Supposons qu'à la manière décrite
par Romain Gary, vous vous ne vous conduisiez pas toujours très bien
chez ceux qui vous invitent, que vous buviez le lait du p'tit chat,
que vous violiez la grand-mère avant de vous essuyer dans les
rideaux du salon. Seriez-vous étonné qu'on ne vous conviât plus ou
à tout le moins qu'on vous menace de ne plus le faire au cas où
vous réitéreriez vos incivilités ?
Si vous disposez d' une moralité même
embryonnaire, je suppose que vous répondrez par la négative à
cette question et que vous feriez des efforts lors d'une prochaine
visite.
Maintenant, supposons qu'au lieu de
reproches ou de mises en garde vos hôtes vous trouvent des excuses.
Se disent que tout est leur faute. Que, connaissant votre goût
immodéré pour les boissons lactées, ils auraient dû planquer la
gamelle du chat ou plutôt vous offrir spontanément ce blanc
liquide, que la grand-mère s'était montrée bien trop aguichante
et que votre réaction est naturelle autant que pardonnable, que
faire toute une affaire de vieux rideaux souillés est indigne d'un
hôte courtois. Supposons même qu'ils fassent semblant de n'avoir
rien remarqué d'anormal à votre comportement et qu'ils vous
décrivent à qui veut les entendre comme de parfaits hommes (ou
femmes) du monde, des exemple que bien d'autres gagneraient à imiter
Ne vous sentiriez-vous pas encouragé à reproduire vos bénignes
errances voire à les aggraver ?
Cette plaisante métaphore vise la
culture de l'excuse et le déni de réalité qui présentement font
rage en doulce France. Comprenne qui voudra.