Le paranoïaque Poutine a, allez savoir pourquoi, un « sentiment » d’encerclement ! |
J’avoue ma sidération face aux débats sur les événements d’Ukraine. En dehors de quelques experts en géopolitique raisonnables, c’est le café du commerce : Poutine est un fou qui veut reconstituer l’empire russe, le Bloc de l’Est, voire étendre celui-ci jusqu’à l’Atlantique. Curieusement, les interventions étasuniennes ou de l’Otan en Ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan, françaises en Libye, au Sahel, toutes finalement couronnées d’un retentissant succès et ayant ramené dans ces pays une paix, une prospérité et, n’ayons pas peur de le dire, un bonheur durables n’ont pas valu à leurs initiateurs de se faire traiter de malades mentaux. A croire que l’adhésion à l’Otan constitue un rempart efficace contre la folie !
Du coup, c’est à qui se montrera le plus va-t-en guerre et le plus Ukrainophile possible. Tout en soulignant la totale impossibilité d’une intervention militaire sur le terrain. En gros, il faudrait faire la guerre, sans la faire, tout en la souhaitant.
Je note cependant la clarté du propos de M. Sarkozy à la sortie de l’Élysée : nous avons le choix entre la négociation et la guerre totale. Le reste, c’est de la parlotte.
« Guerre totale » voilà un terme qui dit bien ce qu’il veut dire. Cela implique l’entrée dans le conflit de l’Otan face à la Russie et accessoirement le recours à l’arme nucléaire, de part et d’autre. Est-ce ce que nous souhaitons ?
La négociation paraît une solution plus raisonnable. Reste à savoir entre qui et qui. Avant tout, il serait raisonnable de préciser le véritable enjeu de cette guerre. Pour des peuples européens en totale déliquescence intellectuelle et craignant de voir revenir les « heures les plus sombres de leur histoire », croire (ou feindre de croire) que le « paranoïaque » du Kremlin a pour but d’agrandir son « empire » est certes tentant. En faire un nouvel Hitler, quoi de plus « raisonnable » ? Maintenant, n’existe-t-il pas d’autres raisons plus réelles à ce conflit ? En admettant que M. Poutine soit paranoïaque, cela ne l’empêche aucunement d’avoir de réels ennemis. Des ennemis qui, par exemple, installeraient à ses frontières des batteries de missiles anti-missiles et sol-sol visant à lui interdire toute réplique en cas d’attaque nucléaire de leur part. Des ennemis qui le désignent ouvertement comme l’ennemi à abattre* : les États-Unis et leur bras armé de l’Otan puisqu’il faut les nommer par leur nom. En attaquant une Ukraine qui souhaiterait adhérer à l’Otan, M. Poutine ne fait que tenter de mettre fin à l’encerclement systématique de son pays entrepris depuis des décennies par cette dernière. N’est-ce pas compréhensible ? Que dirait-on si les Russes avaient installé tout autour des USA des batteries de missiles en les désignant ouvertement comme leurs ennemis ? S’il doit y avoir négociation c’est entre la Russie et les USA, l’Ukraine n’étant, pour son malheur, qu’une pièce sur l’échiquier géopolitique. En est-il encore temps ?
Pour plus d’informations sur la situation actuelle, je vous propose cette analyse certes longue mais instructive. Maintenant, on peut se contenter d’écouter les jérémiades, les divers témoignages émouvants et les fines analyses psychologiques du « cas Poutine » que nous proposent avec un bel ensemble tous les media communiant avec une unanimité retrouvée avec la propagande officielle. C’est moins fatiguant et mieux adapté au téléspectateur moyen.
*Lire à ce sujet l’intéressante tribune du Cercle de réflexion interarmées. C’est long, c’est parfois difficile à suivre, mais ça me paraît un peu plus sérieux que les débagoulages des participants aux débats des chaînes d’« information » qui me rappellent, par leur sérieux, ceux des experts en Covid du début de l’épidémie.