..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 8 mars 2019

Une si longue absence...




L'avantage des vacances (car, ne l'oublions pas, n'ayant entrepris aucun travail de rénovation depuis quelque temps, je me considère en vacances), c'est que l'on peut consacrer son temps libre à des tâches que l'on n'aurait, autrement, pas le temps d'accomplir. Par exemple, j'ai pu labourer mon futur potager, faire du ménage et restaurer mon blolo bian.

Il y aura en novembre 10 ans de cela, une grande partie dema demeure eurélienne fut ravagée par un incendie. Ma chambre en fut le point de départ. Comme le montrent les photos qui suivent elle s'en trouva très affectée :


Ça, c'était sa cheminée avant.



Ça c'était après.

Pour une fois, je serai d'accord avec Fredi M. : c'était mieux avant !

Sur la première photo, à l'extrême gauche du manteau de la cheminée se trouvait mon blolo bian (statuette Baoulé). Autant vous dire que le pauvre bonhomme, comme le reste de la pièce avait légèrement noirci. L'épaisse couche de fumée noire qu'avait dégagé en se consumant la mousse de mon matelas en fut la cause. Je tentai ultérieurement de le décaper mais, le jeune impatient que j'étais alors (la jeunesse est une notion relative) se laissa vite décourager par la difficulté de la tâche et la statuette alla attendre des jours meilleurs dans un carton. Elle y demeura plus de neuf ans tandis que son pendant féminin (ou blolo bla) poursuivait sa vie décorative du fait que, trouvant l'élément masculin, plus fin de traits et plus esthétique, je l'avais reléguée à un endroit moins prestigieux.

Et puis, voici quelques jours, dans une chambre servant provisoirement de débarras, je retrouvai en compagnie d'autres bibelots le petit homme et décidai, si possible, de lui rendre son lustre de jadis. A l'aide de lessive St Marc, de tampons de laine de fer et de beaucoup d'huile de coude, je parvins à le libérer de sa gangue de noir de fumée. Seulement, il s'en trouva bien blanchi. Je le passai au cirage et le tour fut joué, bien que son teint fût plus clair que celui de sa compagne. J'hésitai à les réunir car, imaginant que ces fétiche étaient mari et femme, cette longue séparation eût pu provoquer une tension entre eux. Mettez-vous à la place de la blolo bla : votre conjoint revient après neuf ans d'absence, la peau plus claire qu'avant et quand vous lui demandez ce qu'il a fait toutes ces années, il vous répond qu'il était prisonnier dans un carton ! Vous avouerez qu'il y a de quoi se montrer un brin dubitatif voire irrité.

Les renseignements que j'obtins grâce à des recherches sur le net me rassurèrent. Ne m'étant jamais renseigné sur la nature de mon couple (j'ignorais jusqu'à leur nom) voici ce que j'appris : 

"La statuaire baoulé relève de la divination et de la psychiatrie et non pas d'un culte d'ancêtres comme les Européens l'ont longtemps cru. `Blolo` est l'autre monde, double du nôtre, lieu de notre origine et de notre fin; l'existence suit une rotation perpétuelle d'un espace à l'autre. Dans le premier, l'individu a laissé une famille, femme et enfant, qui se rappelle à lui sur le tard, à l'adolescence ou à l'âge adulte, lorsqu'apparaissent des problèmes psychologiques ou sexuels. On consulte alors le devin qui établit l'origine du mal, envoyé par l'époux (blolo-bian) ou l'épouse (blolo-bla) par jalousie envers l'autre conjoint. Un sculpteur professionnel est alors chargé de réaliser sur les indications très précises du devin une figurine à l'effigie de l'époux de l'au-delà, accueillie comme un véritable époux par une cérémonie de mariage et de réconciliation. La statuette est ensuite conservée dans la chambre de l'époux, nourrie et entretenue, garantissant ainsi sa santé morale et physique."

Vu qu'ils n'étaient aucunement mariés ensemble, je pouvais donc les réunir sans que cela posât problème. Ce que je fis.

jeudi 7 mars 2019

L'asile à ciel ouvert

J'ai de plus en plus l'impression que l'Occident, dans son ensemble est devenu fou. A la différence de la peste de la fable, cette folie n'est mortelle qu'à terme. Mais tous en sont touchés. Le plus élémentaire bon sens est prié de se taire. L'ultra-minoritaire se voit propulsé à l'égalité avec le général. Le déviant devient normal et vice-versa. A quoi bon en donner des exemples ? Leur multiplicité est telle que les nommer reviendrait à annoncer comme une découverte révolutionnaire celle de l'eau tiède.

Rares deviennent ceux pour qui un et un font deux. Pour la majorité, un et un peuvent faire tout ce qu'ils veulent. Car elle a découvert que le monde est complexe, qu'il n'y a pas de règles générales, que tout se discute y compris et surtout les plus élémentaires évidences. Les paradoxes les remplacent. On peut concéder que le roi soit nu, à condition de déclarer bien vite que la nudité est riche vêture (et, évidemment, vice-versa). La négation des évidences permet une multiplicité des opinions qui à leur tour engendrent un fractionnement du corps social. Au stade où nous en sommes, certains paradoxes à succès permettent encore momentanément l'émergence d'apparentes majorités qui ne le sont que par défaut.

Dans ces conditions, il devient difficile de s'intéresser à la politique. Celle-ci devient théâtrale. Pour les leaders (ou premiers rôles) il s'agit de se rallier aux paradoxes en vogue tout en laissant entendre que par certains côtés subsidiaires ils s'en tiennent à l'écart. Agir autrement serait extrémiste, c'est à dire se voir marginalisé car dans le système actuel, pour arriver au pouvoir, le présumé extrémiste doit mettre de l'eau consensuelle dans son vin jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que d'infimes traces.

Être réac n'est pas la solution. Ne serait-ce que parce qu'il n'exista jamais d'âge d'or. La solution pour moi consisterait à conserver le meilleur du passé, à en effacer les aspects moins glorieux et à adapter ce qu'on en a retenu aux données nouvelles d'une société qui change inéluctablement. Le progrès dans la continuité comme disait l'autre. Ce qui implique, évidemment, de maîtriser le changement et de lui imprimer un cap en accord avec des valeurs ayant fait leurs preuves. Ce qui est tout le contraire du cul-par-dessus-tête actuel.

Seulement, qui défend ce genre de position ? Tout le monde en théorie, personne en réalité car depuis que un et un peuvent faire ce qu'ils veulent et généralement pas deux, la continuité est discutable et le progrès polymorphe. C'est pourquoi je suis de plus en plus tenté de m'abstenir de tout soutien à un mouvement quelconque.

Ayant la chance de me trouver satisfait de mon sort, je préfère laisser à ceux qui se sentent à l'aise dans la folie courante le soin de décider de qui sera ou seront le ou les joueurs de flûte les plus aptes à les conduire vers l'extinction finale. En attendant ce beau jour, j'espère pouvoir continuer encore un peu, bien loin de la course des rats, à mener l'existence heureuse que me procurent mes passe-temps futiles.

mercredi 6 mars 2019

Peut-on rire de tout ?

Le rire est censé valoir un bon biftek selon une expression populaire. A une époque de grande disette où les Français ne peuvent plus remplir leur frigo, on pourrait penser qu'il serait judicieux d'en favoriser l'extension à tous les domaines. Or, il n'en est rien. On tend même à réduire de plus les sujets dont il est possible de s'esbaudir. Parce que nous vivons dans une époque sérieuse toute pétrie de respect et d'empathie pour tous les malheureux, les minoritaires, les déshérités, les handicapés de tout poil, les malades, les « racisés », les obèses, les maigrichons, les petits, les goitreux, etc.

L'innocente plaisanterie dont Gotlib avait fait un « running gag » et qui contait l'histoire d'un fou qui repeignait son plafond et à qui un camarade (probablement déséquilibré lui-même) demandait de s'accrocher au pinceau vu qu'il allait lui retirer son échelle est devenue politiquement incorrecte et cela pour plusieurs raisons. D'abord le mot « fou » est d'une violence inacceptable. On ne l'est plus. On souffre de telle ou telle affection mentale. D'autre part, elle risque de traumatiser, leur rappelant un moment tragique, ceux dont un parent, un ami, une vague connaissance, a vécu ce genre d'aventure et qui en conséquence s'est retrouvé paraplégique avec un plafond à moitié peint.

Car notre époque (ou du moins ceux qui sont censés l'incarner) est devenue ultra sensible. Le moindre écart par rapport à une bienséance convenue la révolte. A part quelques rares exceptions toute question doit être prise avec sérieux ou provoquer une forte indignation. Heureusement, restent les personnages publics, les politiciens, les riches, les puisssants ! Il est encore de bon ton, sous couvert d'humour, de les traîner dans la boue, de les calomnier outrageusement ou de rire à gorge déployée de leurs malheurs.

Un certain Bergson commit un essai sur le rire. Il était, selon certaines sources, lui même un sacré boute-en-train et aurait été l'auteur de l'hilarant dialogue :
  "  - Comment vas-tu(yau de poêle)
      - Pas mal et toi (le à matelas) ou (ture en zinc
      - Comme tu vois (ture à bras)
      - Etc. »

C'est dire s'il savait de quoi il parlait ! Entre autre chose, il écrivit que le rire est tout simplement le résultat d’un mécanisme mis en place en nous par la nature ou, ce qui est presque la même chose, par notre connaissance de la vie sociale. Il n’a pas le temps de regarder où il frappe. Et par conséquent, il peut faire mal et se montrer cruel.Or faire mal et être cruel sont des choses que notre société au fur et à mesure qu'elle s'ensauvage refuse de plus en plus. En conséquence, elle tend à introduire la réflexion dans le rire, à lui donner justement le temps de « regarder où il frappe » et ainsi de porter un jugement moral sur le mal qu'il peut faire.Il est évident que le vieux gag du type qui, n'ayant pas vu que sa plaque avait été retirée, tombe dans la bouche d'égout ne peut plus provoquer le rire si on songe que la chute peut être mortelle ou invalidante.

De plus quand comme moi, on prend de l'âge, il se trouve que la vie sociale dont parle M. Bergson a bien changé depuis notre jeunesse. Bien des sujets dont on pouvait rire sont devenus tabous voire condamnables par la justice. Il se crée donc une auto-censure et en cas d'oubli de cette dernière un rejet par tout ce que notre société compte de belles âmes (c'est-à-dire la minorité active qui est en droit de s'exprimer sur les media). M. Bigard (dont au passage je n'apprécie guère la vulgarité) vient d'en être victime. Les «  humoristes » de France Inter, eux, peuvent se permettre tous les dérapages qu'ils veulent car ils se trouvent du bon côté du manche.

Nous allons vers une société bien triste où l'on n'osera bientôt plus rire de rien avec personne.

jeudi 28 février 2019

Hantée ?

J'entends de ma chambre, venant du grenier, chaque soir, d'étranges bruits, du genre que fait un objet de faible poids tombant au sol. Ça se reproduit plusieurs fois dans la soirée. Vu que l'origine de ces bruits semble se situer dans le coin qui jouxte la maison mitoyenne, on serait tenté de penser que les habitants de ce logis en sont à l'origine. Seulement, personne n'y réside. Se pourrait-il que la charmante blonde décatie (ou vieille bobine) qui habite la maison d'après laisserait tomber des objets dont le bruit assourdi parviendrait jusque chez moi ? C'est une possibilité sauf qu'on voit mal pourquoi ou comment, à des heures parfois indues, celle-ci laisserait, de temps à autre, choir quelque objet. Une idée m'étant venue, je montai au grenier voir si, par distraction, je n'aurais pas laissé le Velux ouvert, permettant ainsi à quelque matou ou quelque autre animal insomniaque de sauter du toit sur le plancher avant de repartir rôder ailleurs et de revenir. Pas plus de Velux ouvert que de lombrics au Sahara ! Le soleil ayant chauffé jusque hier toiture et charpente, se pourrait-il qu'en se rétractant à la fraîcheur du soir, celles-ci produisent ces sons ? Le mystère reste entier.

La dernière hypothèse que j'imaginai, bien que peu enclin à envisager quoi que ce soit de surnaturel, fut que la maison pourrait être hantée. En effet, ses deux derniers occupants y connurent des fins violentes ou subites. Le père de l'ex-propriétaire, d'après ce qu'on m'a dit, s'y serait pendu et la dernière occupante, une locataire, y aurait été découverte morte par son auxiliaire de vie. De là à ce que leurs âmes se soient mises à errer pour une raison ou pour une autre, il n'y a qu'un pas qu'un esprit porté à ce genre de croyance s'empresserait de franchir.

Je n'ai pas ce genre de tentation. Surtout qu'on ne voit pas bien l'intérêt que pourrait trouver une âme errante à se promener dans un grenier vide afin d'y produire des sons assourdis. D'un autre côté, connaissant mal la psychologie des fantômes pour n'en avoir, à ma connaissance, jamais côtoyés, rien ne m'interdit d'envisager que les bruits mats ne soient pour eux une infinie source de félicité. Après tout, produire des bruits de chaînes, hurler dans la nuit ou apparaître dans la salle à manger sous forme d'ectoplasme (de préférence le jour où on a invité le tante Adèle) n'a rien de très excitant non plus. On tue son temps d'errance comme on peut...

Quoi qu'il en soit, et même si j'en venais à retenir ma dernière hypothèse, les nuisances occasionnées par mon ou mes fantômes sont tout à fait supportables et ne nuisent aucunement à la satisfaction que me donne cette maison spacieuse et confortable. Que demande le peuple ?

mercredi 27 février 2019

Rires déplacés et concert canin

Vivre dans un bourg a ses avantages : on peut y aller acheter sa baguette à pied, saufquand il pleut. Mais toute médaille a son revers (et vice-versa) : on y a de proches voisins et, comme chacun sait, la nocivité de cet ennemi de l'homme est directement proportionnelle à sa proximité.

Ces derniers jours, ayant quasiment terminé la rénovation du rez-de-chaussée, je me suis accordé des vacances, et comme le temps s'y prêtait, j'ai profité de ces moments de loisir pour labourer le petit lopin où je compte faire pousser quelques légumes. La surface en est extrêmement réduite car, je dois l'avouer, je préfère cultiver ces dernier à les manger. J'ai donc passé mes après-midis au soleil. Curieusement, je ne fus pas seul à profiter des beaux jours pour m'adonner au jardinage ou à d'autres activités extérieures.

Sur l'avenue, à deux pas de chez moi, un de ces téméraires que rien n'arrête a décidé d'ouvrir une brasserie. Pour ce faire il a racheté un ancien bistrot qui, comme beaucoup dans le bourg, avait dû fermer pour cause de clientèle insuffisante et y a entrepris des travaux qui, sans être pharaoniques, n'en sont pas moins conséquents. Parmi ceux-ci, l'installation d'une vaste terrasse à l'arrière de l'établissement, vu qu'au devant c'eût été malaisé car elle eût empiété sur la voie publique et partant grandement gêné la circulation.

Évidemment, le terrassement, la mise en place des réseaux électriques ou d'évacuation des eaux pluviales, l'épandage puis le damage du gravier sur lequel sera coulée la dalle sont des tâches qu'il vaut mieux effectuer par beau temps que sous la pluie battante. Une équipe d'ouvriers vint donc les réaliser. Mais le bruit des machines utilisées à cet effet, s'il nuisait à ma tranquillité, ne fut pas la seule source de mon agacement. Car figurez-vous que, contre toute logique, les ouvriers travaillèrent dans un climat surprenant : les plaisanteries fusaient de toute part, engendrant des rires gras ! La présence d'une jeune femme (ou grognasse) venue contempler le travail des hommes n'était pas pour rien dans ces accès d'alacrité. Lorsqu'elle demanda aux damnés de la Terre de s'essayer au maniement de la dameuse, c'est avec plaisir qu'ils accédèrent à sa requête et ceci au mépris des recommandations de sécurité les plus élémentaires de l'Inspection du Travail !

J'avoue avoir été choqué par tout cela. En effet, si l'on en croit nos chers media, les Gilets Jaunes qu'ils invitent et les politiciens de tout bord, la France de l'odieux M. Macron vit dans une misère atroce et le travailleur n'y peut plus vivre de son labeur. A compter du dix du mois, sa famélique famille contemple, les larmes aux yeux et la faim au ventre, la vacuité d'un réfrigérateur dont on se demande comment il a bien pu se l'offrir. Dans ces conditions, comment expliquer que ces modestes employés puissent avoir le cœur à rire ? N'est-ce pas là un signe du divorce entre peuple et élites, les premiers vivant généralement heureux tandis que les seconds ne peuvent prospérer que grâce à l'exploitation de supposés malheurs ?

L'autre nuisance sonore dont je pâtis fut celle du concert qu'offrit au quartier le chien de la voisine (ou vieille bobine). Celle-ci, quand elle ne s'engueule pas avec son compagnon , c'est à dire quand il est absent, converse avec son chien et souvent sur un ton peu amène. La pauvre bête ne lui répond pas plus que ne le feraient mes lombrics si d'aventure il m'arrivait de tenter de taper la discute avec eux. On serait donc en droit de parler de monologue plus que de conversation. Hier donc, ledit chien se rendit coupable d'une faute que, sans en connaître la nature, je suppose grave car elle lui valut une impitoyable sanction que la brave dame (ou vieux tableau) lui annonça : il serait mis au piquet (comme jadis le mauvais enfant) le reste de l'après-midi durant. La sentence fut appliquée séance tenante et aux rires déplacés des inconscients prolétaires vint se mêler le long lamento du canin condamné.

C'est ainsi que le voisinage peut gravement perturber ce calme de l'âme qu'engendre un après-midi radieux voué au labour.