..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 16 janvier 2016

Un combat inégal !

Lorsque je me promène chez M. Facebook, il arrive que des publicité apparaissent dans les marges. Certaines sont liées à mes recherches comme celles vantant des perceuses ou autres rétroviseurs mais d'autres me paraissent intempestives, proposant des objets, des biens ou des services dont je n'ai jamais envisagé l'achat. C'est le cas des propositions de rencontres. L'âge et une austérité de mœurs qui pour être récente n'en est pas moins fervente me font trouver peu d'attrait à ces propositions. Toutefois, puisque rien de ce qui est humain ne m'est étranger, la vision de ces offres suscite ma réflexion. Prenons au hasard deux exemples de ces publicités :

I


II

De prime abord, elles pourraient paraître très semblables : elles montrent toutes deux une jeune femme avide de combler sa solitude et qu'on devine empressée de partager des moments intimes avec un solitaire. De plus toutes deux ont en commun d'habiter dans le voisinage. Je dois reconnaître que près de chez moi, le type I est plus répandu que le II, mais là n'est pas la question.Il est,en outre, à remarquer que dans les deux cas, grâce au tutoiement s'instaure immédiatement un climat de douce intimité. Et ce sont ces multiples similitudes qui rendraient indécis.

A supposer que l'on soit appelé à rencontrer l'une ou l'autre de ces jeunes personnes également, quoique chacune a sa manière, charmantes. Sur quoi baser son choix ? Certains débauchés diront : « Pourquoi choisir ? Sautons les deux ! » Belle mentalité ! Répondre ainsi aux nobles aspirations d'âmes esseulées ! On croit cauchemarder !

Cela dit, examinons de près textes et photos. D'un côté, on recherche un VRAI rendez-vous, de l'autre on propose des rencontres. Ce n'est pas la même chose. La rencontre est souvent fortuite tandis que le rendez-vous est volontaire. Ensuite on vous invite à parcourir les profils tandis qu'ailleurs on exige une inscription.  A quoi au juste ? Ça sent l'arnaque : on s'inscrit et ensuite on a sa BAL pleine de spams !

Venons-en aux images. Alors là, y'a pas photo. Enfin, si, y'a photos mais vous m'aurez compris. Commençons par le décor. Une des jeunes filles apparaît dans sa cuisine : on en déduit qu'après un vrai rendez-vous on ne repartira pas le ventre vide, la bougresse, de manière subliminale, met en avant des talents de cuisinière qu'on devine grands et que confirment ses formes généreuses. L'autre apparaît auprès de ce qui semble être des lits superposés. Pourquoi ? Serait-ce une feignasse ou une lubrique ? Quand à l'apparence physique, même si seule compte la beauté intérieure, l'homme de goût n'hésitera pas longtemps. Nous avons d'une part une tenue traditionnelle, simple et élégante qui n'exclut pas la fantaisie comme le montre l'absence de chaussures. De l'autre, le vêtement laisse à désirer : un T-shirt à vous attraper un rhume de nombril, une sorte de jean de couleur indéterminée. Quelle vulgarité ! Et puis il y a la personne. L'une à un maintien modeste, l'autre, qui prend un selfie, semble fascinée par son imaginaire beauté ! Car regardons les choses en face : ça ressemble à quoi ces mensurations disproportionnées ? On fait un petit 36 en bas et un 90 bonnet D en haut ! Ridicule ! Un engin comme ça, ça vous fait cinquante kilos à tout casser. Quelle misère ! En revanche, l'autre jeune femme, c'est du costaud, du massif, du qu'on peut emmener se promener par grand vent sans redouter l'envol. De la vraie femme, quoi.

J'en serais presque à regretter de ne pas m'intéresser davantage à la gaudriole !


vendredi 15 janvier 2016

Le ténia

Parmi les NAC, curieusement, il est un oublié. C'est injuste car si un animal présente de nombreux avantages, c'est bien lui. Le ténia ne miaule, pas, n'aboie pas, n'appelle pas bob*, ne griffe pas vos canapés, ne réclame aucun jouet, n'a besoin ni de niche ni d'aquarium, vous suit partout sans qu'aucun hôtel ne vous refuse son accès, ne vous ruine pas en coûteuses croquettes, n'a pas d'heures de repas, ne mord pas les facteurs, pousse la discrétion jusqu'à se faire oublier, ne laisse pas de poils partout, n'urine jamais sur votre paillasson, ne ravage ni les magasins de porcelaine ni les jeux de quilles, facilite votre perte de poids sans régime ni exercice physique, est d'une fidélité sans faille (il ne vous quittera que si vous l'assassinez), ne nécessite pas d'être en couple pour se reproduire, ne pose aucun problème de prolifération, s'acquiert pour le prix d'un bifteck ou d'une côte de porc, ne vous importune jamais en réclamant des caresses, évite comme vous les végétariens...

Hélas, récemment,le ténia du porc (Taenia solium)a disparu de nos pays. Pour vous en procurer un, il vous faudra faire un voyage en contrées exotiques. Si vos moyens ne vous permettent pas de lointaines expéditions, il faudra que vous vous contentiez d'un ténia du bœuf ( Taenia saginata ). Seulement, bénéficier pleinement de sa compagnie n'est pas immédiat. Il faut se montrer patient car adopter un individu adulte est impossible. Pour que le ténia se développe en vous, il vous faudra manger la viande crue d'un animal infecté. Pour cela vous aurez besoin d'un l'aide d'un vétérinaire, ce qui vous évitera de vous bourrer en vain de steaks tartares d'où ses larves seront absentes. En cas de réussite, en quelques mois, votre ténia atteindra sa maturité sexuelle sans que ses ébats ne viennent vous perturber, vu qu'il est non seulement hermaphrodite mais qu'il est, comme son surnom l'indique un irréductible solitaire. Bientôt, il atteindra sa taille maximale qui varie de 5 à 9 m, ce qui n'est pas rien comparé au Teckel ou à la poule naine.

Nous ne reviendrons pas sur les multiples avantages que présente la bête. Signalons simplement que, si la vôtre ne manifeste pas sa présence, vous pourrez être rassuré sur sa bonne santé par la présence d'anneaux dans vos selles, vos draps ou votre douche. Viendriez-vous à vous lasser de sa présence, la simple absorption d'un vermifuge vous en débarrassera sans que les défenseurs des animaux n'en prennent ombrage. De plus, pour se débarrasser de sa dépouille mortelle, point ne sera besoin de faire appel aux services d'un vétérinaire, il vous quittera avec la même discrétion qu'il vous aura rejoint.

Si tout cela ne vous avait pas convaincu, je pense qu'une photo de son visage avenant viendra à bout de vos dernières réticences. Il est mignon, non ?



*A la différence du poisson rouge.

jeudi 14 janvier 2016

Gardons la tête froide !

« On ne réfléchit plus Monsieur, non, on réagit à l'émotion  » cette phrase, extraite d'un article d'Arnaud D. est d'une totale justesse. L'émotion remplace le raisonnement et participe de la faiblesse de nos sociétés en ce qu'elle révèle à nos ennemis l'état de délabrement moral qui nous mine.

A première vue, rien n'est plus « normal » que de s'émouvoir. L'émotion est émouvante en diable ! Et quel signe plus manifeste de profonde humanité que de laisser libre cours à son expression ?

Alors, on s'émeut à tours de bras. A-t-on réussi à un examen que seuls 10 pour cent des candidats parviennent à rater ? On hurle de joie ! Le moindre drame est l'occasion de déposer, fleurs, bougies, dessins d'enfants, pensées puériles griffonnées sur un bout de papier sur le lieu où il s'est produit. Si bientôt on voyait un ministre de la santé en pleur se rendre au chevet de qui se serait retourné un ongle, je n'en serais pas plus que ça surpris : n'a-t-on pas récemment vu l'homme le plus puissant du monde essuyer de furtives larmes en évoquant le massacre d'enfants qui ne lui étaient rien ? Présidents, ministres et sous-ministres se doivent, avec la tête d'enterrement requise, d'exprimer aux familles, à la nation, au monde et à sa banlieue la profonde émotion que provoque en eux la moindre victime et d'assister, avec une peine toujours renouvelée, aux commémos qui suivent. On se demande comment ils tiennent. L'émotion est aujourd'hui un must. Mais n'est-elle pas surtout une mode ?

Sans pouvoir en fixer la date, l'expression publique des émotions n'est apparue que relativement récemment. Je ne me souviens pas avoir entendu le Général De Gaulle exprimer la sienne à tout bout de champ et pourtant ce n'était pas faute d'occasions dans les temps agités où il présidait aux destinées de la France. Naguère encore les ministres avaient d'autres occupations que d'aller consoler les mères, cousins, voisins ou passants éplorés. On obtenait ou échouait à un diplôme sans larmes ou cris de joie ou de douleur. Furent des temps anciens où, selon la légende, la mère de Boabdil pouvait dire à son fils vaincu « pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme ! » montrant à la fois le mépris que lui inspiraient les épanchements intempestifs et le peu de place que les études de genre avaient conquis en ces âges obscurs.

J'aurais tendance à considérer que cette mode, comme beaucoup de ce qui nous nuit, vient des États-Unis, pays de grande sensibilité bisounoursique s'il en est, comme en témoignent depuis des décennies ses divers bombardements aussi massifs qu'humanitaires. Elle se répand par le truchement de la télévision qui encourage et propage l'hystérie.

Plus que de montrer toute la tendresse de petits cœurs fragiles, je pense qu'il vaudrait mieux que raison nous gardions. Les nombreuses manifestations d'émotions diverses qui ont suivi les récents attentats n'ont fait que démontrer notre vulnérabilité et partant conforté les terroristes dans l'efficacité de leurs actions. N'eût-il pas mieux valu qu'on se contentât d'enterrer les morts dans le silence et qu'on se concentrât sur l'action à mener afin qu'à l'avenir leur nombre soit réduit ?

mercredi 13 janvier 2016

J'voudrais bien (ouin, ouin, ouin) mais j'peux point (ouin, ouin, ouin) !

Je remarque chez beaucoup, et dimanche dernier chez l'ami Fredi, une tendance certaine au pessimisme. Notre siècle s'annoncerait mal. Comme s'il y en avait eu qui se fussent bien annoncés ! Il y a deux manières de considérer le précédent : soit comme un temps de grands progrès scientifiques et techniques, soit comme celui du summum de la barbarie occidentale avec son cortèges de boucheries guerrières et d'hécatombes totalitaires. Selon que l'on choisira l'une ou l'autre vision on considérera les changements qui affectent le siècle nouveau d'un œil différent : les enragés de l'autoflagellation se réjouiront de l'apparente disparition de ce qui a leurs yeux a engendré les drames du XXe siècle, les nostalgiques y verront les prémisses de la destruction d'une civilisation.

Les sirènes de l'optimisme « progressiste » comme du pessimisme « réac » sont peut-être séduisantes mais j'ai du mal à à céder à leur appel. Ne serait-ce que parce que je n'ai pas de boule de cristal. Et peut-être aussi parce que la division de l'histoire en siècles est arbitraire et qu'en admettant qu'elle ne le fût pas nos pronostics sur le déroulement du XXIe siècle, en son an seize ne sont ni plus ni moins fiables que ceux qu'auraient pu faire nos aïeux en l'an seize du leur. Qui en 1716, alors que commençait la Régence, eût pensé que son siècle, en sa fin verrait l'avènement du consulat et eut imaginé les multiples soubresauts qui allaient y mener ? En résumé, de l'avenir nous ne savons rien.

Donc, pour faire simple, commence un siècle qui sera ce qu'ils sera ou plutôt ce que nos successeurs en feront. Je n'en verrai pas plus que ma fille la fin. Vu que je ne crois pas en l'Âge d'Or, je n'ai pas plus de regret du siècle dernier que je n'ai de crainte face au nouveau. Le XXe siècle vit conjointement de grands progrès ET d'inouïes barbaries (la technologie au service du massacre de masse !) il n'y a, quand on n'a été à l'origine ni des uns ni des autres, aucune raison de s'en sentir coupable ou nostalgique. La seule chose certaine est que, selon notre calendrier, il est à jamais révolu.

Envisager l'avenir avec confiance est essentiel voire inévitable. Dans le cas contraire, que faire ? Pleurer le temps passé ? Ne rien entreprendre puisque tout finira dans le chaos ? Notre destinée individuelle, quels que soient les efforts que nous fassions pour nous voiler la face, mène forcément à une fin plus ou moins tragique. Est-ce une raison pour passer sa vie à le déplorer et à ne rien entreprendre ? Les civilisations anciennes, si brillantes qu'on ait pu les considérer, ont fini par céder la place à d'autres pour le meilleur ou pour le pire. Son inéluctable fin peut être hâtée ou retardée selon le jugement qu'on porte sur sa civilisation. Se refuser à mettre au monde des enfants au prétexte que l'avenir serait incertain ou lourd de menaces est une des plus efficaces méthodes pour en rapprocher le terme.

C'est pourquoi, bien qu'essayant de considérer le spectacle qu'offre la France d'aujourd'hui avec un noir pessimisme de bon aloi, je n'y parviens pas et quand ma fille m'annonce son projet de mariage en vue de fonder une famille, j'en suis heureux et ne peux que lui dire : « Vas-y, fonce, ne t'occupe pas des signaux ! ».

DERNIÈRE MINUTE :

Il semblerait qu'il y ait de l'eau dans le gaz chez les Tourterelles : 


mardi 12 janvier 2016

Le Sabbat

Lors de ma récente excursion en terres collaborationnistes, cheminant de lien en lien, je tombai par hasard sur une allusion à Maurice Sachs, « Juif-collabo ». Le nom me dit quelque chose. Je ne tardai pas à trouver parmi mes livres « Le Sabbat » qu'il écrivit en 1939. Je n'en gardais bien entendu aucun souvenir. Comme j'en avais alors l'habitude, j'avais indiqué sur la première page la date et le lieu de cette lecture : « le 17 juin 1972, à Thiès* ». Bientôt 44 ans. Ça ne nous rajeunit pas et ça excuse l'oubli.

J'entrepris une relecture. Curieuse autobiographie d'un bien curieux personnage. Ça tient des Confessions de Jean-Jacques, c'est larmoyant à souhait, débordant d'apitoiement sur soi. Le bon Maurice ne cesse de poursuivre la Vertu, l'Honnêteté, la Paix intérieure mais pour toujours retomber dans les ornières du vice, de la tromperie, de la flagornerie... Le livre est bâti à la va-comme-je-te-pousse. L'auteur s'attarde sur certains épisodes, en traverse d'autres en trombe, sans qu'on comprenne le pourquoi de ces soudaines ruptures de rythme. On a du mal à cerner un personnage qui semble tout de même avoir joué un rôle dans le milieu littéraire de l'entre deux guerres. On y croise, entre autres, Jean Cocteau, Jacques Maritain, André Gide Gide, Soutine, Max Jacob, Pierre Fresnay. Il en trace des portraits souvent flatteurs, parfois vengeurs. Cocteau y es dépeint de manière peu flattée, sous la forme d'un mauvais génie et d'un usurpateur de talents exploitant les mérites d'autrui. D'autres se voient plus gâtés, parés de toutes ces hautes vertus que l'auteur vise d'atteindre mais que sa profonde indignité lui interdit en attendant qu'une nouvelle crise d'aspiration au Bien ne lui fasse espérer les conquérir. Dans ce chemin de croix d'un snob auto-flagellateur, les chutes se multiplient, immanquablement suivies de temporaires et illusoires remises sur pied. Il semblerait que le chemin de Maurice Sachs se soit terminé sur une route d'Allemagne, en avril 1945, alors qu'on évacuait sa prison par une chute qu'une balle tirée dans sa nuque par un SS rendit fatale. Triste épilogue d'une triste existence.

Le livre refermé, j'en retire une impression mitigée. On y trouve des pépites, comme ce chapitre XXXII où est décrite la curieuse faune de l'hôtel miteux sur la destinée duquel règne le brave Joachim Le Plouharet. On aurait pu s'attendre à une riche peinture d'un milieu que l'auteur a connu intimement. Même si le talent affleure ci et là, c'est par trop inégal pour qu'on ne demeure pas sur sa faim.

Mais peut-être suis-je un peu sévère... Et puis le personnage vaut quand même le détour tant il tranche, pas vraiment en bien, sur le lot commun.

*Sénégal. Ne pas confondre avec Thiais (Val-de-Marne).