, et la Russie.

Les Ukrainiens souffrent. Pour rien, puisqu’ils ne sont qu’une case sur un échiquier géopolitique qui les dépasse. Les Européens, avec leurs éventuelles livraisons d’armes, ne feront qu’ajouter à leur misère.Si M. Poutine était le belliciste fou qu’on nous décrit , il pilonnerait les villes, les raserait et ce n’est pas avec leurs dérisoire cocktails Molotov que les gens de Kiev ou de Karkov pourrait l’en empêcher. Qui envisage une victoire ukrainienne ?

Si l’on veut éviter un bain de sang, si on ne tient pas à voir un conflit local, certes déplorable, se transformer en conflit mondial il est urgent que les VRAIS protagonistes s’assoient à la table de négociation. C’est aux États-uniens d’en prendre l’initiative.

On pourra me dire que ce serait reculer pour mieux sauter, que Poutine c’est Hitler. Mais dans ce cas, rien ni personne ne pourrait l’empêcher de déclencher un conflit mondial.

J’en reviens à ce qu’a dit M. Sarkozy : on n’a le choix qu’entre la guerre totale et la négociation.

Mais je cause, je cause et ça n’avance à rien : aux vrais responsables (s’ils le sont vraiment) de prendre leurs responsabilités ou de sacrifier des milliers d’Ukrainiens dans un combat douteux.




samedi 26 février 2022

On nous prend pour des cons (et à juste titre!)


Le paranoïaque Poutine a, allez savoir pourquoi, un « sentiment » d’encerclement !

J’avoue ma sidération face aux débats sur les événements d’Ukraine. En dehors de quelques experts en géopolitique raisonnables, c’est le café du commerce : Poutine est un fou qui veut reconstituer l’empire russe, le Bloc de l’Est, voire étendre celui-ci jusqu’à l’Atlantique. Curieusement, les interventions étasuniennes ou de l’Otan en Ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan, françaises en Libye, au Sahel, toutes finalement couronnées d’un retentissant succès et ayant ramené dans ces pays une paix, une prospérité et, n’ayons pas peur de le dire, un bonheur durables n’ont pas valu à leurs initiateurs de se faire traiter de malades mentaux. A croire que l’adhésion à l’Otan constitue un rempart efficace contre la folie !

Du coup, c’est à qui se montrera le plus va-t-en guerre et le plus Ukrainophile possible. Tout en soulignant la totale impossibilité d’une intervention militaire sur le terrain. En gros, il faudrait faire la guerre, sans la faire, tout en la souhaitant.

Je note cependant la clarté du propos de M. Sarkozy à la sortie de l’Élysée : nous avons le choix entre la négociation et la guerre totale. Le reste, c’est de la parlotte.

« Guerre totale » voilà un terme qui dit bien ce qu’il veut dire. Cela implique l’entrée dans le conflit de l’Otan face à la Russie et accessoirement le recours à l’arme nucléaire, de part et d’autre. Est-ce ce que nous souhaitons ?

La négociation paraît une solution plus raisonnable. Reste à savoir entre qui et qui. Avant tout, il serait raisonnable de préciser le véritable enjeu de cette guerre. Pour des peuples européens en totale déliquescence intellectuelle et craignant de voir revenir les « heures les plus sombres de leur histoire », croire (ou feindre de croire) que le « paranoïaque » du Kremlin a pour but d’agrandir son « empire » est certes tentant. En faire un nouvel Hitler, quoi de plus « raisonnable » ? Maintenant, n’existe-t-il pas d’autres raisons plus réelles à ce conflit ? En admettant que M. Poutine soit paranoïaque, cela ne l’empêche aucunement d’avoir de réels ennemis. Des ennemis qui, par exemple, installeraient à ses frontières des batteries de missiles anti-missiles et sol-sol visant à lui interdire toute réplique en cas d’attaque nucléaire de leur part. Des ennemis qui le désignent ouvertement comme l’ennemi à abattre* : les États-Unis et leur bras armé de l’Otan puisqu’il faut les nommer par leur nom. En attaquant une Ukraine qui souhaiterait adhérer à l’Otan, M. Poutine ne fait que tenter de mettre fin à l’encerclement systématique de son pays entrepris depuis des décennies par cette dernière. N’est-ce pas compréhensible ? Que dirait-on si les Russes avaient installé tout autour des USA des batteries de missiles en les désignant ouvertement comme leurs ennemis ? S’il doit y avoir négociation c’est entre la Russie et les USA, l’Ukraine n’étant, pour son malheur, qu’une pièce sur l’échiquier géopolitique. En est-il encore temps ?

Pour plus d’informations sur la situation actuelle, je vous propose cette analyse certes longue mais instructive. Maintenant, on peut se contenter d’écouter les jérémiades, les divers témoignages émouvants et les fines analyses psychologiques du « cas Poutine » que nous proposent avec un bel ensemble tous les media communiant avec une unanimité retrouvée avec la propagande officielle. C’est moins fatiguant et mieux adapté au  téléspectateur moyen.

 *Lire à ce sujet l’intéressante tribune du Cercle de réflexion interarmées. C’est long, c’est parfois difficile à suivre, mais ça me paraît un peu plus sérieux que les débagoulages des participants aux débats des chaînes d’« information » qui me rappellent, par leur sérieux, ceux des experts en Covid du début de l’épidémie.