..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 14 avril 2020

Dieu qu’il est chiant !


J’ai regardé et plus ou moins écouté notre cher président hier soir. Je n’en attendais pas grand-chose et je dois dire qu’à cet égard je n’ai pas été déçu. Une courte et nette allocution eut été souhaitable et qu’avons nous eu ? Un interminable filet d’eau tiède, des portes ouvertes enfoncées de haute lutte, des plaidoyers pro domo, une annonce claire et beaucoup de flou. J’ai eu une pensée émue pour la pauvre Brigitte ! Nous, on s’en tape une petite demie-heure de-ci-de-là et encore si on veut bien mais elle, depuis des années c’est tous les jours ! Pas étonnant que le confinement à l’Élysée lui pèse !

On se reprend donc quatre semaines de confinement. C’est là l’essentiel. Après le 11 mai, les plus fragiles d’entre nous feront du rab, les autres seront astreints au port du masque. Probablement que d’ici là tout aura changé. Ou pas. Aura-t-on trouvé, un vaccin, un traitement ? Les masques seront-ils devenus une protection infaillible ? Disposerons-nous de tests fiables ? Ne fait-on que reculer pour mieux sauter ? Démarche inutile, vu qu’il faudra bien sauter un jour  !

Il me semble que l’on ne souligne pas suffisamment un des succès les plus éclatants de l’affaire Covid-19 : celle d’avoir communiqué une sainte trouille aux populations. Avec pour conséquences, entre autres, une paranoïa inouïe, une irrésolution générale, un désir irrationnel de précautions inefficaces voire totalement inutiles, la circulation de rumeurs chiffrées d’un alarmisme irraisonné.

Face à une population atteinte de folie, que voulez-vous que les gouvernements, quels qu’ils soient fassent sinon entrer dans son jeu ? Comme chacun sait, il est dangereux de contrarier les fous-furieux… Alors, on leur dit des conneries, dans l’espoir, probablement illusoire, de les calmer. On leur parle de mettre en quarantaine les contaminés (en oubliant qu’en revenant d’un test négatif on peut se faire contaminer). On évoque la possibilité d’un tracking (sauf que tout le monde n’a pas de smartphone et que si on a mis les contaminés déclarés en quarantaine, on ne voit pas pourquoi ils se promèneraient). Bref, on dit un peu n’importe quoi… On est l’homme de la situation : le président que mérite un peuple déboussolé.

Cela dit et comme en France, tout est censé se terminer par des chansons, vu que je n’ai aucune envie de porter un masque dont l’efficacité me paraît très relative, je vais laisser un grand artiste vous exprimer ce dont je préférerais m’équiper. Je sais, ça ne servirait absolument à rien, mais c’est plus guilleret :



lundi 13 avril 2020

Et après ?


Ce soir notre vénéré président (que Dieu l’ait en sa sainte garde!), va causer dans le poste. Comme tous les bons Français , je m’en fais une joie. Car s’il y a une chose à laquelle ce grand homme excelle, c’est bien ces sympathiques petites causeries. Il est probable qu’à cette occasion il évoquera la crise du Covid-19. Il se pourrait même qu’il envisage, sans donner de date précise bien entendu, l’éventuelle possibilité d’un commencement de déconfinement plus ou moins partiel ou sa prolongation jusqu’à la saint Glinglin ou un peu avant bien qu’il ne soit pas totalement inconcevable que ce soit après. On y verra donc bien plus clair comme après toutes ses magistrales interventions.

En attendant, on se perd en conjectures. Pourra-t-on sortir davantage à condition d’être équipés de ces masques que l’on n’a pas ? Seuls ceux qui ont fabriqué des anti-corps seront-ils autorisés à sortir après avoir été testés( comment, avec quels tests ? Mystère !) ? Amorcera-t-on un déconfinement dans les zones les moins atteintes (ou les plus atteintes) ? Devrait-on maintenir seulement les personnes les plus fragiles à l’isolement ? Sur quels critères les sélectionnerait-on ? l’âge (lequel ? Si on confine les plus de 70 ans jusqu’à la fin de l’année, je serai libre de sortir jusqu’au 28 septembre puis devrai me confiner à nouveau) ? L’état de santé (sur quels critères, suite à quel certificat médical?) ?

Quoi qu’il en soit, il faudra bien, un jour ou l’autre, une semaine ou l’autre, un mois ou l’autre, une année ou l’autre, que se termine le confinement. Plus il aura duré, plus sa fin sera délicate. En effet, avec le temps s’installent les routines. Si applaudir et taper sur des casseroles est extrêmement utile, gentil et agréable d’un balcon, continuera-t-on à le faire dans la rue ? Le professeur Salomon est devenu un compagnon incontournable de nos soirées télévisuelles avec ses chiffres d’entrées, de sorties de l’hôpital ou de la réanimation, de cas avérés et de décès du jour. Saurons-nous nous en passer ? Faudra-t-il organiser un sevrage progressif ? Sera-t-il supportable d’entendre parler d’autre chose que de masques, de tests, de gestes barrières ? Les plus zélés partisans de l’isolement le prolongeront-ils ? Continueront-ils de dénoncer à la police leurs voisins qui sortent trop à leur goût ? Osera-t-on sortir de chez soi sans un papier en expliquant le motif ou faudra-t-il organiser une campagne d’information ? La farine, les pâtes et le papier hygiénique constitueront-ils l’essentiel des rayonnages de nos grands distributeurs ? Combien d’auteurs en vue publieront leur journal de déconfinement ? Ce sera un moment très compliqué à vivre, surtout au milieu des ruines de notre économie.

Petit supplément gratuit :

Afin de vous désennuyer je vous offre ce tableau extrait d’un article du Figaro (en lien) montrant que la grippe de 2016/2017 avait fait autant de mort qu’on nous a annoncé de victimes du Covid-19 hier (EHPAD inclus). Avec un pic d’environ 400 par jour les semaines 5 et 6. Celle de 2014/2015 fut également remarquable. Qui aujourd’hui se souvient d’elles ?



samedi 11 avril 2020

Voisinage (2)



Avertissement : J’ai tenté de relater cet épisode lamentable sur un ton badin. Seulement, il n’a rien de plaisant. Il est même navrant de constater que l’on vit au milieu de gens de cette sorte, que l’on n’y peut rien, que la misère matérielle et morale continue d’exister et que si elle allait s’installer un peu plus loin de chez moi ça ne l’effacerait pas pour autant.

A l’automne dernier, un charmant jeune homme est venu remplacer le vieux trumeau et son ex-taulard d’amant dans une maison voisine. De mon jardin, je pus vite constater que ce que je perdais en querelles de tourtereaux débiles et conversations ineptes était largement compensé par de nouvelles nuisances : en effet, mon nouveau voisin, s’il vivait seul hors des visites du jeune enfant que je supposai être son fils, était de ces amateurs de Rap qui ne rechignent pas à faire partager leurs goûts musicaux au voisinage. Vue sa présence constante, il semblait ne pas être assujetti à cette malédiction divine qu’est le travail. Heureux propriétaire de deux voiturettes sans permis, il quittait fréquemment son domicile dans de bruyantes pétarades pour y revenir bien vite avant de partir à nouveau. Sinon, il s’occupait dans le jardin à écouter ses airs préférés en sirotant une bière. Bref, un cassos avait chassé l’autre.

L’actuel confinement ne semble pas avoir beaucoup changé ses habitudes. Il continue de se rendre je-ne-sais-où pour en revenir bien vite. J’en conclus qu’il doit se ruiner en attestations de déplacement dérogatoires vu qu’il en est aujourd’hui, à seulement dix heures, à son troisième ou quatrième aller-retour. Il semble que le petit garçon ne vienne plus. Ses jouets verdissent toujours, épars, dans la cour. Ses cris ont été remplacés par les gémissement d’un chien molossoïde suppliant qu’on le laisse entrer. La nature a repris ses droits dans ce qui fut naguère un jardin soigné, maintenant jonché d’objets hétéroclites . Tout va donc bien. Ou plutôt allait bien jusqu’à avant-hier soir.

Dans la soirée, tandis que je désherbais mes carrés de fraises j’entendis une voix masculine s’enquérir de la dangerosité puis du nom du chien. Il y avait donc au moins un visiteur. Comment mieux lutter contre la solitude qu’impose le confinement qu’en recevant des amis ? Toutefois, plus tard dans la soirée, j’entendis des éclats de voix. Quoi de plus naturel au fond ? Au fil des heures, les packs de bière se succèdent, un mot entraîne l’autre, le ton monte… On ne peut pas être tous d’accord sur le traitement du professeur Raoult ou sur certains points de la philosophie kantienne… Nous ne vivons pas dans un monde idéal. Cependant, certains bruits fracassants de vaisselle brisée et de meubles déplacés sans ménagement, commencèrent à m’inquiéter sur l’issue du débat en cours.

Je mis le nez dehors et vis une porte s’ouvrir et quatre hommes sortir sur le trottoir. L’un deux s’écroula tandis qu’un autre, visiblement irrité  se mit en devoir de faire valoir son point de vue à grands coups de pieds dans le corps de l’homme à terre, criant qu’il allait « le finir » Les deux autres tentaient de calmer le jeu, priant « Momo » d’arrêter. Je décidai prudemment de fermer ma porte et montai à l’étage, d’où j’assistai à la fin de la dispute. Ses compagnons ayant regagné une voiture garée de l’autre côté de la rue, le dénommé Momo, abandonnant son projet de finalisation, les y rejoignit non sans avoir au préalable brisé une glace d’un des voiturettes d’un coup de poing rageur. La voiture s’éloigna tandis que mon voisin se relevait et rentrait à la maison.

Le voisin d’en face, qui avait assisté à la scène en attribua l’origine à la boisson, ayant vu plus tôt un des hommes, ne tenant plus bien sur ses jambes sortir pour soulager sa vessie sur l’une des voiturettes. Je redescendis et allai me promener un peu sur le net. J’entendis de nouveau des bruits de bris divers. Il semblait que le voisin, perfectionniste, ait voulu parachever les destructions. Puis tout se calma.


vendredi 10 avril 2020

Poulet et pommes de terre rôtis



Mais qu’est-il arrivé à cette pauvre bête ? Victime d’une forme particulièrement aiguë du Covid-19 ? D’un grave accident de la route ? Vous titrez « Poulet et pommes de terre rôtis » mais où sont les pommes de terre en question ? Eh bien figurez vous que l’accompagnement de la bête, je l’ai dévoré comme une bonne partie du poulet. Parce qu’ils étaient excellents et que je suis gourmand.

Si depuis des décennies je cuisine ce genre de plat rôti, je dois dire que cette fois-ci suite à quelques modifications je suis parvenu à un résultat vraiment remarquable. Ma générosité légendaire et mon non moins remarquable sens du partage me le dictent : en voici la recette.

Procurez vous par achat, vol ou élevage, un poulet de qualité, genre fermier (on le reconnaît à ses bottes Baudou), ayant, si possible, obtenu grâce à ses mérites le Label Rouge. Pelez les pommes de terre et coupez les en deux ou quatre selon leur grosseur. Dans un plat allant au four disposez le poulet ainsi que les patates. Salez, saupoudrez de piment d’Espelette moulu. Introduisez deux ou trois feuilles de laurier et autant de branches de thym frais à l’intérieur du poulet. Déposez sans lésiner du saindoux sur la volaille et son accompagnement. Introduisez votre plat dans un four à chaleur tournante pré-chauffé à 180°. Ensuite, toutes les 20 minutes, arrosez avec la graisse de cuisson votre poulet et les patates que vous retournerez également afin qu’elles dorent régulièrement et d’éviter qu’elles n’attachent. Après une heure et demie, le poulet est prêt, succulent, parfumé, tendre et moelleux comme ses compagnes de cuisson. Bon appétit !

mercredi 8 avril 2020

Une optimiste !


Ce matin, quand je me suis réveillé, j’ai vu qu’il s’apprêtait à faire jour. Je ne fis ni une ni deux pour me lever car j’étais bien décidé à me rendre au cabinet de soins infirmiers afin qu’on m’y fasse une prise de sang histoire de voir si, après avoir cessé de prendre le médicament contre l’hyperthyroïdie et celui qui était censé l’avoir provoquée, mes TSH, T4 libres et d’autres bestioles de ce genre étaient revenues à de meilleurs sentiments.

Je dus me hâter car ma montre indiquait 7 heures 35 et que la permanence des infirmières prenait fin à 8 heures. Encore à moitié dans le coaltar, je parvins cependant à m’habiller, à retrouver mon ordonnance, à remplir l’attestation et d’un coup de voiture à me retrouver au cabinet à 7 h 50. Je fus un peu surpris de voir que le bureau d’accueil était vide alors que d’ordinaire tous les sièges y sont occupés jusqu’à 8 h et plus. Une personne était cependant dans le cabinet de l’infirmière. J’attendis donc un peu et échangeai quelques mots avec la secrétaire.

Conversation intéressante ! La bonne dame (j’allais dire brave, mais son discours m’indiqua que sa bravitude était en bien piètre état) me tint des propos qui donnaient à ceux que nous tiennent les plus alarmistes commentateurs médiatiques l’impression de refléter un optimisme exagéré. Selon elle, il suffisait qu’un membre d’un foyer soit contaminé pour que tous ses membres se retrouvent illico-presto en réanimation. Je lui exprimai mon scepticisme quant à ses affirmations. Elle me répliqua que ce qu’elle disait était basée sur des observations locales, des cas réels et non sur ce qu’on disait à la télé. Qu’elle s’empressa de me dire ne pas regarder. J’en restai pantois.

Car, si on en croit la carte en temps réel de la progression de l’épidémie, il n’y avait au 7 avril dans l’ensemble du département de la Manche que 66 personnes hospitalisées dont 23 en réanimation et qu’on n’y déplorait depuis le début de la crise que 17 morts. Le département comptant 500 000 habitants, ces chiffres sont tout de même très faibles. A croire que l’essentiel des intubés venait de Sourdeval ou de son canton qui seraient un mini-cluster départemental. Ce qui serait étonnant vu le faible peuplement et la faible densité de notre coin du Sud-Manche. J’eus beau lui dire que la plupart des diagnostiqués positifs n’étaient pas hospitalisés, que moins d’un tiers de ces derniers étaient en réa, rien n’y fit : c’était ce que racontait la télé qu’elle n’écoutait pas, point barre.

J’avoue qu’une telle réaction me laisse songeur, moi qui pensais que la cause essentielle des frayeurs qui parcourent notre beau pays était le battage médiatique autour de l’épidémie. Et puis je me suis souvenu que lors de ma précédente visite, le 27 février, cette même personne m’avait annoncé qu’un cas de Covid-19 avait été diagnostiqué à Vire. Renseignements pris, il s’agissait seulement d’une employée de la poste qui, ayant passé des vacances en Italie, s’était vue prescrire une période d’isolement. Ainsi, pour certains, un isolement devient cas, un infecté et tous ses proches se transforment en quasi-mourants. Pas étonnant que le cabinet soit moins fréquenté !

Ça me rappelle une expérience que je fis, adolescent : un camarade de lycée m’annonça être passé devant chez moi la veille. Ma fantaisie me dicta de lui demander s’il avait vu l’accident. Bien sûr, qu’il l’avait vu ! Il fut même en mesure de me fournir des détails précis sur cet événement totalement imaginaire…

Nous sommes dans un pays cartésien, tout le monde le sait. Il me semble cependant qu’en matière de rationalité certains ont encore de menus progrès à accomplir.