..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 7 février 2022

La vie me gâte !

 


Je ne sais pourquoi mais il se trouve que pour la deuxième soirée de dimanche consécutive j’ai la chance de pouvoir regarder un de mes films préférés. Si on ajoute à ça de bonnes lectures, ce serait me montrer particulièrement ingrat de ne pas remercier la vie pour les somptueux présents qu’elle m’offre sans que je ne lui aie rien demandé.

Comme la regrettable Juliette Gréco, je ne suis pas un fanatique des dimanches ne serait-ce que parce que Mme Kelly et M. Praud, ces fainéants, ne travaillent pas et me privent égoïstement de plusieurs heures d’agréables loisirs. Mes démêlés avec une imprimante récalcitrante et des systèmes de paiement sur le Net peu accommodants eussent fait de celui d’hier une bien morne journée si l’appel de ma fille n’était venu ensoleiller sa grisaille. Et puis, le soir, une bonne surprise me fut faite par M. C 8 : la programmation d’un de mes films favoris, Les Galettes de Pont-Aven ! Un régal !

Bien installé dans un confortable fauteuil club Chesterfield, je pus pour la énième fois me réjouir à la vision des aventures D’Henri Serin, VRP en parapluies de son état avant de tout envoyer balader pour devenir rapin-ivrogne dans la cité des peintres et des galettes au beurre. Un film que seule la France des « swinging seventies » pouvait produire en ces temps de liberté et d’humeur polissonne qui virent ma jeunesse, « [temps]auquel j’ai plus qu’autre galé jusqu’à l’entrée de vieillesse qui son partement m’a celé », comme disait l’autre*. Aux côtés d’un Jean-Pierre plus excellent encore qu’à son accoutumée, une pléiade d’acteurs de qualité y incarnent des caricatures de stéréotypes particulièrement réjouissantes. La pulpeuse Andréa Ferréol dont la prestation dans La Grande bouffe nous fit découvrir les charmes y est parfaite en boutiquière ; Claude Piéplu, pèlerin invétéré que l’on retrouve en fin de film, met sa truculence au service d’une foi profonde qu’il souhaiterait faire partager ; Bernard Fresson en peintre cynique et paillard se surpasse et est à l’origine d’une passion pour le cul de d’une belle Québecoise dont la désertion plongera le pauvre Henri dans la soûlographie ; Romain Bouteille campe avec sobriété un curé plus vrai que nature ; quant à Dominique Lavanant il fallait penser à faire d’elle une improbable prostituée en costume bigouden d’apparat ; enfin, la charmante et douce Jeanne Goupil et son apparence quasi-virginale vient opérer la rédemption du bon Henri et en faire un virevoltant serveur de plage.

Je ne m’appesantirai pas sur toutes les scènes remarquables du film. J’en retiendrai deux, pour des raisons familiales. Le personnage créé par Mme Lavanant m’a rappelé ma mère. Entendons nous bien : ma génitrice, pour des raisons évidentes de religiosité et d’austérité morale n’aurait à aucun prix accepté de se livrer au commerce de la chair, activité dont je doute qu’elle eût d’ailleurs tiré grand profit. Seulement, nées à une vingtaine de kilomètres l’une de l’autre, en Basse-Bretagne, elles avaient en commun l’accent et émaillaient leur discours des mêmes mots bretons. L’autre est celle où, remplaçant au pied levé un chanteur victime d’un accident de Solex, Henri Serin interprète en duo avec Marie le Kenavo (Au revoir en Français) de Théodore Botrel. Il se trouve que cette chanson d’un marin quittant sa promise pour une lointaine mission était celle que mes parents chantaient ensemble lors des banquets de communions, fiançailles et autres mariages comme le voulait la coutume que j’évoquais ici il y a plus de dix ans déjà.

Pour ces raisons (sauf les familiales, bien entendu), je recommanderais à qui ne le connaîtrait pas ou n’en garderait qu’un lointain souvenir de regarder ce joli film.

* En l'occurrence François Villon


jeudi 3 février 2022

Deux bons livres

 

Au joli temps de leur amitié

Il est assez rares que je parle de mes lectures. Car il m’arrive de lire ! Pas de manière compulsive mais quelques dizaines d’ouvrages par an parfois. Seulement, peu méritent qu’on s’y attarde. Il se trouve que j’ai eu la chance d’en relire deux à la suite qui m’ont bien plu. Les deux sont d’auteurs Sud-Américains. De pays où il semble qu’on se livre encore à cet acte périlleux qu’est la vie. Mais venons en au fait :

La Tante Julia et le scribouillard, de Mario Vargas Llosa :

Un livre réjouissant et plus ou moins autobiographique où le prix Nobel péruvien nous narre ses amours compliquées avec sa tante Julia (en fait, la sœur de l’épouse d’un de ses oncles, désolé pour les amateurs d’inceste !) et sa fréquentation du scribouillard, auteur bolivien de feuilletons radiophoniques hanté par l’écriture et la haine des Argentins. La structure du roman est originale : Vargas Llosa y fait alterner ses récits autobiographiques et ceux relatant divers épisodes des feuilletons de son ami. Au départ, j’avais pensé qu’il s’agissait, comme le faisait Dos Passos, d’histoires parallèles dont les différents personnages finiraient par se rencontrer. Il n’en est rien. S’il y a bien rencontres, c’est qu’au fil de l’évolution de la folie du scribouillard ses histoires finissent par se mélanger : les noms s’échangent, des éléments biographiques de l’un sont attribués à l’autre et avant qu’il ne perde sa place et finisse en psychiatrie, ses feuilletons se font incompréhensibles et perdent leur audience. Si l’histoire d’amour d’un Mario de dix-huit ans et de sa « tante » plus âgée n’est pas sans rebondissement croquignolesques, notamment lorsqu’ils parcourent le pays à la recherche d’un maire suffisamment irrespectueux des lois pour les marier, ce sont les passages consacrés au graphomane et à des feuilletons qui sont les plus réjouissants. Avant de s’enfoncer dans les délires sus-mentionnés, l’auteur parsème ses récits d’allusions fielleuses aux nombreuses tares qu’il attribue aux Argentins, accusés, entre autres, d’être des assassins par nature, d’ignorer tout de l’hygiène la plus élémentaire, et d’avoir pour femmes d’infâmes putains. Je pense qu’en écrivant ce récit, Vargas Llosa s’est régalé. C’est ce que j’ai fait à le lire.

Le Général dans son labyrinthe, de Gabriel Garcia Marquez :

L’auteur de Cent Ans de solitude nous narre les derniers jours de Simon Bolivar, entre son départ de Santa Fé, quartier de Bogotá, qu’il fuit sous les quolibets après avoir démissionné de la présidence et son ultime exil, la mort. Le « Libertador » qui a vu son rêve d’une Amérique du Sud unie sombrer dans les rivalités locales est malade, très malade. Il connaîtra des rémissions avant de replonger puis, pour un temps, de sembler renaître. Le lecteur risque, lui aussi, de se sentir dans un labyrinthe, tant les palanquées de généraux et de colonels créent la confusion à la manière des princes et des comtes de La Guerre et la paix. Les références à des événements historiques de l’épopée du Général qui ne nous sont pas familières participent à son égarement. Mais qu’importe ? Au fil des étapes du voyage, des rencontres, prétextes au rappel d’épisodes passés, se dessine le portrait d’un grand homme sur sa fin, de ses colères, de sa versatilité, de ses amours tumultueuses, de sa prodigalité, de sa bravoure, de sa rouerie, de sa complexité se dessine un portait. Portrait sans complaisance ni cruauté, aux antipodes de l’hagiographie, brossé par un Garcia Marquez au meilleur de son art. Un livre impossible à résumer comme peut l'être le parcours du prisonnier d’un labyrinthe. Un livre riche.

En guise de « bonus » :

Ces deux prix Nobel de littérature furent neuf ans durant copains comme cochons. Jusqu’au jour où, dans le hall d’un cinéma de Mexico, le 12 février 1976 pour être précis, Le bon Mario mit brutalement fin à cette belle amitié par un direct en pleine face du vaillant Gabriel. Problème conjugal ? Différend politique ? Nul ne le sait, les deux ex-amis ayant promis d’en tenir la raison secrète. Garcia Marquez mourut sans rien en dire et Vargas Llosa décida d’en faire autant et de laisser aux historiens le soin de faire la lumière sur l’affaire. On dira ce qu’on voudra, mais ces Latinos ont su conserver un certain art de vivre.

Triste fin d'une amitié




mardi 1 février 2022

Un bouffon totalitaire

 


J’ai assisté à un débat concernant le reportage sur l’islamisme à Roubaix qui vaut à ceux qui l’ont réalisé ou présenté des menaces d’égorgement ou de décapitation et de se retrouver sous protection policière. J’ai cru halluciner en entendant l’orateur national (titre amusant) de la France Insoumise, un certain Aurélien Le Coq. Ce jeune homme est très habile ! Pas du genre à ergoter niaisement ! Il va au fond du problème.

Si son parti a attaqué ce reportage, c’est pour d’excellentes raisons : ce reportage stigmatise cette merveilleuse cité du Nord en ne l’abordant que par le biais de l’islamisation alors qu’il s’y passe tant de jolies choses. Le brave Aurélien ne s’était pas embarqué sans biscuit : il avait eu soin de se munir d’une liste de personnes qui y vivaient en toute liberté. Il s’empressa de la lire, évoquant Mme Paulette, fringante octogénaire qui y toilettait les chiens, Léon dans le magasin duquel on trouvait de tout et même des crucifix prouvant, si nécessaire, que tous y vivaient en harmonie. Pour paraphraser Oscar Wilde, parlant de la mort de la petite Nell, il aurait fallu un cœur de pierre pour ne pas éclater de rire en l’écoutant !

Il semblait oublier que le sujet du reportage n’était pas de mettre en exergue l'extrême tolérance de nos amis roubaisiens mais les signes d’islamisation qu’on pouvait noter dans leur riante cité. Autant reprocher à une enquête sur le cassoulet de Castelnaudary de ne rien évoquer de la campagne de fleurissement des espaces publics menée par la municipalité ou à un reportage sur la cueillette des olives dans l’arrière-pays niçois de passer sous silence les problèmes qu’y connaît la pisciculture.

En fait, ce que regrette l’Orateur National, c’est que l’on puisse traiter de ce problème qui ne concerne qu’une infime minorité de la population. Il oublie cependant que nombre de sujets évoqués par les media ou les politiques concernent directement très peu de monde. Le thème des « violences policières » et plus particulièrement des éborgnés des manifestations Gilet-Jaunesques qui tient tant à cœur à son patron et à ses Orateurs ne concerne que 30 personnes sur plus de 65 millions d’habitants, n’est-il pas extrêmement minoritaire et ne tendrait-il pas à stigmatiser l’ensemble de la police ?

Pour M. Le Coq, il serait donc souhaitable de ne traiter que des sujets qui lui agréent : baisse du pouvoir d’achat, misère, racisme, homophobie, désastres écologiques, etc. Et cela tant qu’il serait dans l’opposition. Si, par malheur, il arrivait que sa clique arrive au pouvoir, on peut imaginer que ces même sujets laisseraient place aux louanges des actions gouvernementales. Puissions nous en être préservés à jamais !

lundi 31 janvier 2022

Coup de torchon

 


Pour la énième foi, j’ai regardé hier soir ce qui est probablement mon film préféré (plus ou moins ex-æquo avec Les Tontons flingueurs, Coup de tête, Série noire, La Fiancée du pirate, Le Père Noël est une ordure, Les Bronzés font du ski et quelques autres encore) : Coup de torchon.

Qu’en dire ? La distribution est éblouissante. Un Noiret, jouant les faux innocents, proprement époustouflant. Une Isabelle Huppert au sommet de sa beauté et de son art, une Stéphane Audran impeccable, un Eddy Mitchell incarnant son rôle de semi-débile de manière presque trop crédible, un Jean-Pierre Marielle réapparaissant comme un clone de son frère, pour personnifier avec brio la totale incompréhension, un Guy Marchand si grotesque qu’il en devient presque sympathique, un François Perrot irrésistible de comique « involontaire » dans son rôle de Colonel Tramichel lorsqu’il se présente ou commente l’actualité.

Dix nominations aux Césars et une aux Oscar. Résultat : aucune récompense ! La concurrence était, certes rude mais quand même !

Cette petite ville coloniale, ses rues de sable bordées de demeures décrépites (ce qu’elles n’étaient probablement pas au temps ou est censée se dérouler l’intrigue) vient par son délabrement accompagner le sentiment de déréliction qu’engendre une société promise à la disparition (j’en ai traversé d’aussi mélancoliques au Sénégal lors de mon (trop long) séjour dix ans avant que n’y ait lieu ce tournage).

Le problème, avec ce grand film, c’est que plus je le vois et moins je parviens à comprendre les motivations et, plus largement, le fonctionnement psychique de Lucien Cordier, à la fois pitoyable, monstrueux et sympathique « héros » de l’histoire. Le réduire à un personnage trop souvent humilié se vengeant de façon machiavélique de ses « bourreaux » me paraît simpliste. Il y a évidemment vengeance, mais ça va beaucoup plus loin car sa « folie » meurtrière peut toucher également ceux qui ne lui ont fait aucune offense. Il semble agir comme un agent du destin, animé par une force qui lui échappe et à laquelle il se résigne à obéir.

Bertrand Tavernier aurait tourné une autre fin à ce film, et justifié son choix d’une fin qui n’en est pas vraiment une. Je n’ai pas vu cette fin alternative et ne sais rien des raison de son rejet. Peut-être est-ce mieux. Ainsi le mystère demeure entier, du moins à mes yeux...

vendredi 28 janvier 2022

Émission de merde !

 


Je n’ai pu la regarder que quelques minutes. Assez pour me convaincre que M. Hanouna devrait faire autre chose. Je le verrais bien posticheur sur les foires, animateur de supermarchés ou commentateur de matches de catch. Mais pas organisateur de débats politiques. Ne serait-ce que parce qu’il n’organise rien. Nous en avons eu la triste démonstration hier soir.

Déjà le titre de « Face à Baba » est ridicule. Que ce pauvre Cyril se soit vu surnommer « Baba » par sa mère (probablement une sainte femme) est une chose, qu’il se serve de ce sobriquet pour nommer une émission en est une autre. Surtout quand il est question de faire débattre des politiciens. Il sont face à des invités, aux électeurs mais pas face à un animateur qui par cette formule laisse penser qu’il est au centre du débat, que c’est à lui que se mesure l’invité.

Si j’ai bien compris, l’idée de ce foutoir consiste à confronter pendant un temps donné l’invité et des contradicteurs ou des laudateurs. Le temps donné, M. Hanouna semble s’en taper le coquillard. Ce qui compte, c’est l’affligeant spectacle. Si le combat est bien sanglant, si les insultes pleuvent comme à Gravelotte, si un énergumène vocifère, interrompt, se conduit comme ferait un abruti dans une discussion politique en fin de soirée dans un bistrot, s’est fait accompagner d’une claque prête à applaudir la plus imbécile de ses interventions et à huer le contradicteur, c’est parfait et donc interminable. Pour cela, quel meilleur client que M. Mélenchon ? Comme un taureau rendu fou par les cris des gradins et enragé par la présence d’un torero haï, il s’est même surpassé.

Face à lui, M. Zemmour, dont je ne suis pas vraiment un fan, tenta d’argumenter, se vit interrompre sans cesse, sa voix couverte par les mugissements du « tribun » déchaîné, se laissa insulter et garda son calme. Et que fit le maître de cérémonie ? Rien qui pût tendre à donner une forme acceptable à la confrontation. Je suppose que le regard fixé sur l’audimat, il se réjouissait in petto du bordel qu’il laissait s’amplifier , que ce soit par incapacité et/ou par calcul. J’eusse été à la place du polémiste, j’aurais quitté le plateau. Mais il était piégé : le faire eut été offrir une apparence de victoire au bolchevique enragé. J’éteignis donc. Je rallumai un peu plus tard pour voir que la parodie de débat s’éternisait J’éteignis pour de bon.

Le but proclamé de M. Hanouna serait d’attirer vers le débat politique son public qui généralement n’en est pas friand. Il l’atteint peut-être mais l’image qu’il donne de ce débat par son indifférence à le dominer, est lamentable. Je le crains plus cynique qu’imbécile, plus roublard qu’incapable. Pour qui roule « Baba » sinon pour sa petite personne ? Il m’apparaît comme prêt à toutes les bassesses afin d’améliorer son audience auprès de décérébrés et ce faisant augmenter ses revenus.

Pour la première et dernière fois, faute de mieux, j’avais choisi de regarder une de ses émission. Dégoûté, je tire de cette courte excursion en terre méprisable deux conclusions : d’abord que ce pitoyable bateleur de foire est à l’image de ce que notre époque produit de pire, ensuite que débattre avec M. Mélenchon est une erreur.

Ce lamentable duo de clowns ne fut même pas divertissant, juste désolant.