Le 2 juillet, j’exprimai ici même
la surprise que la rapidité de la vente de ma maison m’avait
occasionné. Lorsque je reçus le compromis afin d’y apposer ma
signature électronique, je constatai que mon acheteur était porteur
d’un nom assez exotique. Cela s’expliquait du fait que, bien que
militaire français et domicilié à Brive -la-Gaillarde, il était
né aux Comores. J’en fus légèrement intrigué, me demandant ce
qui pouvait attirer un Mahorais dans un village perdu du fin fond de
la Corrèze. Mais bon, l’important c’était que ma maison fût
vendue. De plus, la présence d’un jeune homme venu de Mayotte,
mettrait un peu de couleur dans un village dont la leucodermie
n’était aucunement tempérée par la présence d’importantes
« communautés » anglaise et néerlandaise. Je pensai
également au plaisir qu’aurait M. le maire de voir une maison
occupée à plein temps par un jeune couple susceptible de participer
à la régénération d’une population vieillissante.
Hier,
alors que je téléphonais au jardinier qui s’occupe de l’entretien
de mon terrain afin de lui demander de tondre la pelouse je connus
une nouvelle surprise. Je lui annonçai que ma maison, sauf problème
de financement, était vendue. Il s’étonna que la vente ait été
si rapide puis me demanda si mon acquéreur était quelqu’un du
pays. Je lui précisai son origine, et il m’apprit que déjà trois
maisons du village avaient été achetées par des Mahorais. Je
tombai un peu des nues, ne serait-ce que parce que j’ignorais la
présence d’une colonie d’originaires de Mayotte dans le secteur.
Une
recherche me permit d’élucider cet apparent mystère. Tapant
« Mahorais de Brive » sur Google, je découvris
l’existence d’un club de football nommé APCS Mahorais de Brive
(Association pour le Progrès Culturel et Sportif Mahorais de Brive
dont le but est de « développer la culture mahoraise au sein
du département de la Corrèze, faire connaître les tradition et
faire participer les jeunes mahorais aux manifestations sportives et
culturelles, notamment dans le football et lutter contre l’isolement
social »).
Certains
parleront de communautarisme. Ça se discute. La tendance des
minorités à se regrouper, à tenter de faire survivre leurs racines
dans un milieu différent me paraît naturelle. Mes parents, Bretons,
adhéraient à des associations bretonnes de Paris. Tout dépend d’où
on place le curseur. S’il s’agit de refuser son environnement au
profit d’un idéal originel largement fantasmé et de s’y
enfermer, le risque communautariste est évident. Si ce n’est
qu’une manière de se raccrocher à ses origines sans refuser pour
autant l’assimilation, pourquoi pas ?
L’éparpillement
d’une « communauté » dans la masse rurale est plus
propice à l’assimilation que sa concentration dans des ghettos où
le rejet de la culture majoritaire est le seul ciment de la
« diversité ».