Hier matin, je fus à Vire pour des
courses. Il se trouve que ma rue fait, depuis quelques jours déjà
l’objet de travaux de terrassement qui la mettent en circulation
alternée et qui y prohibent
le stationnement. Il s’agirait, selon le chef de chantier auprès
duquel je fus m’enquérir, de raccorder les maisons d’en face à
la nouvelle conduite qui se trouve de notre côté. Ça ne m’a pas
tout à fait convaincu. Pour moi, ces travaux n’ont pour but que de
nuire à ma qualité de vie tout en faisant croire au contribuable
que son argent est utilisé utilement. Le fait que très rapidement
ils entreprennent de reboucher les trous prouve
leur totale inutilité.
Je
m’arrangeai donc pour revenir de chez
M. Leclerc passé midi de manière à pouvoir décharger mes
emplettes sans risquer de me trouver coincé devant chez moi, comme hier, par un
des ces gros engins dont ils se servent pour nous casser les
oreilles. Mes courses rentrées, je pris la sage décision d’aller
garer ma voiture sur la place voisine. Sortant dudit véhicule
une chose incroyable se produisit. Un
homme d’un certain âge s’approcha de moi, me salua en me tendant une main,
que, ne voyant quoi faire d’autre, je serrai. Un autre s’approcha
et en fit autant avant de dire: « Bon,
faut qu’on y aille !».
J’en restai comme deux ronds de flan. Il s’agissait probablement
d’une méprise sur la personne mais voir deux Normands non
seulement me saluer mais me serrer la main avait
quelque chose d’inédit.
Troublé
par cette étrange aventure, je pris néanmoins d’une démarche
alerte la direction de ma maison à quelques pas de là. Ayant
traversé la route, et atteignant le trottoir, je ne vis pas un de
ces boudins remplis de sable à l’aide desquels les gredins
fouisseurs du BTP empêchent que leurs panneaux d’interdiction de
stationner ne soient emportés par les bourrasques automnales.
S’ensuivit, vu mon pas décidé, un vol plané qui se termina par
un atterrissage un peu rugueux sur le macadam du trottoir. Je me relevai sans problème tandis qu’un
automobiliste ayant vu la scène
se précipita vers moi pour s’enquérir de mon état à plusieurs
reprises. Je le rassurai. Tout allait bien.
Je
venais de faire une intéressante découverte : sans m’en
douter, j’étais doué pour les cascades ! A part une douleur
costale tout à fait supportable* et
un léger saignement à la main droite, j’étais indemne. Tout ça
sans entraînement ! Rentré chez moi, je me pris à rêver que
j’étais peut-être passé à côté de ma vocation : celle de
roi de la cascade, j’aurais pu devenir l’Inspecteur Derrick, le
Horst Tappert français ! Mais il est un peu tard pour m’y
mettre sérieusement, hélas...
* Je dois admettre que cette douleur costale, une fois couché, s'aggrava et que j'eus bien du mal à trouver une position qui la fît disparaître, d'où mauvaise nuit. Mais qu'importe, en trois semaines, une côte fêlée, ça s'arrange...
* Je dois admettre que cette douleur costale, une fois couché, s'aggrava et que j'eus bien du mal à trouver une position qui la fît disparaître, d'où mauvaise nuit. Mais qu'importe, en trois semaines, une côte fêlée, ça s'arrange...