Ce matin, une héroïne du Service
Public est intervenue
sur les ondes. Elle se trouvait à Alep, du côté Ouest, ayant
obtenu un visa du régime (haï de tous, est-il nécessaire de le
dire !) de l'infâme El Hassad. Est-ce par allergie aux bombardements
ou faute de laisser-passer qu'elle ne se trouvait pas à l'Est, on ne
nous le dit pas. Toujours est-il qu'au péril de sa vie, elle parvint
à rencontrer un groupe de trois femmes dans une rue commerçante de
la ville. Deux d'entre elles se refusèrent à toute déclaration. La
troisième parla. Il lui fut demandé de relater ce qui se passait
dans la partie Est de la ville. Elle déclara que son père et sa
mère s'y trouvaient, confirma qu'il y avait des victimes en nombre.
Selon elle, si les Est-Alépins ne se précipitaient pas dans les
couloirs humanitaires afin de fuir la ville c'est que les rebelles
les en empêchaient afin qu'ils continuassent de leur servir de
bouclier humain.
Rien de bien surprenant ni nouveau.
Seulement, les commentaires entourant ces propos valaient leur pesant
de cacahuètes. D'une part, il fut indiqué que la partie Est de la
ville était entièrement détruite. Il faut croire que les
bombardements sont bien peu efficaces car on n'y compte (qui compte?)
que 500 morts et 2000 blessés sur plusieurs centaines de milliers
d'habitants*. Ensuite, la valeureuse héroïne souligna que son
interlocutrice n'avait émis aucune critique concernant le régime et son
allié russe car en ce pays, critiquer le régime ne va pas sans
risques...
Ainsi, ce qui n'est pas dit compte plus
que ce qui l'est. L'interviewée peut préciser que sa mère supplie
les rebelles de la laisser partir, que tous les habitants ont préparé
leurs valises mais que les insurgés les retiennent afin de se
protéger, c'est sans intérêt. Ce qui compte vraiment, ce qui
terrorise, c'est la menace russe et la tyrannie de Bachar !
Commenter le non-dit et le faire aller
dans le sens que l'on souhaite, est fort, très fort. Cependant,
parmi les choses non-dites, on fait une sélection. Je ferai
remarquer à l'héroïque informatrice (??!!) que son interlocutrice
n'a rien dit non plus sur le cours des patates à Saint-Pol-de-Léon
ou sur le dernier discours de François Hollande. Doit-on en déduire
que la terreur l'empêchait de critiquer un prix trop bas (ou trop
élevé) des tubercules bretons ou de souligner le côté fascinant
(ou ennuyeux) de l'allocution présidentielle ?
De telles procédés sont aussi
indignes d'informateurs que naturels chez des journalistes plus
soucieux d'étayer un discours idéologiquement biaisé que de
décrire la moindre réalité. Il y aurait de quoi rire à gorge
déployée si le soutien objectif apporté aux rebelles n'avait pour
conséquence la mort d'innocents pris en otage.
* A huit heures on parla d'Alep-Est pris sous un "tapis de bombes". Il faut croire que depuis Dresde le "carpet bombing" a beaucoup perdu en efficacité ou que le goût de l'hyperbole est soigneusement cultivé dans le "Service Public".
PS : Lors du journal de 13 heures, leur envoyée spéciale s'est surpassée ! Selon elle, ce sont les Russes qui feraient courir le bruit que les rebelles empêchent les civils de quitter Alep-Est. Elle n'a pas du bien comprendre ce que disait son interlocutrice ! A moins, bien entendu, que cette dernière n'ait été une Russe arabophone dont les parents résident à Alep... On pourrait aussi penser que vu ce que cette personne lui avait dit, elle a fini par considérer son témoignage comme nul et non avenu !
PS : Lors du journal de 13 heures, leur envoyée spéciale s'est surpassée ! Selon elle, ce sont les Russes qui feraient courir le bruit que les rebelles empêchent les civils de quitter Alep-Est. Elle n'a pas du bien comprendre ce que disait son interlocutrice ! A moins, bien entendu, que cette dernière n'ait été une Russe arabophone dont les parents résident à Alep... On pourrait aussi penser que vu ce que cette personne lui avait dit, elle a fini par considérer son témoignage comme nul et non avenu !