Pour ceux qui s'interrogeraient sur la nature exacte de mes achats chez M. Bricomarché, une illustration
Bien entendu, ce déconfinement n’est
pour moi comme pour tous les Français que très partiel : les
cafés où je n’allais jamais demeurent fermés, les restaurants
que l’attente entre les plats et l’interdiction d’y fumer me
rendent difficilement supportables n’ont pas rouvert, les théâtres,
où l’on s’ennuie si bien, les cinéma, où le navet prospère,
les spectacles divers non plus, les matches de foot, de bilboquet ou
de rugby sont au point mort. Et, si cela n’avait aucune
conséquence dramatique pour personne je m’en foutrais à un point
que les adeptes de toutes ces sources de joies ne peuvent concevoir.
Vivant
en anachorète sans foi ni règle, le confinement ne m’a pas
particulièrement pesé. Sans pouvoir l’affirmer, il me semble même
que durant cette période d’isolement il m’est arrivé de sortir
plus qu’à l’accoutumée. Deux choses cependant m’ennuyaient :
avoir à me signer une autorisation de sortie et devoir faire mes
courses au plus près.
Le
déconfinement, pour moi, ce fut deux choses primordiales. Dès lundi
je suis allé me débarrasser de deux mois d’emballages divers dans
les bacs de tri. Hier, je suis sorti pour la première fois de ma
commune pour me rendre à Vire. J’ai ainsi pu constater que je
savais encore conduire !
Vire,
l’unique objet de mes désirs fous : revoir « mon »
Leclerc ! Revoir « mon » Bricomarché ! Que le
temps fut long sans eux ! Car, contrairement à bien des
Français je n’ai eu, n’ai ni n’aurai (sauf cas de force
majeure) aucune intention de changer quoi que ce soit à ma vie
d’avant. Libre à qui voudra de penser qu’un nouveau monde
d’après-Covid va émerger. Il émergera sans moi. Ce n’est pas
parce qu’on aura, quelques semaines durant, imposé des
modifications à mon style de vie qu’ensuite je vais me sentir
obligé de continuer de m’y tenir.
Donc,
hier, masque en poche, je pris le volant. Pas grand monde sur la
route. Vire étant toujours à la même place, j’y parvins sans
encombre et me rendis d’abord à Bricomarché car le changement de
mes poignées de porte à l’étage nécessitait l’achat de carrés
de 6mm et de fourreaux de 7mm pour adapter les poignées aux
serrures. Indispensables accessoires que j’aurais été en peine de
me procurer dans mon bled. Trouver l’entrée fut un peu difficile
mais sinon, mis à part le fait que les caissières étaient
bunkérisées rien n’avait changé et je fis vite mes emplettes,
retirai le masque que j’avais mis et mis le cap sur Leclerc.
Le
parking n’était pas bondé, loin de là. Pas de file d’attente
pour entrer. Parmi la clientèle clairsemée, beaucoup ne portaient
pas de masque. J’avais remis le mien, histoire d’embrumer mes
lunettes et de bien profiter des diverses gènes que cet accessoire
entraîne. C’est néanmoins avec plaisir que je parcourus les
rayons, chargeai mon caddie de victuailles et boissons variées,
débarrassant mon compte de nombre d’Euros qui l’encombraient et
rentrai.
Congélateur
et frigo s’en trouvèrent pleins à ras-bord, comme il convient. De
quoi tenir un bon mois. Pourtant, il est probable que je retournerai
à Vire avant, histoire de m’y procurer des matériaux, de combler
certains manques ou de pallier quelques oublis.
Mon
après-Covid ressemblera à s’y méprendre à son avant, toujours
aussi fascinant.