..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 8 janvier 2016

Vive le roi ?

La mort des Michel est certes aussi triste que celle des Bernard ou des Lucienne mais quand ils sont célèbres, ça donne lieu à des hommages et des rétrospectives. Par exemple lorsque Michel Delpech a disparu, ce fut l'occasion d'entendre ses vieux succès. Parmi ceux-ci figura un hymne d'amour à Marianne cette incarnation de la république sans les valeurs de laquelle nous serions pire que des animaux. Le refrain en était :

Dieu ! Mais que Marianne était jolie
Quand elle marchait dans les rues de Paris
En chantant à pleine voix :
"Ça ira ça ira... toute la vie."

Étant trop jeune pour avoir connu cette époque bénie, je ne porterai aucun jugement sur les qualités plastiques de cette allégorie. Toutefois, mon goût pour l'histoire m'a amené à penser que la joliesse n'était pas sa seule qualité. Elle savait également se montrer joueuse, voire même taquine comme en témoigne sa propension à décapiter les gens puis à se promener avec leur tête au bout d'une pique. Les massacres de septembre 1792 montrèrent qu'elle savait sévir quand nécessaire. La Terreur qui suivit nous la montra rigoureuse. En Vendée, elle fit preuve de discernement en séparant le bon grain de l'ivraie. Hélas, il y avait peu de bon grain ! Son goût des sciences lui fit faire à Nantes des expériences sur la flottabilité comparée des prêtres (lestés ou non) et des laïcs et à Lyon sur la résistance du canut et du soyeux aux pilonnages d'artillerie comme aux fusillades.

Une liste exhaustive des mérites insignes de la jolie Marianne serait fastidieuse. On peut même se demander si parmi ses nombreuses qualités ne se seraient pas glissés quelques bien pardonnables défauts. On aurait tort. Car il ne faut pas oublier qu'elle succédait à un régime atroce, inique, où le serf ployait sous l'impôt tandis qu'une soi-disant élite se gobergeait, que des rois infâmes exerçaient un pouvoir sans limite et que le clergé maintenait le peuple dans une morbide superstition.

C'est du moins ce dont des décennies de propagande active sont parvenues à convaincre le bon populo. Hors la république, point de salut, point de ces valeurs dont on nous rebat les oreilles. On serait logiquement tenté de croire que dans la dizaine de monarchies qui survivent en Europe on pratique le servage, la corvée, le prétendu droit de cuissage, que l'obscurantisme religieux y fait rage, que d'iniques impôts y réduisent le peuple à la famine etc. Mais est-ce vraiment le cas ?

Il semblerait qu'au Royaume-Uni, en Espagne, en Belgique, en Suède, au Pays-bas, on connaisse peu ou prou le même régime démocratique avec ses mérites comme ses dérives. Plutôt que républicaines les obscures valeurs qui nous gouvernent me paraissent plutôt celles de la démocratie. Or donc, que la France ait un président ou un roi ne changerait rien de fondamental.

Toutefois, vu le triste spectacle que nous offre de plus en plus l'élection présidentielle et les candidats qu'elle porte au sommet, j'en suis à me demander si un roi ou une reine ne personnifieraient pas mieux et plus durablement la France que les tristes politicards que, par défaut, par dépit, par erreur on porte provisoirement au rang de chef d'État avant que l'impopularité ne leur ôte toute légitimité à parler au nom du pays. Il me semble qu'un souverain doté d'un seul pouvoir de conseil, représenterait mieux la France que des politiciens roublards au seul service de leur ambition. Les candidats au pouvoir devraient se contenter d'un rôle de premier ministre, mieux adapté à leur stature.

Un tel changement aurait en outre le mérite de nous épargner les frais d'une élection quinquennale mais surtout les dérives qu'elle implique : frontières mal définies entre chef d'État, chef de gouvernement et chef de parti, élections parlementaires soumises au résultat des présidentielles, etc.

Mais ne rêvons pas : nous ne sommes pas à la veille d'un tel changement. De même, la fin de la longue dégringolade du régime actuel qui ne peut se montrer efficace que lorsqu'une large majorité du peuple accorde durablement sa confiance à un homme n'est pas pour demain.

jeudi 7 janvier 2016

Le Grand Remplacement *

J'ai conté la mauvaise surprise que m'avait réservée le lendemain de Noël. Pour un Réac, se voir privé de rétroviseur, ne serait-ce que partiellement, est un grand handicap vu que c'est par leur truchement qu'il regarde la vie. Il fallut donc envisager leur remplacement. C'est maintenant chose faite. Hier après-midi, un courriel de M. Oscaro, toujours aussi obligeant, m'avertit que mon colis m'attendait au Relais Colis de Vire. Je m'y rendis ce matin et récupérai les précieux rétroviseurs.

Avant de procéder à leur remplacement (d'où le titre), je jetai un dernier coup d’œil à mon break outragé, mon break brisé, mon break martyrisé mais mon break bientôt réparé. Ce n'était pas beau à voir, jugez-en plutôt :





Mais c'est en s'approchant que les dégâts apparaissent dans leur dramatique ampleur (moi-même je faillis l'être en les constatant**)



Cette réparation de fortune faite au ruban adhésif fut utile mais disgracieuse.



Quant à l'autre côté, où des bouts de scotch évitaient que la pluie n'envahisse l'habitacle, je ne vous dis rien du tort qu'il causait à mon prestige.

La réparation ne prit qu'un peu plus d'une demie-heure et, après avoir vérifié qu'ils se réglaient et chauffaient comme aux plus beaux jours, je pus contempler avec fierté mon break restauré :



PS : Moyennant une forte somme en espèces , je suis prêt à céder les pièces récupérées qui trouveront leur place dans l'intérieur de toute personne de goût que ce soit comme miroir d'appoint, comme élément décoratif ou comme œuvre d'art contemporain (me contacter par E-mail).


Magnifique, non ?


*Il ne s'agit aucunement de faire une concurrence déloyale au bon M. Camus, comme disait Lao-Tseu, chacun son métier et les vaches seront bien gardées.

**Jeu de mots d'une colossale finesse !

mercredi 6 janvier 2016

Enculeurs de mouches et apprentis-sorciers !

La France compte quelques millions de chômeurs. L'insécurité, qui n'est certes qu'un sentiment honteux, se propage. Des islamistes s'éclatent ou nous éclatent à la kalachnikov. Des migrants et autres Rroms entrent chez nous comme papa dans maman et installent leurs campements dans nos villes. On est de plus en plus nombreux à se partager un gâteau qui, lui, n'augmente pas. Bref tout va bien.

Et quel est le problème qui agite les gens de gauche enculeurs de mouches ? Eh bien la fameuse déchéance de nationalité ! Et pourquoi ça ? Parce que voyez-vous, elle créerait deux catégories de Français ! Alors que chacun sait que la République ayant apporté à nos concitoyens liberté, égalité et fraternité nous sommes tous libres, égaux et fraternels comme c'est pas possible.

J'ai déjà écrit que le côté dissuasif de la mesure n'était pas la question. Pour moi, un petit coup de guillotine trancherait la question. Sans compter que ça rendrait service au malheureux terroriste qui n'aurait pas eu la chanse de se faire zigouiller au cours de ses attentats : en l'exécutant, on en ferait un martyr de la foi et à lui lui petites vierges du paradis ! Seulement, la peine de mort est passée de mode. En dehors de quelques assassins peu au fait des tendances, qui songerait à l'appliquer dans la France du XXIe siècle, pays des Droits de l'Homme ?

Mais revenons à nos catégories. Hier midi, un professeur de Français de Bobigny était invité au 13 heures de la RSC. Il avait écrit une lettre ouverte au président Hollande, où son petit cœur s'épanchait. Curieusement, quand je m'épanche dans un article, aucune radio de service public ne me prie d'en venir lire quelques extraits à ses micros. Pour lui on eut ce geste. Donc, ce brave jeune homme (je l'espère jeune!) la voix pleine de trémolos rentrés s'exécuta. Il était question de trahison envers lui et ses disciples divers. Alors qu'il passait le plus clair de son temps à expliquer à ces derniers à quel point ils étaient Français, autant et même plus que bien des souchiens ignares, hontes pour leur pays, voilà que le chef de l'État venait foutre en l'air son apostolat et créer, chez des êtres plein d'espoir et de confiance dans leur belle quoique récente patrie, un profond désarroi. Ainsi ils ne seraient plus que des Sous-Français soumis à d'autres lois ? Ainsi, cette terre d'espoir et de gloire** qu'ils aiment de fine amour les bafouerait ? Etc.

Ce brave pédagogue, écoutant davantage son cœur que sa raison oubliait certains détails : d'abord que pour ses chères têtes blondes, brunes ou crépues avoir une double nationalité n'est pas nécessairement la règle. Ensuite que la mesure qui « fait débat » n'est prévue qu'en cas d'action terroriste. S'ils ne commettent ou ne participent à aucun attentat, la mesure ne saurait les concerner.

Je passerai sous silence son apologie sous-jacente de la multi-culture de ses ouailles car cela soulèverait la question du communautarisme. On voit assez comme à partir d'un projet de mesure symbolique, en mettant en œuvre toute sa mauvaise foi, un apprenti sorcier peut, plutôt que de tenter de l'effacer, aider à se renforcer un sentiment de non-appartenance chez ceux dont on lui confie la formation. Les prêtres de Constantinople assiégée, qui disputaient, dit-on, du sexe des anges étaient certes des enculeurs de mouches mais faute d'être utiles, ils demeuraient inoffensifs. Leurs homologues modernes ajoutent la nocivité à la ratiocination comme ils desservent toutes les personnes qui, quelle que soit leur origine, ont eu à cœur et se sont donné les moyens et le mal de faire de leurs enfants des Français assimilés.

* Je recommande le passage où il évoque une France « protégeuse et partageuse (sic) » !
**Land of hope and glory, comme disent les British

mardi 5 janvier 2016

Toujours pas très Charlie...

Pour nos chers media, soit on est Charlie, soit on est pro-terroriste. Curieux raisonnement ! Comme si ne pas s'identifier à l'équipe de ce journal que peu lisaient impliquait une adhésion au terrorisme assassin. Manichéisme, quand tu nous tiens ! Si tu n'approuves pas l'immigration de masse, tu es raciste. Si tu penses que le mariage n'est pas forcément pour tous, tu es homophobe. Si tu n'évoques pas à tout bout de champs les « valeurs de la République », tu es fasciste. Ceux-là même qui sont contre l'amalgame, le pratiquent sans vergogne, sans même en être conscients.

Être contre le terrorisme et pour la liberté d'expression est une évidence pour moi. De là à déclarer mon identité avec des gens que je n'appréciais absolument pas, dont je ne lisais pas les écrits et dont les dessins me faisaient autant sourire qu'un clou dans ma chaussure...

Un an a passé. L'inaugurateur de chrysanthèmes va dévoiler des plaques. On a légiondhonneurisé les victimes. On vivra une semaine durant dans la commémoration. Pour l'occasion, l'équipe du journal commet une Une ridicule qui fait d'un Père Noël en chemise de nuit le coupable et tire son torchon à un million d'exemplaires.

Ce « spectacle » est désolant. Mais qu'est-ce qui est le plus désolant ? Qu'un président aux abois tente de faire de tout bois le feu dont il aimerait réchauffer une opinion pour le moins tiède ? Que des media tentent de combler leur insondable vacuité à coup d'hypocrites souvenirs émus ? Que des « journalistes » au talent douteux mettent l'occasion à profit pour se faire des ronds ? Ou de constater qu'une partie non négligeable de l'opinion mord à ces hameçons ?

Président, media et journal font leur boulot, ou du moins le boulot qui est devenu le leur. L'adhésion de gogos à leurs pitreries émotionnelles me paraît plus préoccupant.

Décidément, après un an, je ne reste pas plus Charlie que je ne suis devenu Paris en novembre.

dimanche 3 janvier 2016

Nomade ou sédentaire, telle n'est pas la question !

L'autre soir, j'ai réagi au texte d'un ami Facebook qui vantait les incroyables possibilités de mobilité qu'offre notre monde digital. Mobilité non seulement virtuelle mais aussi spatiale que nous offriraient les technologies modernes. Ainsi émergerait une nouvelle humanité, plus libre, car affranchie de ces carcans que sont les peuples, les États et les nations et jusqu'aux habitudes de vie. Avec pour corollaire le surgissement du « citoyen du monde », plus adaptable, possesseur d'une largeur de vue sans cesse stimulée par de nouvelles rencontres, de nouveaux lieux, de nouvelles situations, de nouvelles occupations, bref un homme nouveau et pourquoi pas supérieur.

Bien entendu, je n'adhérai pas à cette vision et je laissai un commentaire rédigé en grande partie en anglais dans lequel j'opposais l'homme enraciné au soi-disant « citoyen du monde ». Et puis, au matin jugeant le débat un brin stérile, je supprimai mon intervention. Toutefois, l'auteur du post ayant pris connaissance de ma critique disparue y répondit puis développa son point de vue dans un article de blog.

Lecture intéressante en ce qu'elle expose avec enthousiasme le point de vue d'une personne que fascine la modernité et qui voit en elle une ouverture inouïe sur un monde riche en variété et en surprises. Mouais. Je veux bien tout ce qu'on veut, c'est à dire que je conçois que l'on puisse s'enthousiasmer sur ce qui me laisse de marbre, que l'on puisse trouver une valeur immense là où je n'en vois pas, bref qu'on ne partage pas ma vision des choses et du monde.

Mais en y réfléchissant, tout en reconnaissant la cohérence interne d'un discours ou le nomadisme n'exclut pas les racines, je me dis « Nihill novi sub sole ». Certes, les technologies accélèrent et multiplient les occasions d'être mobile mais de là à considérer qu'elles permettent l'émergence d'une nouvelle humanité disposant d'une supra-citoyenneté mondiale il y a un pas que je ne franchis pas.

Opposer l'homme d'hier, sédentaire, attaché à la glèbe, prisonnier d'une communauté et de sa vision forcément étriquée du monde parce que bornée par des us, des convenances à un nouvel homme libre me paraît illusoire. Ne serait-ce que parce que de tout temps l'homme a été mobile de manière plus ou moins restreinte, mais mobile. Que ce fût à l'occasion d'invasions, de pèlerinages, de croisades, de guerres, nombre ont ressenti le besoin ou se sont vus contraints à la mobilité. Mon père, connut, au gré des vicissitudes de la guerre le Canada, l'Algérie, la Tunisie, l'Égypte, l'Afrique du Sud, le Sénégal et j'en oublie lors de séjours parfois brefs, parfois durables et cela sept ans durant. Il n'était pas seul dans son cas. J'ai moi même pas mal vécu à l'étranger et ai vagabondé de ville en ville, de région en région dans notre beau pays. Seulement il ne me semble pas que ce « nomadisme » soit de nature à transformer la nature profonde d'un être. Des séjours prolongés outre-Manche m'ont même fait prendre une meilleure conscience de mon appartenance à la France. Pour ce qui est des courts séjours, des rencontres multiples et variées, je crains qu'ils ne puissent que permettre d'effleurer la surface des choses et provoquer l'illusion qu'existe une communauté mondiale sinon uniforme du moins largement similaire.

En réalité, si on approfondit un peu il devient évident que nous sommes le fruit d'une culture véhiculée par une langue qui découpe et décrit le monde de manière originale. Que l'on pratique d'autres langues n'y change rien sauf peut-être dans le cas du bilinguisme. Car même le plus érudit des hellénistes ne saurait rêver de jamais devenir un Grec ancien. J'opposerai la langue de culture à la langue de communication. Si la première permet également de communiquer, elle enracine et fonde l'être et cela d'autant plus qu'on en approfondit le savoir. La seconde se borne à permettre des échanges quel que soit le niveau de connaissance qu'on en ait.

Ce constat n'implique pas la fermeture à autrui ou la sédentarité. Il me paraît simplement qu'il interdit l'illusion que pourrait apparaître un « citoyen du monde » chez qui le commun dépasserait le spécifique.