M. Blanquer, ministre de l'Éducation
nationale, veut réformer l'école en vue d'améliorer les piètres
résultats qu'ont constatés des organismes internationaux. Comme on
le comprend ! Seulement,ce que semble oublier ce brave homme
c'est qu'une société a l'école qu'elle mérite. Notre société
folle ne saurait donc avoir une école autre que folle. Si on ne
s'attache pas à réformer la société, on ne voit pas comment il
pourrait réformer l'école.
Une école efficace est faite pour les
médiocres. Les élèves plus ou moins doués ont le choix entre y
briller et s'emmerder. Ceux qui pour une raison ou pour une autre
sont incapables d'en suivre les programmes y perdent leur temps. En
revanche, les éléments moyens peuvent, en se montrant studieux,
réussir. Cela posé, si le niveau moyen des élèves baisse, le
niveau des programmes ne peut que baisser. D'autre part, le fait
d'imposer à l'ensemble des élèves du pays le même cursus a des
conséquences pernicieuses : dans les zones « défavorisées »
où une large majorité n'est pas en mesure de suivre, les programmes
se trouvent inadaptés au niveau des élèves moyens. Passer
plusieurs heures à écouter des propos auxquels on ne comprend rien
est une épreuve que l'on ne saurait souhaiter à personne.
Les mêmes enseignants qui proclament
haut et fort une égalité de capacités entre les élèves
réclament, dans les zones difficiles plus de postes et des effectifs
réduits dans les classes. Il est difficile de suivre leur logique.
Surtout que deux bordélisés à la place d'un dans un établissement
pétaudière ne me semble pas susceptible d'améliorer quoi que ce
soit.
Ce qui manque à l'école, c'est la
discipline. On fait des chahuts monstres, on joue sur son téléphone,
on braque un pistolet sur son enseignant, on insulte profs et
camarades quand on ne les frappe pas, bref, on se montre taquin voire
incivil. Il faut que ça cesse et dare-dare ! Seulement, pour
arriver à cette souhaitable pacification qui permettrait peut-être
d'enseigner quelque chose, encore faudrait-il qu'il y ait une volonté
sérieuse des intéressés, au moins des parents et des enseignants
d'y participer activement. Malheureusement, bien des enseignants
mourraient plutôt que de se montrer répressifs quant aux parents,
leurs rejetons sont des anges qui ne sauraient en aucun cas se mêler
aux troubles (je parle pour ceux qui s'intéressent à leur
progéniture). Dans ces conditions, on voit mal comment les choses
pourraient s'arranger.
Qui dit discipline dit sanction en cas
de non respect des règles. Seulement les sanctions pour être
efficaces doivent être de nature à dissuader les coupables de
recommencer. J'ai évoqué dans un
très vieux billet à quel point exclure un élève dont le rêve
est de ne pas fréquenter l'école est une mesure ridicule. Toujours
enfermés dans une conception rousseauiste de l'enfant,
l'enseignement d'aujourd'hui voudrait des sanctions éducatives. Je serais assez d'accord. si on précisait ce que peut être une sanction éducative.
A mes yeux, ça ne saurait en aucun cas être un travail de type
scolaire destiné à améliorer les savoirs de l'élève car dans ce
cas on crée une équation travail scolaire égale punition !
Non, pour être éducative,la sanction se doit d'être pénible et
stupide et inspirer le dégoût et la crainte d'avoir à l'encourir
de nouveau. Creuser des trous pour les reboucher immédiatement me
paraît très bien. Seulement, qui oserait employer de telles
méthodes ?
Un phénomène nouveau que j'ai
constaté dans les très bons établissement où j'ai fini par
travailler en fin de carrière est l'explosion du nombre de surdoués.
Je m'explique : traditionnellement, un élève qui n'apprenait
rien et passait son temps à perturber les cours était considéré
comme un sale petit morveux qu'il importait de ramener à de
meilleurs sentiments. On avait tort. En fait, on sait aujourd'hui que ces enfants turbulents
sont des hyperactifs surdoués. Leur nature les pousse à ne pas
tenir en place quant à leur désintérêt pour les cours, il est dû
au fait que leur niveau est insuffisamment élevé. J'ai vu ainsi vu
une mère d'élève se mettre en quête d'un établissement
spécialisé dans l'enseignement aux surdoués pour un rejeton dont
elle était seule a avoir perçu les dons extraordinaires. C'est à
la fois risible et triste.