Vue la manière dont semble s’organiser
la mise à disposition de masques, j’ai dans un premier temps
cherché à m’en procurer sur le Net. Pour ce qui est de masques,
on ne peut pas dire que les offres manquent. On en trouve de toutes
sortes et destinations : contre le froid, la poussière ou avec
des palmes et un tuba, on a l’embarras du choix. Seulement, peu
sont adaptés au problème qui nous occupe. Il en est à des prix
élevés mais ils sont souvent en rupture de stock. Il y en a qui
seraient convenables sauf qu’ils ne seront livrés que fin mai ou
début juin.
Par
ailleurs, en admettant que certains commerces (pharmacies, bureaux de
tabac, marchands de sabots ou de vélos) en reçoivent vite et en
quantité, je fais entièrement confiance à certains de mes
contemporains pour se ruer dessus, en acheter partout et ainsi en
organiser la pénurie.
Une
menace plane donc sur leur disponibilité et ce serait d’autant
plus grave que la panique ambiante poussera probablement bien des
clients à exiger des commerçants qu’ils l’imposent à tous.
Donc, si je voulais un jour revoir mon cher centre Leclerc et son
choix de denrées*, il me fallait m’équiper.
Plutôt
que d’attendre que la petite fée bleue vienne m’en apporter je
décidai donc de me débrouiller seul. Les tutoriels expliquant la
manière de fabriquer son masque abondant sur le net, je décidai de
me mettre au travail. Il me fallait du tissus, du fil, une aiguille
et de l’élastique : J’avais tout cela. Pour le tissus, je
me résignai à sacrifier une taie d’oreiller dont le tissus de
coton me sembla approprié et j’y découpai de quoi fabriquer deux
masques en triple épaisseur. Du fil, des aiguilles j’en avais récupéré dans le
nécessaire de couture de ma défunte mère. Pour l’élastique,
j’en avais acheté il y a quelque temps. Restait à coudre tout ça
. Dire que ce fut l’affaire de quelques minutes et que mes points
furent parfaits serait inexact. Pour réaliser le premier, il me
fallut cinq heures en tout. Le deuxième m’en prit la moitié.
Me
voici donc l’heureux propriétaire de deux magnifiques masques (un
pour la semaine, un pour le dimanche) dont, à condition de respecter
les distances de sécurité, on ne verra pas l’irrégularité des
points. J’aurai donc l’aspect d’un citoyen responsable même
si, au fond de moi-même, je demeure très sceptique quant à
l’efficacité prophylactique de ce genre de dispositif. Hier, j’en
ai étrenné un pour me rendre à la supérette. Cela a confirmé mon
peu de goût pour la gêne qu’occasionne le port de tout masque et
qui fait que, même pour poncer ou pulvériser un quelconque produit
je n’en porte jamais. N’empêche que son port donne fière
allure :
Vous noterez l'air grave, voire sévère, du citoyen conscient du sérieux de la situation que traverse la France. |
*Reste
à savoir si ce sera possible car, si la Manche est un département
vert, Vire se trouve dans le Calvados qui lui est orange (au moins
pour l’instant). Pourra-t-on passer de l’un à l’autre en cas
de non-passage au vert ?