Nos commentateurs politiques nous l’assurent et répètent :
l’élection de M. Sarkozy avec 64,5% des suffrages et un taux de participation
de 58% est une contre performance. Le véritable gagnant est M. Lemaire avec
presque 30% des suffrages. Il en est d’ailleurs content comme tout.
Moi, j’envie son heureux caractère au jeune Bruno. Voilà un
gars qui à la veille du scrutin affirmait être certain que se tiendrait un
deuxième tour, qu’il le gagnerait et qui, alors que ses prévision ont été cruellement
démenties, se réjouit d’avoir obtenu moins de la moitié des suffrages du
vainqueur ! Plus fort que Hollande
le député de l’Eure ! Il se plante
et se pavane. Il est vrai que les media l’y aident grandement. Après de telles
victoires, point besoin de défaites ! Mais Bruno, il est satisfait. Ce qui prouve qu’il
est un bon politicien : quelqu’un qui dit n’importe quoi et s’enorgueillit
ensuite de ses échecs.
Faisons un peu de politique fiction. Imaginons que les
militants du PS soient appelés à élire leur dirigeant suprême. Nous sommes en
pleine fantaisie car le secrétaire général du PS est choisi par un Conseil National
du parti, composé de 204 membres élus par le congrès et des 102 Premiers
secrétaires fédéraux, chefs de file des socialistes dans leur département. La
démocratie pyramidale, si chère au cœur des communistes, rien de tel. Ainsi, M.
Cambadélis qui dirige avec brio son parti a-t-il été choisi par 67,12 % de 306 apparatchiks (soit au maximum
205 suffrages) tandis que l’inconnu Sylvain Mathieu recueillait les 32,88%
restants. A-t-on pour autant applaudi au score inouï de l’anonyme ?
Mais revenons à nos fictions. Qui pourrait imaginer qu’une
élection démocratique du dirigeant du PS permettrait à un quelconque candidat d’être
élu au premier tour avec plus de 60% des voix ? Un tel scrutin n’exposerait-il
pas au grand jour les profondes divisions qui parcourent ce parti ? Prudents, nos grands démocrates se gardent
bien de l’organiser ! Dans le fond, ils ont tort : il ne viendrait à
l’idée d’aucun commentateur politique de critiquer ses résultats quels qu’ils
soient. Car, en bons serveurs de soupe, ils ne verraient dans l’éparpillement
des suffrages que l’expression d’une bienheureuse diversité, ils souligneraient
la vitalité du débat démocratique interne qu’il met en évidence. Quand à droite on n’obtient pas un score de
Maréchal, c’est un signe de désaveu, de profondes divisions et les prémisses d’une
future guerre des chefs. Curieux, non ?