Il est des jours où on se demande ce que peuvent bien foutre les fées. La question ne se pose pas pour le 13 juillet 1969 : elles se trouvaient au Lamentin en Guadeloupe. Qu’est-ce qu’elles pouvaient bien y faire ? C’est simple : elles se penchaient sur le berceau de Christine Eugénie Tigiffon, ensuite plus connue sous le patronyme de Kelly, afin de lui faire de multiples dons : beauté durable, grâce, intelligence, voix douce, empathie, gentillesse, charme, résilience, autorité, courage pour ne citer que les principaux. Hélas, comme il se doit, Carabosse (ou une de ses adjointes) était elle aussi venue. Si on en croit ce qu’en dit M. Wikipédia, elle lui offrit une enfance et une adolescence bien difficiles qui expliquent ses engagements ultérieurs.
Cinquante-deux années ont passé. Il faut le savoir pour le croire, car le temps semble n’avoir aucune prise sur elle. Christine Kelly présente du lundi au jeudi soir, à dix-neuf heures sur la chaîne maudite Cnews, et cela depuis 2019, l’émission Face à l’info. Une émission qui sort de l’ordinaire mais, exceptionnellement, par le haut. Elle eut jusque récemment pour éditorialiste un certain Éric Zemmour qui depuis s’est reconverti avec un certain succès dans l’organisation de meetings. Ce départ forcé fit craindre pour l’avenir de l’émission. Il n’en fut rien. La télévision, comme la nature, ayant horreur du vide, un jeune homme venu du lointain Québec, vint occuper de manière plus volumineuse, plus humoristique, avec davantage de faconde et un brillo égal sinon supérieur le siège du malingre Éric. Mathieu Bock-Côté, puisqu’il faut l’appeler par son nom, constitue, avec l’intelligente et délicieuse Charlotte d’Ornellas, l’époustouflant Marc Menant qui vous raconte le sacre de Clovis ou la mort d’Henri III mieux que s’il y avait assisté la veille et le brillant Dimitri Pavlenko, l’équipe de choc de Mme Kelly.
En nos temps de grand Zemmourisme et d’épidémie plus ou moins dévastatrice, dans un climat bon enfant, on traite plus volontiers d’autres fariboles comme l’économie, la culture, la géopolitique, l’histoire ! Une honte quand on considère que sur d’autres chaînes, respectables elles, sévissent avec succès, à la même heure des gens sérieux comme MM. Cyril Hanouna et Yann Barthès avec leur clique et leur claque.
La reine Christine (bien plus digne de ce titre qu’une personne que je ne nommerai pas) règne sur ce petit monde avec une bienveillante autorité : chacun parle à son tour, sans éclats de voix intempestifs et en l’absence de tout public braillard. Elle intervient pour obtenir des précision, ou, avec une grande équanimité, pour corriger d’éventuels dérapages (comme ce fut le cas avec M. Zemmour). Elle sait, malgré le sérieux des sujets abordés, maintenir une ambiance sympathique et amicale. Ce faisant, elle est un modèle difficilement dépassable d’animatrice.
Malgré cela, elle est en butte à la haine, reçoit moult menaces d’égorgement ou de décapitation et vit sous protection policière. Comment expliquer cela ? Eh bien figurez vous que, contrairement à ce qui siérait, son beau visage ne se couvre pas de boutons quand une parole s’éloigne un tant soit peu du politiquement correct, que le gauchisme de son équipe est très relatif. On pourrait même avancer que ses complices ne défendent pas avec la vigueur nécessaire le wokisme, le multiculturalisme, et toutes les espiègleries « modenistes » qui mènent l’Occident à son tombeau, que, sans prendre parti, elle donne la parole à des gens qui pensent mal. De tels crimes sont impardonnables aux yeux de certains « démocrates », de certains « progressistes » et autres partisans d’une vision dévoyée des droits humains qui semblent regretter sinon qu’on ne remette pas en usage la bascule à Charlot du moins le goulag pour crimes de lèse-gauchisme montrant ce faisant que le totalitarisme n’est pas du côté qu’ils prétendent.
Espérons que, malgré cela, les bonnes fée continueront de la protéger !