..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 28 octobre 2021

Une agréable lecture

 


Je finis à l’instant de lire le dernier opus de M . Zemmour. Un livre intéressant à plus d’un titre. Intitulé La France n’a pas dit son dernier mot, sa couverture, d’un point de vue typographique comme iconographique est tout sauf innocente. « La France » de par la taille de police utilisée fait passer le reste de la phrase-titre au second plan. Le nom de l’auteur, occupe un espace conséquent lui aussi mais inférieur. On peut être tenté d’interpréter cette hiérarchie des caractères comme l’hommage du serviteur à son maître (en l’occurrence sa maîtresse). Le fait qu’un portrait du bon Éric apparaisse sur fond de drapeau tricolore ne fait que renforcer cette impression et donne de l’auteur une image quasi-présidentielle qu’expliquent les circonstances de sa parution.


En effet, le livre est paru alors que, privé d’antenne sur Cnews pour délit de candidature non déclarée, M. Zemmour s’apprêtait à une tournée de présentations de son livre qui prit bien vite l’aspect d’une série de meetings politiques.


Curieusement, si on fait abstraction des vingt et quelques pages de l’introduction et des sept pages de la conclusion, les trois cent et quelques autres pages que compte l’ouvrage entretiennent relativement peu de rapports directs avec la campagne de meetings que le livre sera censé justifier. Il s’agit essentiellement de récits de rencontres donnant lieu à des portraits parfois cruels de politiciens ainsi que de réflexions suscitées par des événements, des promenades s’étalant sur quinze ans, de 2006 à 2020. J’en retire l’impression qu’au départ, ce livre de souvenirs rappelant, comme l’admet l’auteur, par certains aspects, les Choses vues de M. Hugo fut écrit avant que la vocation de candidat-sans-l’être-tout-en-l’étant ne sourde dans l’esprit du polémiste et s’est vu tardivement doté d’une préface et d’une conclusion plus en rapport avec les préoccupations immédiates de l’écrivain.


Cela dit, la lecture en est agréable par la forme et par l’esprit. M. Zemmour a un style élégant et efficace qui se révèle dans ses portraits d’hommes politiques qu’il a eu le loisir de fréquenter plus ou moins assidûment au long de sa carrière de chroniqueur politique. Ils sont rarement empreints de tendresse et de révérence, le portraitiste a le don de souligner les côtés peu reluisants de ses modèles et, in cauda venenum, de conclure son récit sur une brève phrase assassine.


Le personnage qui se sort le mieux de ce livre est son auteur. Au fil des pages se dégage un auto-portrait plutôt flatteur : homme de raison parmi les fous, habile sondeur des cœurs et des reins, homme de convictions face aux opportunistes, entre autres qualités, il semble approcher la perfection. Et c’est là son moindre défaut : il a un peu le melon !



Loin d’être son ennemi, saluant son talent et son engagement sans faille, j’apprécie l’écrivain comme le débatteur et n’aurais à aucun prix raté ses éditos de Face à l’info. De là à penser qu’il a l’étoffe d’un président, il y a un pas que j’hésite à franchir. J’y reviendrai peut-être.

jeudi 14 octobre 2021

Vers une candidature Bock-Côté ?

Un président faisant le poids, enfin ! 

La nature a horreur du vide, c’est un fait. En cela les media lui ressemblent. Notre cher Covid qui a fait plus d’un an et demi durant leurs choux gras est indéniablement en perte de vitesse* : sur cent départements il n’en restait hier que 16 à dépasser la barre des 50 contaminés par semaine pour 100 000 habitants. Il est vrai que la carte sur l’évolution du taux d’incidence de Covid Tracker peut paraître à première vue inquiétant. Ainsi je note une augmentation de ce taux de 50 % dans l’Orne, département limitrophe du mien. Chiffre effarant mais qui en fait ne représente qu’une augmentation de 10 cas/ 100 000 en une semaine et en tout 28 contaminations de plus sur l’ensemble du département durant ce laps de temps. Autant dire pas grand-chose.

La quasi-disparition temporaire du Covid laisse un énorme vide qu’il faut bien s’empresser de combler. Le décès de Belmondo puis de Tapie ont pu, quelques jours durant, faire le job, mais les grandes afflictions n’étant pas éternelles on est vite passé à autre chose. Dieu merci, Zemmour est arrivé ! Qu’on le loue (rarement) ou qu’on le vilipende (avec ardeur), le Z (qui ne veut plus dire Zorro que pour quelques vieux distraits) est partout. Au point qu’il y a un mois, le CSA a provoqué son départ de l’émission Face à l’Info sur Cnews (la chaîne des vilains pas beaux), créant ainsi un vide qu’on aurait pu penser ne pas pouvoir combler. Eh bien, il n’en fut rien.

Le lendemain même, apparut en ses lieux et places Mathieu Bock-Côté ! Un bien sympathique Québécois, tout en rondeur et à l’impressionnante faconde. D’abord simple chroniqueur, il se vit bien vite promu éditorialiste occupant ainsi la place du brave Éric parti en tournée promotionnelle. Rude gageure ! Allait-il s’en tirer honorablement ? On aurait pu en douter mais il n’en fut rien. Car le bougre avait le talent et l’idéologie nécessaires. Jamais pris au dépourvu, ses réponses volubiles parsemées de traits d’humour provoquent l’hilarité de ses petits camarades (la charmante autant que brillante Charlotte d’Ornellas, le sémillant Marc Menant et le talentueux Dimitri Pavlenko) et de la belle Christine Kelly, remarquable animatrice des débats. Le gouffre béant laissé par M. Zemmour se trouva vite comblé. Plus jeune, plus bonhomme, plus léger (d’esprit sinon de corps), tout aussi fin dialecticien, on ne perdait pas au change ! Et loin de s’effondrer, l’Audimat a suivi.

Cela ne laisse pas de m’inquiéter : vu qu’il semble que Face à l’Info soit devenu un tremplin vers la candidature à la présidentielle, ne risque-t-on pas de voir le cher Mathieu suivre les traces de son prédécesseur ? Et dans ce cas, qui me tiendra compagnie l’heure de l’apéro venue ?

*Mes chiffres viennent du site Covid Tracker et de la carte en direct de l’évolution du Covid que publie quotidiennement le quotidien Sud-Ouest 

lundi 11 octobre 2021

L'architecte et le plombier

 


Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. La sagesse des nations a bien raison. Malheureusement, au niveau politique, le plus élémentaire bon sens n’est pas de mise. Lors de la dernière élection présidentielle, nous avons pu assister à cette sorte de combat de coqs rituel qu’est le débat d’entre deux tours. Un des candidats y aurait dominé son adversaire de manière si totale que cette dernière se vit donnée par des media unanimes pour morte et enterrée. Plus de quatre ans plus tard, le cadavre a toujours bon pied bon œil et serait peut être en tête des sondages si, sorti d’un chapeau, un trublion* n’était récemment venu brouiller les cartes.

J’avoue être de plus en plus sceptique sur l’intérêt que peuvent présenter les débats en général et ceux d’entre deux tours en particuliers. Ayant depuis plus de trente ans choisi mon camp et n’ayant par conséquent rien de la girouette, je ne vois pas comment un combat verbal pourrait influencer mon choix. De plus, une large majorité des électeurs ne se donnant pas la peine d’en suivre les échanges, son impact ne saurait être vraiment déterminant (en 2017 : 16,5 millions de téléspectateurs pour 47,5 millions d’inscrits soit un peu plus d’un tiers du corps électoral) . Enfin, et de plus en plus, le débat prend un tour essentiellement technocratique, ce qui lui fait perdre de son intérêt.

Je m’explique : pour moi, un aspirant président devrait se présenter comme l’architecte de la maison France. Celui qui conçoit sa structure et laisse le soin aux différents corps de métiers d’en finaliser la réalisation. Le maçon s’occupe des fondations et des murs, le charpentier et le couvreur la mettent hors d’eau, le menuisier pose portes et fenêtres, le plombier s’occupe de l’équiper d’une plomberie performante, l’électricien la câble aux normes, le plaquiste installe les cloisons, etc. L’architecte n’a pas besoin d’être un as de la clé à molette ni un virtuose de la pose des papiers peints. De même, le plombier et le couvreur n’ont pas pour fonction de concevoir la maison. De même le président-architecte n’a pas besoin d’être un spécialistes des questions économiques, sociales, civilisationnelles, ou autres : ce rôle revient aux technocrates qu’il chargera de mettre leur savoir faire au service des grandes orientations qu’il aura définies.

En attendant de l’Homme d’État qu’il soit une sorte d’homme-orchestre omni-spécialiste, on permet peut-être à certains beaux parleurs de « briller » dans les débats mais surtout on dévalorise sa fonction. Bonaparte a inspiré ce qu’on appela un temps le code Napoléon afin de définir et d’unifier le droit français. Il n’en a pas rédigé tous les articles avec son petit crayon. De même de Gaulle et Debré ont inspiré à des constitutionnalistes la rédaction des institutions mettant fin à l’instabilité gouvernementale de la IVe. A l’Homme d’État l’initiative des projets, au technocrate les détails de leur réalisation, aux gogos impressionnables de confondre les deux et d’élire des gens sans autre projet que leur éventuelle réélection.

*Entendons nous bien : je n’ai rien contre ledit trublion, j’ai même commencé, pas plus tard qu’hier, la lecture de son dernier opus que ma fille m’a offert pour mon anniversaire. J’apprécie son talent d’écrivain, je suis d’accord avec lui sur bien des points de ses constats. Simplement, sa possible candidature, en débauchant une partie des partisans du clan attaché à l’identité nationale, risque de faire le jeu du candidat de la « droite de gauche » et de nous amener à un deuxième tour entre M. Blancbonnet et M. Bonnetblanc.

mardi 28 septembre 2021

Être de France

Lorsque je rencontre des gens, il arrive que, curieux de savoir de quelle région je suis originaire, ils me demandent d’où je suis. Je réponds généralement « de nulle part ». Je veux dire par là que je ne me sens appartenir à aucun terroir en particulier. Qu’il n’y a aucune province, région ou petite patrie où je me sente enraciné.

J’ai vécu en Bretagne, en Ile-de-France, en Orléanais, au Sénégal, en Angleterre, en Touraine, dans le Berry,en Limousin et en Normandie. Pour des raisons évidentes je ne me suis jamais senti Sénégalais ou Anglais. J’ai pu, un temps fut, me sentir Breton ou Francilien. Breton, à cause de mes parents qui n’ont jamais vu dans leur long séjour francilien qu’une période d’exil ; Francilien parce que jusqu’à mes dix-huit ans, j’ai vécu l’essentiel de mon temps en région parisienne. Mais tout ça m’est bien vite passé. Pas pour devenir autre chose. Plus de vingt ans en Eure-et-Loir n’ont pas fait de moi un Eurélien. Pas plus que huit années en Touraine ou six en Berry ne m’ont pas transformé en Tourangeau ni en Berrichon. Depuis plus de dix ans, je vis en Normandie. Il est même probable que j’y finisse mes jours. Je ne serai pour autant jamais Normand.

En réalité, plus que de nulle part, je suis de France. C’est à dire que de Dunkerque à Nice, de Brest à Strasbourg, je me sens chez moi, de manière incommensurablement plus forte que je ne pourrais en quelque autre pays. Et cela parce que ce que je partage avec mes concitoyens dépasse de loin les particularismes locaux.

A une époque où il est de bon ton de se proclamer « citoyen du Monde », je ne suis qu’un Français de Métropole. Le fait que je parle, lise et écrive anglais, que je me débrouille tant bien que mal en espagnol, n’y change rien. Ces outils, s’ajoutant à ma langue maternelle peuvent faciliter la communication dans bien des contrées mais ne sauraient, où que j’aille, faire de moi autre chose qu’un Français à l’étranger.

J’aimerais que tous les Français, anciens ou de fraîche date, prennent une nette conscience de leur appartenance à notre pays. Les anciens afin de devenir conscients de ce qu’ils ont quelque chose de fondamental à défendre, les nouveaux parce qu’ils n’ont pas vraiment de meilleur choix s’ils comptent y rester et y prospérer. Car à l’inverse de ce qu’on nous serine depuis des lustres,la France est une chance pour les immigrés, elle leur offre des opportunités que leur pays d’origine serait bien en mal de leur fournir. De plus, un descendant d’immigré de deuxième ou troisième génération se raconte des histoires quand il se croit encore Algérien, Malien ou Sénégalais. Qu’ils le veuillent ou non, ils sont, comme moi, de France et auraient autant de mal à s’intégrer dans leur soi-disant pays (dont ils ne parlent souvent pas la langue) que moi en Papouasie. D’ailleurs, leur soi-disant pays est aussi impatient de les accueillir qu’ils sont pressés d’y retourner. Préférer s’enfermer dans un statut d’« étranger de France » tout en adoptant la nationalité française plutôt que de de jouer la carte de l’assimilation, n’est qu’une manière de refuser sa chance et de foncer dans une impasse.

L’assimilation demeure possible, l’ascenseur social n’est pas en panne, nous en avons de nouvelles preuves chaque jour. Seulement, il est plus facile de se complaire dans la victimisation, de blâmer un pays qui vous a accueillis plutôt que d’endosser la responsabilité de ses échecs et de fournir les efforts nécessaires à toute réussite. 

dimanche 26 septembre 2021

A quoi bon secourir les cons ?

 


Je suis tombé, suite au commentaire d’une amie Facebook, sur un article de France Bleu évoquant une polémique née d’une mise en garde de la Gendarmerie de Haute-Loire contre les brouteurs qui avait provoqué l’ire d’associations antiracistes avant d’être supprimée et d’entraîner de plates excuses de la maréchaussée. Je ne m’étendrai pas sur le contenu dudit communiqué gendarmesque qui me semblait frappé au coin du bon sens : si votre curiosité vous y invite, cliquez sur le lien. Ce sur quoi je m’interroge, c’est sur l’utilité qu’il y a à mettre les cons en garde contre les arnaques grossières de nos amis sub-sahariens, surtout lorsque ça risque d’entraîner une enquête voire des sanctions.

Comme vous tous, pour peu que vous soyez sur les réseaux sociaux, je reçois de temps à autre de curieuses propositions d’amitiés ou des messages émanant de jeunes personnes désireuses d’être mes amies ou impatientes de converser avec moi. Si je regarde leur profil, je m’aperçois qu’elles n’ont en général aucun ami, qu’à part remplacer leur photo de profil par une qui ne leur ressemble que de loin et d’être devenues fleuristes ou coiffeuses après des études (qu’on suppose brillantes) à l’Université de Vazy-en-Berrouette, il ne contient rien. Il me semble que ce constat devrait suffire pour mettre la puce à l’oreille du plus innocent des gogos. Il semblerait que non, puisqu’il en est qui après s’être fait piquer leurs éconocroques, viennent confier leurs malheurs et détresses aux gendarmes.

Je sais mon charme irrésistible. Mais de là à ce qu’y succombent de jeunes et jolies femmes à foison, il y a un pas que je ne saurais franchir. Surtout si l’amour inconditionnel que je leur inspire s’accompagnait de demandes de virements. S’il n’y a pas de limites à la connerie, il devrait y en avoir…

Ces arnaques à l’Amour (avec un gros tas) ne sont pas les seules. Les menaces de fermeture de comptes (auprès de banques ou de services où parfois on n’en a jamais eu), les colis cadeaux qui risquent de ne pas arriver faute de plus amples renseignements, les propositions de placements à des taux faramineux sont légion sur les réseaux et dans les boîtes mail. Si on s’y fait prendre, c’est que l’on a pas la lumière à tous les étages ou qu’on n’a à s’en prendre qu’à soi-même pour un moment de coupable distraction.

Des pigeons, il s’en lève tous les matins. On n’y peut rien, c’est comme ça. Mâles ou femelles, s’ils ne se font pas escroquer par l’un, c’est l’autre qui les escroquera. Passée la tendre enfance, croire au Père Noël relève plus de l’ânerie que de la fraîcheur d’esprit.