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lundi 21 juin 2021

D’une catastrophe

En entendant les commentaires sur les élections d’hier, trois thèmes se dégagent : l’abstention, l’échec du RN et la prime aux sortants.

L’abstention de deux électeurs sur trois est un camouflet infligé à notre démocratie. C’est indéniable. Quelle leçon peut-on tirer d’une telle élection sinon que les gens, du moins plus de deux électeurs sur trois, ne sont pas allé voter ? Que ce soit parce qu’ils avaient poney, peur d’attraper la cachtapiane galopante, n’avaient pas eu l’occasion de mettre les proclamations dans la poubelle de tri sans les avoir lues, qu’ils ne voulaient pas interrompre la passionnante conversation qu’ils avaient avec leur belle-mère venue de Tarascon pour sa visite annuelle , qu’il faisait trop chaud, trop froid, trop humide ou trop sec, que leur rencard avec la voisine du dessus dont le mari était scrutateur s’est éternisé ou pour toute autre raison valable ou pas, la seule explication objective du taux historiquement élevé de l’abstention reste que les électeurs ne sont pas venus voter.

Toutefois, les commentateurs politiques, sont payés pour interpréter les scrutins et s’en tenir au constat ci-dessus exprimé serait de leur part une forme d’abandon de poste. Consciencieux comme on les connaît, ils se sont donc attelés à tirer des leçons des résultats d’un scrutin pourtant manifestement insignifiants. Exercice périlleux, s’il en est mais, la peur n’évitant pas le danger, il s’y sont lancés avec la bravoure et l’intelligence qu’on leur connaît. Avec un ensemble émouvant, ils sont donc arrivés à deux conclusions à savoir que, premièrement, le RN est loin d’avoir atteint les scores annoncés par les sondeurs ce qui démontre clairement le manque d’adhésion des Français à ce parti et deuxièmement que les sortants ont bénéficié d’une prime.

De là à ce qu’on prévoie pour le RN un enterrement de première classe, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir. Pour ce qui est du succès éclatant rencontré par les sortants, il ne vient à l’idée de personne de le relativiser. Si l’on prend, par exemple le score faramineux de 41,39 % qu’a obtenu M. Xavier Bertrand et qui, selon lui, lui ouvrirait les portes d’une candidature à l’Élysée, loin d’être un raz de marée , il n’est obtenu que sur 33 % de votants soit en fait seulement 13,65 % des inscrits ou encore moins d’un électeur sur sept. Suivant le même mode de calcul, M. Wauquiez triomphe avec 14,27 % des inscrits et Mme Pécresse est plébiscitée par 11,8 % des inscrits soit un tout petit peu plus d’un inscrit sur neuf. Pas de quoi pavoiser.

Si l’on constate le même taux de participation au second tour, en cas de triangulaire, un candidat pourrait se voir porté à la présidence de région avec seulement 34 % des suffrages exprimés et partant, ne représenter que 10,88 % des inscrits. Ne parlons pas d’éventuelles quadrangulaires...

Plutôt que de gloser sur le (voire se réjouir des) victoires et échecs de tel ou tel mouvement ou parti, il me semble que nos chers commentateurs feraient mieux de consacrer leurs efforts à souligner l’ampleur de la catastrophe démocratique qui vient de se produire et d’alerter l’opinion sur les dangers que l’abstention fait courir à la stabilité politique du pays, bien plus inquiétants que ceux supposés entraînés par l’élection de membres d’un parti qui leur déplaît.

Comme j’ai voté hier, j’irai voter dimanche prochain. Le cœur lourd et inquiet pour la France. 

dimanche 20 juin 2021

L’illusion de l’homme ou de la femme providentiel

 


Beaucoup, à droite, se prennent à rêver que le destin ou quelque puissance occulte va, d’ici les élections présidentielles sortir de son chapeau (mais le destin possède-t-il seulement un chapeau ?) un homme ou une femme providentiel comme prestidigitateur en sort un lapin. Cette personne saura réunir les suffrages des droites autour d’un programme capable de résoudre les problèmes de la France et de mettre fin à des décennies de décadence.

L’idée est séduisante. Cette aspiration est basée sur la conviction que Mme Le Pen ne sera jamais élue, que si elle l’était ce serait le chaos et que n’importe comment elle n’a ni les capacités ni les équipes susceptibles de lui permettre de bien gouverner le pays.

Des noms circulent : Zemmour, Ménard, Morano, les généraux Trucmuche ou de Machin. Est-on vraiment certain qu’ils possèdent ce que Mme Le Pen n’aurait pas ? Ont-ils le cuir assez épais, suffisamment d’expérience du combat politique et de ses chausses-trappes pour mener campagne ? En ont-ils seulement l’envie ?

En admettant qu’une telle personne existe et qu’elle propose de manière crédible un programme capable de rallier les suffrages sur les problèmes d’immigration, d’identité nationale, de sécurité, peut-on concevoir qu’elle ne déclenchera pas une massive levée de bouclier de la part des antifas, gauchistes de tout bord, partis « de gouvernement » et de leurs relais médiatiques ? Croit-on que la bonne Marine se dira qu’il faut lui laisser la place ?

Il me semble que le seul résultat qu’on pourrait espérer cette personne serait de glaner une partie des suffrages de la frange droite de l’UMP et des plus tièdes partisans du RM avec pour possible conséquence d’empêcher l’accès au second tour à ce dernier et de laisser face à face MM. Macron et Bertrand (ou un autre guignolo du même acabit) , nous laissant, pour parodier cette vieille fripouille stalinienne de Jacques Duclos, le choix entre « Benêt blanc et blanc benêt ».

Plutôt que d’attendre un éventuel miracle, je crois qu’on ferait mieux d’avoir le courage d’assumer ses priorités et de courir les risques qu’elles peuvent (ou pas) entraîner. Quoi qu’il arrive d’ici un an, je suis persuadé qu’en 2022 comme avant les Français choisiront les gouvernants qu’ils méritent. N’importe comment penser que ce sont les mauvais dirigeants qui créent la décadence ou que c’est la décadence qui fait choisir les mauvais gouvernements revient à se poser la question de qui a commencé de l’œuf ou de la poule. Question inutile, vu qu’en l’état actuel des choses l’un et l’autre vont de pair.

mercredi 16 juin 2021

Plaisir du matin

 

Parmi les éléments constitutifs de mon bonheur, celui du tour matinal de jardin n’est pas des plus négligeables. Une fois pris mon petit déjeuner et après avoir consacré un temps suffisant à mes mots croisés, toujours en pyjama, je vais faire le tour du propriétaire. Cette année, vus le temps particulièrement pourri ou froid des mois d’avril et de mai, et le temps que me prenait la rénovation des pièces d’eau du bas, ce n’est qu’avec beaucoup de retard que je me suis remis au jardinage. Au mois de mars, j’avais préparé le terrain mais deux mois de négligence avaient laissé tout leur temps aux mauvaises herbes pour en reprendre le contrôle. Aussi avant de commencer plantations et semis, ai-je dû remettre le terrain en état. Le temps chaud revenu me permettra-t-il de rattraper les retards accumulé, nous le verrons bien.


L’intérêt de cette promenade matinale consiste à constater les progrès accomplis par les végétaux d’un jour sur l’autre. Ils sont très significatifs grâce à la chaleur ambiante et à mes arrosages.

Les bulbes de glaïeuls pointent leurs petits glaives (glaïeul vient du latin « gladiolus ») vers le ciel.


Cinquante plants de ratte ont sorti leur feuillage. Ceux du voisins sont déjà en fleur mais peut-être que voir l’état de sa salle de douche et de ses toilettes me consolerait.


les premières plantules de haricots verts sortent leurs cotylédons. Je vais pailler leur entourage afin d’éviter que, comme l’an dernier, les escargots et les limaces ne s’en repaissent.


Un miracle s’est produit : mes deux pieds d’artichauts que les fortes gelées dont nous avons souffert avaient selon moi totalement détruits sont repartis de plus belle et, bien qu’on ne les voie pas encore, plusieurs bourgeons sont en pleine croissance.




J’avais, en avril acheté des plants de courgettes et de tomates. Je les avais laissés dehors afin qu’ils profitent des pluies et qu’ils s’acclimatent. Hélas, je n’avais pas prévu que les escargots feraient un sort aux plants de courgettes, n’en laissant qu’un moignon de tige qui ne tarda pas à mourir. Ceux de tomates souffrirent des gelées et prirent une inquiétante teinte brune. Quand j’eus remplacé la serre à tomates achetée l’an dernier et que les tempêtes hivernales avait détruite, je leur donnai cependant leur chance en les plantant dans la nouvelle serre et très vite, elles reprirent du poil de la plante. Je leur offris la compagnie d’un pied de poivron qui ouvrit récemment sa première fleur. De nouveau plants de courgettes vinrent remplacer les plants défunts à l’extérieur, je les préservai des escargots par un paillage, et hier matin l’un d’eux vit éclore sa première fleur.

La promenade matinale, n’a pas pour but que de s’émerveiller sur les progrès des végétaux, elle est également l’occasion de récoltes, ou, plus exactement d’une récolte : celle des fraises. Si celle-ci avait un bon mois de retard sur celle de l’an dernier , elle se montra d’une abondance remarquable. S’il me fallut attendre le 2 juin pour manger mes premières fraises, la production alla ensuite croissante et plus d’une semaine durant se situa entre 400 et même plus de 500g par jour. Des quantité que j’aurais à moi seul été bien en peine de consommer je me suis donc vu contraint à en congeler. Plus de deux kilos de fraises attendront donc, dans le congélateur, que l’envie d’elles me reprenne. Voici mes récoltes des 13 et 14 juin, près d’un kilo en deux jours :

Le temps des fraises tire à sa fin. Viendra bien vite celui des courgettes des artichauts et des haricots verts que je récolterai petits, quand leur goût et leur tendreté les rend incomparables à ce que pourrait fournir le commerce. Pour tomates, rattes et poivrons, il faudra attendre mais le jardinage est une école de patience.

dimanche 13 juin 2021

Du risque populiste

 

A la fin d’une journée agréable passée en bonne compagnie, j’allumai hier soir mon poste de télévision. Sur C news, je découvris une émission où la jolie Eugénie Bastié et la sémillante Gabrillelle Cluzel interrogeaient M. Domnique Reynié sur son dada, à savoir le populisme et le(s) risque(s) (probablement mortels) qu’il représente. Ce professeur à Sciences Po, directeur général du cercle de réflexion (think tank, pour mes lecteurs franglophones) Fondapol, et en tête de la liste LR-UDI lors des régionales de 2015 en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées avant de voir son élection invalidée n’est, on le voit, pas n’importe qui. Comme disait l’ex-logeuse de ma première affectation professionnelle, c’est le genre d’homme qui « parle mieux qu’un lièvre mais qui ne court pas si vite ». Un sachant à qui on ne la fait pas. C’est donc avec piété que j’écoutai ses propos.

Pour résumer, en gros, le populisme c’est pas bien mais alors pas bien du tout. Pour être plus précis, le populisme a à sa tête des « entrepreneurs en démagogie (sic) » qui n’ont « pas idée de ce qu’il faut faire (resic) »ce qui mènera forcément à des catastrophes telles que la destruction du système démocratique qui est « moralement indépassable » suite à une « trahison de la volonté populaire » . Le populisme est donc une « pathologie politique »(sic, resic et sic de der!) issue d’une crise de la démocratie.

Mme Cluzel lui fit remarquer que, pour se voir détruit, le système démocratique n’avait pas eu besoin du populisme quand on faisait rentrer par la fenêtre parlementaire un traité qu’on avait mis à la porte par voie référendaire* et quand le parti qui recueille le plus de suffrages est ridiculement représenté au parlement. Sans en disconvenir, le brillant Reynié admit qu’une certaine crise existait mais que le système démocratique était quand même un truc vachement bien.

Sans me mettre en rage (je suis d’un naturel paisible) ces propos m’agacèrent un peu. Ne serait-ce que parce que ce sont les tenants de la gauche et de la droite dites « de gouvernement » qui stigmatisent du terme de « populistes »ceux qui ne partagent pas leurs opinions, principalement quand il s’agit d’immigration, d’identité ou de sécurité. De plus, l’électorat « populiste » est présenté comme un ramassis d’inconscients bernés par des démagogues aussi incompétents que malhonnêtes. Je m’en sens un rien insulté.

Il faudrait donc n’accorder ses faveurs qu’à des gens dont l’expertise et le talent nous ont amenés à cette situation de chaos (jusqu’ici à relativement bas bruit) qui a progressivement amené à l’émergence et à la croissance de cet haïssable populisme, l’ancienneté dans l’impéritie étant présentée comme un gage de compétence ! On ne change à aucun prix une équipe qui perd !

Plutôt que de réaliser que leur discours passe de moins en moins bien, MM. Reynié et consorts préfèrent continuer de défendre un système, selon eux, « moralement indépassable » mais économiquement et culturellement destructible comme nous pouvons chaque jour le constater et qui parvient de moins en moins à assurer la sérénité sociale qu’il est supposé garantir.

* La reformulation de ses propos est de votre serviteur.

mercredi 9 juin 2021

Le trousseau

 

Il y a quelques jours, j’ai regardé le film « L’entourloupe » avec Jacques Dutronc, Gérard Lanvin et surtout le génial Jean-Pierre Marielle dont le numéro de camelot baratineur justifie à lui seul la vision de ce film. Marielle y encadre une équipe de bras-cassés qui, dans le marais poitevin, tente de vendre à de pauvres paysans des encyclopédies médicales de luxe dont ils n’ont pas plus l’utilité que les moyens de les payer.

Cela m’a fait me souvenir d’un curieux épisodes de ma vie commerciale. Un jour un individu demanda à me voir. Je le reçus dans mon bureau et il me demanda si je faisais le trousseau. Je ne saisis pas bien où il voulait en venir. Il m’expliqua qu’il s’agissait d’un colis de linge de maison que la jeune mariée était censée apporter au ménage lors de son mariage. J’avais bien entendu parler de cette coutume mais nous étions au milieu des années quatre-vingts et je pensais qu’elle avait depuis belle lurette disparu. Il m’expliqua qu’il n’en était rien dans le fin fond des campagnes berrichonnes et que si je pouvais lui en fournir de beaux, il me les achèterais. Je lui assurai que lors de mon prochain voyage à Paris, je tenterais de trouver son bonheur. Rendez-vous pris après mon retour, je me rendis donc rue Sedaine, dans le XIe, Mecque du linge de maison.

Sans trop y croire, j’exposais à X (je ne me souviens plus de son nom), le vendeur de mon principal fournisseur, la curieuse requête qui m’avait été faite. Loin d’en être surpris, il me répondit qu’il n’y avait pas de problème, qu’il allait me préparer ça. Il se mit donc à rassembler divers articles (couvertures, draps, nappes, serviettes de bain et de table, gants de toilette, etc) susceptibles de répondre aux besoins en linge de maison d’un foyer. Seulement, ils constituaient un ensemble totalement hétéroclite par la couleur, la nature des tissus. Un bel ensemble d’articles dépareillés dont je n’aurais voulu d’aucun chez moi.


- Tu es sûr que ça peut convenir, lui demandais-je ?

- Pas de problème, il va être content ton gars !

- Et à combien tu me le fais ?

- Cinq-cents Francs.

- Et je le lui vends à combien ?

- 1000.

- Tu crois qu’il va accepter ce prix ?

- Bien sûr, il va le faire péter à 2 ou 3000. Bon, il faut que j’emballe tout ça. Se servant d’un fort papier kraft (on faisait décidément dans le luxe le plus effréné) il confectionna un volumineux colis qu’il ficela avant de m’expliquer qu’il fallait nouer la ficelle de telle façon qu’en tirant dessus cela permettait que se répandît sur la table de ferme, un flot de linge propre, par sa magnificence, à lever les dernières hésitations du potentiel client.

Je chargeai ledit colis et mes autre achats dans le camion et retournai à Châteauroux, toujours aussi sceptique quand au succès de cette transaction. Au jour et à l’heure dite mon client se présenta, parut pleinement satisfait et me régla les 1000 Francs rubis sur l’ongle. Quelques jours plus tard, je le vis revenir. J’étais un peu inquiet comme le jour où après avoir vendu un bon prix quelques centaines de paires de chaussures que je n’arrivais pas à vendre à un manouche, je vis son camion arriver sur le parking. Craignant qu’il ne vienne au renaud (m’exprimer vertement ses désillusions) je n’en menais pas large. Il n’en était rien. Enchanté de son lot, il était venu m’acheter le reste de mon stock.

Mon trousseautier était dans le même état d’esprit. Il me demanda de lui ramener au plus tôt 3 trousseaux. Ensuite, je ne le vis plus. Je suppose que le succès lui ayant donné des ailes, il avait décidé de se passer de mon intermédiaire…

Cela confirme que, si bien des espèces d’oiseaux se raréfient, le pigeon, quant à lui, ne risque pas de disparaître.