Je
dédie cette ironique fable à tous ceux qui, avec ardeur, véhémence
et constante rage, fustigent un régime actuel, qui, s’il ne
recueille nullement mon soutien, ne fait, à mes yeux que s’inscrire
dans la continuité mortifère de l’évolution de notre pays et
plus généralement de la civilisation occidentale.
Il
était une fois un pays où tout baignait dans l’huile : les
chômeurs y chômaient en masse, les migrant y immigraient en nombre,
les pauvres y étaient miséreux, les riches économiquement très à
leur aise, les classes moyennes pour exprimer leur bonheur citaient,
les larmes aux yeux, l’ode 7 du livre 3 des Odes d’Horace, les
syndicats n’y représentaient qu’eux mêmes avec un communisme
louable, des poignées de grévistes y installaient avec régularité
la paralysie, de jolies émeutes y venaient animer les rues des
villes et banlieues et les media dénonçaient à un public avide
d’émotions un scandale par semaine. Tout était réuni pour que
la seule chose à y redouter soit une fatale overdose de félicité.
Son
bonheur général n’était en rien l’oeuvre du hasard. Depuis des
décennies, des gouvernements sages et habiles, grâce à leurs
efforts incessants que le succès ne pouvait que venir couronner
étaient parvenus pierre à pierre a bâtir une forteresse heureuse
dont les murs abritaient les citoyens des tumultes et catastrophes
agitant ou dévastant le reste du monde. Cet oasis fortifiée, ce
havre de paix et d’harmonie, ce modèle dont le monde tentait en
vain d’imiter le modèle avait nom « Doulce France ».
Était-ce
trop beau pour durer ? Tant de succès suscitèrent-ils l’ire
et la jalousie des dieux ? Toujours est-il qu’un jour de mai
2017, aussi inattendue qu’orage en ciel d’azur, une catastrophe
inouïe vint tout détruire. A partir de ce jour, les chômeurs y
apparurent en nombre, l’immigration devint de masse, les miséreux
devinrent pauvres, les ploutocrates s’enrichirent de manière
éhontée, l’optimisme des classes moyennes se maintint, les étique
syndicats basculèrent dans le bolchevisme, des grévistes ultra
minoritaires se mirent à paralyser le pays pour un oui ou pour un
nom, d’horribles émeutes vinrent ravager villes et banlieues et
les media se mirent à fustiger scandale sur scandale. On y vécut
désormais dans l’espoir qu’une mort salvatrice viendrait mettre
fin aux afflictions.
Pourquoi
ces atroces bouleversements ? La réponse est aisée. Un être
maléfique doté par le démon de pouvoirs formidables vint par noire
magie, en un temps record, ruiner le merveilleux édifice patiemment
construit par ses talentueux prédécesseurs. Le peuple que plus rien
n’abritait se trouva en butte aux tourments et infortunes que la
prudence de ses éclairés gouvernants avait su jusque là lui
épargner. Ce cauchemar éveillé, devenu la risée du monde, prit
pour nom « Pauvre France ! ».
Je
répugne à nommer le responsable de tout cela.