..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 9 décembre 2019

L’engueulade familiale



Je ne suis, n ‘ai jamais été, et il y a de moins en moins de chances pour que je devienne un jour ce que l’on appelle un sportif.Toutefois, il est un sport que je pratique parfois et dont je m’étonne qu’il ne soit pas une discipline olympique vu son nombre d’adeptes : l’engueulade en famille. Il faut dire qu’il existe diverses explications à la raréfaction des occasion que j’ai de jouir de cette innocente distraction familiale. Le décès de mes parents en est une. Ma mère nous ayant quitté, selon elle, pour un monde meilleur il y a trente cinq ans, les réunions familiales se firent plus rares et sans l’ardeur qu’elle mettait à y faire monter le ton, elles avaient beaucoup perdu de leur vigueur. Malgré les efforts méritoires de mon frère aîné pour provoquer l’ire de mon père, ce n’était plus ça. Ce qui a le plus nui à ma pratique est ma tendance de plus en plus marquée à éviter toute réunion familiale. Depuis la mort de mon père, avec qui j’avais fini par m’entendre très bien, plus question d’assister au moindre mariage, baptême, communion ou funérailles. Au début, on insistait pour que j’y assiste et puis, avec le temps on a compris et si on m’invite encore, c’est uniquement pour la forme.

En dehors de quelques neveux et nièces que je n’ai jamais beaucoup fréquentés et des nombreux cousins que je ne vois plus depuis des décennies parce que, la vie, c’est comme ça, j’ai pour toute famille deux frères et une fille. Vu que j’adore cette dernière et que nous nous entendons à merveille, les chances de disputes sont inexistantes. Lors des rares rencontres avec mon plus jeune frère, nous évitons les rares sujets qui fâchent et tout se passe bien. Il ne me reste donc, pour m’adonner à l’engueulade familiale, que mon frère aîné.

Et avec lui, je ne suis jamais déçu. Il se trouve qu’ayant fait de mauvaises rencontres dans sa jeunesse et qu’étant de nature fidèle, il est de gauche. Pas d’une gauche modérée, limite centriste, non, d’une gauche radicale tendance écolo. Ce que M. Le Pen appelait une pastèque : vert à l’extérieur et bien rouge en dedans. Ce qui a pour conséquence que la plupart des sujets sont, vues nos positions respectives, susceptibles de fâcher. C’est pourquoi, il est très rare que nos rencontres, après un début paisible, ne tournent à l’affrontement verbal. C’est un peu comme sur un terrain miné : où qu’on pose le pied, l’explosion menace et comme en l’occurrence le terrain est densément miné, il faut une chance extraordinaire pour le traverser sans encombre.

Ces anicroches ne parviennent pas réellement à entamer ma bonne humeur. Bien sûr, les voix montent, les remarques peu amènes pleuvent, mais je vois davantage cela comme les étapes obligées d’un rite. Vu que les points de vue sont totalement irréconciliables et qu’aucun des participants ne risque de convertir l’autre, il ne peut y avoir ni gagnant ni perdant dans ce qui, au fond, n’est qu’un jeu sans véritable enjeu.

Bien sûr, on pourrait se dire que l’harmonie serait préférable. Mais autant regretter qu’il y ait tant d’arêtes dans le bar et si peu de soleil en Normandie...

dimanche 1 décembre 2019

Hachis Parmentier


Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, je l’ai déjà dit, on se mitonne un pot au feu. Y’a pas à revenir là-dessus. Seulement, et quel que soit le plaisir qu’on en tire, on ne peut pas passer sa vie à en manger. Comme disait Houdard de la Motte (ou Émile Louis, je confonds toujours les deux) : « L’ennui naquit un jour de l’uniformité ». Que faire du reste de bouilli se demande le béotien tandis que l’homme de culture a la réponse : on fait un hachis parmentier.

C’est donc ce que j’entrepris en ce dimanche matin frisquet où le vent s’acharne à hurler dans les câbles. A l’aide de mon hachoir ancien cri, je hachai donc le bouilli ainsi qu’un gros oignon coupé en quatre :



Pendant ce temps, cuisaient des pommes de terre. Celles-ci cuites, à l’aide de mon presse purée à manivelle (toujours à la pointe du conservatisme!), je les écrasai.


A cette purée j’ajoutai du lait, du beurre et un œuf. On peut y ajouter des dizaines d’autres ingrédients si on tient absolument à se compliquer la vie et obtenir un résultat déplorable. Ensuite, sur une première couche de purée, on étale son hachis que l’on recouvre de purée puis on saupoudre le tout de parmesan, emmental râpé ou de chocolat (pour les malades mentaux).


Dans un four préchauffé à 180°, on place le plat pendant un quart d’heure avant de
faire gratiner le fromage cinq à dix minutes. On en sort ceci :


On s’en sert une part, on se régale et se rit du climat. Simple comme une réforme du français !

vendredi 29 novembre 2019

Vers une vraie réforme.


L’époque est venue où, secouant l’intolérable joug du patriarcat, les femmes peuvent enfin échapper à la domination masculine et ceci grâce à l’infatigable combat des militantes féministes. Dans bien des domaines des victoires éclatantes ont été remportées. Il reste pourtant beaucoup à faire et certaines réformes, si elles offrent une place à la féminisation n’en sont pas moins timides, incomplètes et pour tout dire ne font que perpétuer la domination masculine. J’en veux pour exemple l’écriture inclusive. Je m’étonne que personne ne semble avoir été choqué par ce fait : quand on écrit : « Les éboueur.e.s et les grutier.e.s sont en général.e satisfait.e.s de leur.e sort.e », le e censé représenter la forme féminine du mot arrive APRÈS la forme masculine ce qui laisse, c’est évident, penser que les grutières sont en position d’infériorité par rapport aux grutiers. C’est proprement intolérable !


Seulement existe-t-il une autre solution ? Je pense que oui. Les langues romanes ont pour origine principale la langue latine où existaient trois genres : féminin, masculin et neutre. L’évolution a fait que le neutre a disparu. Notons au passage que suivant les langues le neutre a pu laisser place au masculin ou au féminin. Ainsi en espagnol dit on « el flor » et « el mar » tandis que nous parlons de la mer ou de la fleur. La forme masculine prit le rôle de terme générique ce qui fait que quand je dis que l’homme est un être vraiment mignon cette qualité s’applique également à la femme. Parfois ce rôle est tenu par le féminin ainsi une souris ou une araignée peuvent être mâles. Une estafette ou une sentinelle, avant la féminisation des armées étaient des hommes. Par ailleurs, en dehors de l’opposition homme/femme, il existe des espèces animales ou mâle et femelle sont nommés différemment : coq/poule, sanglier/laie, lièvre/hase, bélier/brebis, etc. Quelle pagaille ! C’est pour remettre de l’ordre à tout ça que m’est venue une idée toute simple et de nature à réparer les injustes brimades faites aux femmes  : donner à tous les noms communs ou propres ainsi qu’à tous les autres mots une seule et même forme, les rendre épicènes. Il va de soi que leur donner la forme masculine serait inconcevable et,en l’absence de neutre, il ne reste qu’une alternative : la forme féminine.

Ainsi, quel que soit leur sexe ou leur genre, tous les anciens humains deviendraient des femmes et tous les moutons des brebis. On pourrait, en cas d’ambiguïté préciser qu’on parle d’une poule masculine ou d’une souris féminine. Par l’adjonction d’un e (quand ils n’ont pas de forme féminine) tous les autres mots (pronoms, adverbes, conjonctions, verbes, etc) seraient également féminisés.

Exemple : Incipit du Voyage au bout de la nuit (Voyage à la boute de la nuite)

Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les œufs à la coque ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien.

Ça a débutée comme ça. Moie, j’avaise jamaise rienne dite. Rienne. C’este Arthure Ganate quie m’a faite parlère. Arthure, une étudiante, une carabine elle aussie, une camarade. One se rencontre donque place Clichie. C’était après la déjeunère. Elle veut me parlère. Je l’écoute. « Restonse passe dehorse, qu’elle me dite. Rentronnes ! »Je rentre avec elle. Voilà. « Cette terrasse, qu’elle commence, c’este poure les œuves à la coque ! Viennes pare icie ! » Alorse one remarque encore qu’elle n’ye avaite personne danse les rues, à cause de la chaleure ; passe de voitures, rienne.

Simple comme toutes les grandes idées, non ?

mercredi 27 novembre 2019

A l’infortune du pot (au feu)

Le résultat, après 3 heures de cuisson (30 mn seulement pour les patates). Les poireaux cachent leur honte sous patates et carottes. Ce fut néanmoins excellent.

Quel bonheur ! Faisant l’inventaire de mon congélateur, j’y découvris du plat de côte acheté cet été. Car il faut l’avouer, je suis de ceux qui font leurs courses sans idées préconçues. En dehors des incontournables (sel, beurre, crème, sucre, café, rosé, whisky, vodka, etc.) dont je manque, je fais mon (super) marché à l’ancienne, achetant ce qui m’attire et qui se trouve en promotion. Si le poisson a l’œil d’un Gainsbourg au petit matin, je m’en passe. Si la viande est à un prix réduit pour cause de date courte, j’achète : ça m’évite d’avoir à la laisser mûrir dans le frigo. Tout cela est bel et bon mais a parfois pour conséquence que je me retrouve avec un congélateur rempli de manière à me permettre de soutenir un fort improbable siège.

Du plat de côte, donc, je découvris. Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle sur l’esprit gémissant en proie au longs ennuis et que, pour arranger le tout, souffle un vent à décorner les cocus, quoi de plus consolant que de se préparer un bon pot-au-feu ? Rien, bien sûr. La viande sortie hier soir avait dégelé, j’avais fait l’emplette de navets, oignons et patates chez le bon monsieur Leclerc. Pour le bouquet garni et les poireaux, je comptais sur mon jardin. J’arrachai donc quelques poireaux à une terre que j’espérais généreuse. Grande fut ma désillusion quand vint le temps de l’épluchage ! Mes poireaux, déjà bien frêles par rapport à ceux du commerce, avaient été victimes d’attaques du ver du poireau et une fois que j’eus éliminé les feuilles abîmées, il n’en resta plus grand-chose. Je fis contre mauvaise fortune bon cœur et en ajoutai de nouveaux. Telle est la rançon d’un potager sans engrais ni traitement : des légumes parfois malingres souvent attaqués par nombre de prédateurs (piéride du choux, vers du pois ou du poireau, mulots, cloportes, pour n’en citer que quelques uns). Même si votre récolte est gravement réduite voire totalement détruite, est-ce bien grave ? Non, car, une fois vos pleurs séchés et votre deuil fait, il existe un plan B : acheter des légumes sains dont commerces alimentaires et étals de marchés regorgent. Et pourquoi cela ? Parce que les producteurs, bio ou pas, traitent les leurs. Le traitement est plus ou moins nocif, l’engrais est plus ou moins « naturel » mais sans l’un et l’autre point de beaux légumes en abondance.

Contrairement à ce que pensent certains citadins pour qui faire la différence entre une fourche-bêche et un cacatoès d’Indonésie pose problème, la nature n’est, je me tue à le répéter, ni bonne ni généreuse. Les temps heureux où l’on ignorait tout des traitements et où les apports nutritionnels à la terre étaient réduits étaient aussi ceux des disettes et des famines. Laisser, comme je le fais, faire la nature, c’est s’exposer à des déconvenues. Je ne compte pas pour autant changer de méthode. Pour moi, le potager est un loisir. Une fois les gros travaux terminés, j’y trouve le plaisir innocent des visites du matin où j’observe la croissance de mes semis et plantations, où j’arrache ici et là quelques mauvaises herbes, je récolte des haricots verts ou une courgette, mange au passage une fraise qu’oiseaux, fourmis ou cloportes ont consenti à me laisser. Cette activité, comme tout loisir, n’a pas la rentabilité pour but. C’est un bien modeste luxe et non une façon d’économiser.

lundi 25 novembre 2019

Ma France se meurt ! Ma France est morte !




Bossuet, pour souligner la surprise que créa la mort subite de Madame Henriette d’Angleterre, épouse de Monsieur, frère du roi, duc d’Orléans, prononça au cours de l’oraison funèbre de cette princesse deux phrases célèbres qui inspirèrent mon titre.

Ce triste constat, je l’ai fait depuis longtemps, mais mon séjour à Bellac que je relatais ici avant hier en a avivé ma conscience. Si je parle de MA France et non de LA France, c’est que je ne veux parler que du pays que j’aime et ai aimé et non d’un territoire qui, sauf cataclysme général subsistera quels que soient son peuplement, sa civilisation, sa démographie.

J’ai voulu insister sur la soudaineté de cette disparition mais en fait, le processus de destruction, s’il prend moins de temps que celui de construction, n’est pas pour autant immédiat. Né en 1950, c’est peu à peu que j’ai pu voir les mentalités comme la population changer tandis que moi-même je changeais. Ce point me paraît important à souligner. Bien des « réacs » accusent les autres de tout détruire alors qu’eux-mêmes (et comment pourrait-il en aller autrement?) ont suivi le mouvement qui tendait à effacer la tradition. Par exemple, j’ai été élevé, comme encore beaucoup de ma génération dans un catholicisme plus ou moins fervent (fervent dans mon cas), j’ai ensuite, comme beaucoup d’autres, perdu toute pratique et toute foi. Ça ne m’a pas empêché de me marier à l’église et de faire baptiser ma fille qui, si elle trouve chaussure à son pied, se mariera à l’église. Mais il n’empêche que, si nous restons catholiques de culture et de tradition, nous participons de la déchristianisation. La nature ayant, comme disait l’autre, horreur du vide, comment s’étonner que d’autres croyances (religieuses ou non) s’installent ?

La France que j’aime est rurale. Seulement ses petites villes et villages se dépeuplent inexorablement, leurs commerces ferment, leur habitat se délabre, on n’y croise presque plus que des personnes âgées (dont je suis), les cloches y sonnent plus souvent pour un enterrement que pour un mariage ou un baptême. Sauf miracle ou catastrophe, ces bourgades finiront par disparaître. Qu’y peut-on ? L’emploi se concentre dans les métropoles. Le peu de jeunes qui nous restent vont y travailler. L’e-commerce présente bien des avantages de prix, de commodité comme de rapidité. Pourquoi se rendrait-on à la petite ville voisine pour y faire ses achats quand, de chez soi, on peut obtenir les mêmes produits à moindre prix et qu’ils vous sont livrés rapidement ? Les commerces ferment, les rues commerçantes dépérissent, inéluctablement. On peut toujours dessiner des moutons pour masquer la décrépitude des vitrines et distraire de celle des immeubles. C’est joli, c’est pimpant mais ça ne résout pas le problème.

On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière comme il est impossible d’avoir les avantages du « progrès », la conservation du passé et l’idéologie d’hier. Il faut choisir. Le franchouillard se doit de singer le Suédois ou tout être aseptisé de ce genre (ce n’est pas facile avec un pied dans le passé et un autre dans le présent ou un avenir rêvé) tandis que d’autres venus d’ailleurs tout en comptant bien y rester se foutent de la Suède comme des progressistes amerloques .

Qui sait de quoi l’avenir sera fait ? Continuera-t-il sa course effrénée vers un prévisible néant ? Des catastrophes inouïes mèneront-elles à des modifications fondamentales du système apparu ces dernières décennies ? Nul ne le sait. Je mourrai probablement avant d’avoir le loisir d’observer laquelle de ces hypothèses (ou de toute autre hypothèse) se réalisera. Et je n’en suis pas triste.