Tout a été fait pour qu’on n’en
sorte jamais ou très difficilement. Les effets conjugués des
chaînes d’information, des réseaux sociaux, du principe de
précaution et des progrès de la médecine ont fait monter le
trouillomètre à des niveaux stratosphériques. C’est ça le
jamais vu, l’inouï !
Venues
de Chine, on a eu des « grippettes » pas piquées des
hannetons en 1957 et en 1969. Je ne peux pas témoigner de l’impact
qu’elles eurent. Pourtant j’étais là. Pour la première,
j’étais bien jeune pour la deuxième j’avais d’autres
préoccupations car, si on n’est pas sérieux quand on a 17 ans, on
ne l’est pas forcément beaucoup plus à 19. Du coup, je n’en
garde aucun souvenir. Il faut dire qu’on ne m’a pas beaucoup
aidé : on n’a pas fermé les écoles ! Je m’en serais
aperçu : pour la première j’y étais, pour la seconde, je la
faisais. Je crois que ça m’aurait arrangé. J’étais assez
fainéant à ces époques…
Mais
tout était différent. Pas de Net, pas de chaînes d’info, une
population moindre (44 millions en 57, 50 en 69), plus jeune (plus de
baby-boomers qu’un curé ne saurait en bénir, espérance de vie
plus réduite), moins urbanisée, une médecine moins bien équipée,
des outils statistiques approximatifs… Les ingrédients de la
panique n’étaient pas bien en place. Les comparaisons ne sont pas
pertinentes.
Le
nombre de morts ne justifie aucunement la montée du trouillomètre.
Après tout, il meurt environ 12 000 personne de divers cancers
chaque mois. Et cela dans l’indifférence générale (les victimes
et leurs proches mis à part). Pas de Professeur Salomon pour venir
dire combien de cancéreux sont morts, guéris, diagnostiqués, en
réa. Pas d’applaudissement pour leurs soignants qui ne doivent
pourtant pas être à la fête tous les jours. Et 39 000 autres
personnes meurent chaque mois d’autre chose. Le nombre ne justifie
rien.
Seulement,
le cancer ou les affections cardiaques présentent l’avantage
certain de ne pas être contagieux. On peut se dire, parfois à tort,
que, grâce à une stricte hygiène de vie, ils nous épargneront.
C’est la contagion qui fait peur. Car là, tout le monde se sent
menacé. Plus on la décrit virulente, frappant aveuglément toutes
les générations, plus la psychose monte. Et c’est ce que font les
media, repris et souvent déformés par les réseaux sociaux. Sans
le battage médiatique, la pandémie pourrait passer quasi-inaperçue
comme ce fut le cas des précédentes. Seulement, le mal est fait et
la panique est là.
Comment
s’en guérir ? La pandémie viendrait-elle à disparaître
d’elle même (c’est l’hypothèse qu’esquissait le Pr
Montagnier ce matin chez Pascal Praud) que la peur d’un rebond
pourrait fort bien subsister. On parle d’un déconfinement
progressif qui pourrait se poursuivre jusqu’à fin 2020. On
enfermerait les plus de 70 ans sine die, pour leur bien. Les obèses,
les asthmatiques, les cardiaques et autres populations à risques
connaîtraient le même sort. Pour les autres : masques et tests
obligatoires. Comme si ces précautions, en admettant qu’on ait les
moyens de les prendre, étaient des armes absolues !
Comment
s’imaginer qu’après des mois et des mois de gestes barrières,
de masques et de tests les gens pourront d’un coup croiser des gens
dans la rue sans faire un pas de côté, s’asseoir à une terrasse
de bistro, dans un théâtre, dans un stade, prendre un métro ou un
bus à côté de quelqu’un qui tousse en toute tranquillité ?
La
psychose sera probablement plus difficile à éradiquer que la
maladie et pourrait repartir de plus belle au moindre pet de travers.
Plus que le Covid-19, elle aura
mis en danger nos sociétés occidentales et démontré clairement
leur grande fragilité. On n’est vraiment pas sortis de l’auberge !