Je m'instruis chaque fois que j'ai une
conversation avec mon aîné. Nos discussions sont franches, ouvertes
et souvent animées. Il faut dire qu'au niveau politique comme
sociétal, nos visions divergent. Il est resté fidèle aux options
de nos vingt ans tandis que j'ai beaucoup évolué. D'une certaine
manière, j'envie ceux qui n'ont jamais varié. Ce doit être
confortable, au sens où peut l'être un vieux fauteuil. Ce qui est
curieux, c'est que l'attirail idéologique en question s'est basé
sur une opposition radicale à celui qui nous avait été inculqué.
Réaction banale de l'adolescence mais qui, quand elle perdure me
semble relever d'un manque d'ouverture d'esprit. Ainsi, pour ne citer
qu'un exemple, mon aîné est-il d'une "catholicophobie" radicale
tandis qu'athée de culture catholique je n'ai aucune animosité
envers qui professe cette foi.
Donc nos échanges sont instructifs.
J'apprends ainsi que France Inter n'est pas une radio de gauche mais
que ses concurrentes généralistes seraient « de droite ».
Amusant, non ? Si quelqu'un me disait que Présent ou
Valeurs actuelles portaient bien haut le flambeau de
l'objectivité journalistique, j'aurais du mal à ne pas pouffer. Je
ne dois pas être sérieux.
De même, n'étant aucunement persuadé
qu'une race (vous savez, cette notion qui n'existe pas) soit
supérieure en potentialités à une autre, je ne me croyais pas
raciste. Eh bien je me trompais car, interrogé sur mon mon niveau
d'enthousiasme à accueillir une immigration de religion musulmane,
je ne pus qu'avouer que ce dernier était bien relatif (je suis un
euphémiste convaincu). Je faisais ainsi preuve d'un racisme certain
sinon rabique, vu que je n'appréciais pas une forme d'immigration en
fonction d'un critère spécifique. Il serait aisé de retourner à
son auteur le compliment, vu qu'on aurait du mal à ne pas considérer
son hostilité ouverte à la religion catholique comme relevant du
même principe. Mais vu que le Catholicisme, pas plus que l'Islam ne
sauraient être considérés comme des « races », il me
semble que le terme soit inadapté.
Plus que de savoir si l'on est coupable
du pire crime qui ait jamais affecté l'humanité et qui ne saurait
mener qu'à de nouveaux holocaustes, ne serait-il pas plus utile de
se poser quelques questions ? Par exemple, est-il souhaitable
dans un pays comptant X millions de chômeurs d'accueillir en nombre
de nouveaux venus quelle que soit leur origine ? D'autre part,
amener à se côtoyer des populations de cultures fondamentalement
différentes, surtout quand l'une d'elle est partout parcourue de
courants fondamentalistes extrêmes, ne serait-il pas de nature à
compromettre l'unité d'une nation déjà bien fragilisée par les
oppositions nées en son sein ? Pour résumer, plutôt que
d'assimiler à un crime impardonnable un rejet, ne serait-il pas plus
rationnel de s'interroger sur ses causes ?
Mais pour ce faire, encore faudrait-il
se mettre d'accord sur les constats et ce n'est pas gagné d'avance
face à qui pratique le déni. Quand on traverse la vie en chaussant
des lunettes aux verres roses ou pastèque, la vision que l'on a du
monde n'entretient qu'un rapport distant avec sa réalité. Constat
retournable comme peau de lapin... On n'est pas sorti d'une auberge que je préférerais moins multiculturelle.