..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 12 août 2014

L’Irlande


L’Irlande est, comme sa voisine la Grande-Bretagne, une île. Ensemble, elles forment ce que l’on nomme communément  les Îles Britanniques et que les Irlandais, toujours prompts à contrarier leurs voisins, appellent Îles Anglo-Celtes. L’Île se divise en deux parties : au Nord-Est l’Irlande du Nord (ou, pour les unionistes, l’Ulster) peuplée en majorité de protestants, au sud la République d’Irlande, peuplée d’ivrognes à qui on ne saurait jeter la pierre vu qu’ils ont généralement épousé des Irlandaises. C’est à cette dernière partie que nous nous intéresserons.

Une île donc, ou du moins sa majeure partie. D’une superficie de 70 000 km2, ce qui pour un pays insulaire n’est pas si mal, elle est entourée de tout côté d’étendues d’eau saumâtre que l’on nomme à l’est Mer d’Irlande, au sud Mer Celtique et à l’ouest Océan atlantique sans que cela change quoi que ce soit à sa salinité. Le nord et le sud sont collineux, voire montagneux tandis que le centre serait plutôt plaineux mais tout cela avec modération vu que le point culminant, le Carrauntoohil avec ses 1038 m est moins difficile à escalader qu’à prononcer et que les plaines y sont au-dessus du niveau de la mer comme il sied. Des fleuves sans grande importance parcourent le pays en y formant de ci-de là des lacs nommés loughs car les Irlandais ont un fort accent . Le plus long d’entre eux, le Shannon traverse le pays du nord au sud et mesure 386 km, ce qui en fait le plus long des Îles Britanniques au grand dam de l’Angleterre. Le climat y est de type pourri (ou océanique). Avec 250 jours de pluie par an, la Verte Erin n’a rien à envier à la Bretagne ou à la Normandie qui, elles, pourraient jalouser ses tourbières si posséder des tourbières était enviable. La population y est d’environ 4 700 000 habitants, c’est peu penseront certains, mais quand ils se mettent à chanter en s’accompagnant à la harpe, la flute, au banjo ou au tambourin, cette impression se dissipe rapidement.

Les premiers occupants humains de l’île seraient arrivés au 9e millénaire avant Jésus-Christ et sont donc probablement tous morts. Il faudra attendre le VIe siècle d’avant notre ère pour que s’y installent les Celtes ce qui constitue un délai d’attente plutôt long. Les Romains n’occupèrent jamais le pays qui fut christianisé par Padraig (ou Patrick)  au Ve siècle. Il est à noter qu’ayant fait des disciples certains d’entre eux, comme Saint Ke ou Saint Burdoc sont réputés être venus évangéliser l’Armorique, traversant la mer sur des auges de pierre (technique de navigation que nous ne saurions trop déconseiller à ceux dont la sainteté est douteuse). Au IXe siècle, les vikings viennent s’y adonner à leur sport favori, le pillage, comme un peu partout en Europe. Ils y installent même des comptoirs côtiers afin de mieux piller l’intérieur. Après que Brian Boru, empereur des Irlandais ait vaincu les scandinaves en 1014, le pays va connaître une courte indépendance car les Anglais vont commencer à l’envahir dès la fin du XIIe siècle. Ce sera chose faite en 1494 et, en 1541, le bon roi Henry VIII se proclamera roi d’Irlande. Mettant à profit les troubles provoqués par la révolution anglaise, les Irlandais se révolteront en 1641 mais c’était mal connaître le caractère sévère, revanchard et rancunier de M. Cromwell qui viendra les châtier en 1649 massacrant pour ce faire entre un tiers et la moitié de la population. Pour leur apprendre à vivre, on leur confisque des terres dans le nord que l’on distribue à des colons venus d’Angleterre et d’Écosse. Une éphémère république s’y établit dans le sillage de la révolution française, mais elle sera écrasée dans le sang par les Anglais comme il convient en ce genre de cas. Au XIXe siècle la population après avoir notablement augmenté, se verra rapidement réduite par la grande famine des années 1846-48 et l’émigration qui la suivra. Il faudra attendre 1916 pour qu’ait lieu un nouveau soulèvement contre l’Anglois, ressenti, allez savoir pourquoi, comme oppresseur. Ayant horreur d’être ainsi calomnié, l’Anglois y mettra dûment fin par un nouveau bain de sang. L’Irlandais ayant du mal à comprendre les choses les plus élémentaires, enverra en 1918 une majorité indépendantiste au parlement, lequel proclamera l’indépendance. La dissolution de ladite assemblée par l’Angleterre provoquera un nouveau soulèvement à la suite duquel une certaine indépendance sera reconnue en 1921 qui entraînera la partition du pays et une guerre civile bien sanglante. Il faudra attendre 1937 pour que la République d’Irlande soit établie et au moins la Saint-Glin-Glin pour que cessent les troubles en Ulster.

Du point de vue économique, l’adhésion à la Communauté Européenne a bougrement profité à l’Irlande, vu qu’en 36 ans elle y est passé du camp des plus pauvres à celui des plus riches. Cela grâce à l’installation de nombreuses firmes étrangères attirées par un environnement fiscal favorable et aussi à une spéculation financière accompagnée d’un important surendettement. Du coup, la crise de 2008 y fit des ravages. Les activités traditionnelles irlandaises sont le tourisme (de riches Américains originaires de l’île viennent y voir ce à quoi ils ont échappé), la chanson, la fabrication de stout (bière quasi-noire dont la marque la plus connue est la Guinness) et de harpes celtiques, les industries pharmaceutique, chimique et informatique.

L’Irlandais est jovial, buveur, rougeaud et aime chanter. Son épouse est catholique. Sa réputation d’extrême stupidité (la plupart de nos histoires belges ne sont que des adaptations d’histoires irlandaises qui font rire les Anglais), est largement usurpée et probablement due à l’accent avec lequel il s’exprime dans un  anglais qui le rend incompréhensible à l’honnête homme (privilège qu’il partage à un moindre degré avec l’Écossais de Glasgow). Si vous habitez le Sahara et que vous êtes en quête d’un réel dépaysement, la verte Erin est ce qu’il vous faut. De même si une nuit à boire une bonne quinzaine de pintes de Guinness en reprenant en chœur les tubes des Dubliners ou des Wolfe Tones, est votre tasse de thé, n’hésitez pas : votre séjour  ne vous laissera aucun souvenir si ce n’est un mal de crâne et la réalisation que la merveilleuse Irlandaise du soir est nettement moins tentante le matin venu (dernière expérience réalisable à Romorantin avec une Solognote comme à Châteauroux en compagnie d’une Berrichonne).

lundi 11 août 2014

Mea culpa, on aura tout vu, rien n’est vraiment impossible, etc.



Ce matin, dans le demi-sommeil qui précède mon lever, j’entendis de curieux bruits, rappelant curieusement ceux qu’on fait en rangeant casseroles et gamelles, en plus soutenu toutefois. De plus, la durée du vacarme laissait présager d’une activité aussi énergique que majeure. Bien que cela m’étonnât, je me dis que, suite à un réveil matinal ma compagne s’était attelée à une réorganisation totale des placards de la cuisine. Ce qui ne manqua pas de m’intriguer vu le peu de propension de l’intéressée à se lever à l’aube et à déployer une activité aussi considérable sitôt après. Sans compter que voir quiconque se permettre de réorganiser mes placards ne fait pas partie des actions que j’appelle de mes vœux. Je descendis donc pour trouver Nicole en train de se préparer un café. Elle m’expliqua avoir été réveillée par les effets conjugués du chien qui désirait sortir et… du bruit de la pelleteuse ! Je me hâtai de sortir et voici le spectacle qui s’offrit à mes yeux médusés :

Aussi étrange, improbable, étonnant et incroyable que cela me parut, une pelleteuse était bel et bien en train de défricher l’arrière de la maison du voisin. N’étant pas sujet aux hallucinations, et au cas où j’eusse commencé de l’être, voir et entendre un tel engin de terrassement en pleine action ne fait pas partie de celles que certains abus sont censés provoquer. Plutôt que des pelleteuses oranges, il est réputé courant de voir des rats bleus, des éléphants roses, la Vierge Marie, des diablotins cornus ou des OVNI.

Il fallait bien se rendre à cette inconcevable évidence : contrairement à son habitude, mon voisin ne m’avait pas raconté d’histoires ! Les travaux qu’il m’avait annoncés étaient bel et bien en cours de réalisation !  Dans un premier temps, je ressentis un mélange de honte et de remords pour ne pas l’avoir cru. Bien vite leur succéda un réconfortant sentiment de totale confiance en l’avenir : si un tel prodige avait lieu, ne pouvait-on pas en envisager d’autres ? Comme par exemple la paix au Moyen Orient, le mariage d’Obama et de Poutine, le retour à la raison des divers fanatiques, voire, mais là c’est plus douteux, la prise d’une mesure utile et efficace par notre cher gouvernement ?

dimanche 10 août 2014

Tout ça est bel et bon !



N’ayant ni l’autorité, ni les connaissances nécessaires ni même l’envie d’apporter de réponses aux problèmes géopolitiques qui se posent à l’Est de L’Europe et au Moyen de l’Orient, je me vois de plus en plus contraint de me rabattre sur le futile. Ça présente le double avantage de parler de sujets sur lesquels j’ai de vagues lueurs et d’éviter de sortir des âneries provoquant d’inutiles polémiques.

Surtout qu’en dépit des troubles divers qui agitent le vaste monde, j’ai le bonheur de connaître quelques satisfaction comme par exemple celle-ci : 




Ce magnifique bouquet est composé des tous premiers glaïeuls qui on bien voulu éclore au jardin. Vu qu’il y en a une soixantaine à venir, nous devrions pendant quelque temps bénéficier d’une maison fleurie. Et cela d’autant plus que parallèlement, ne tarderont pas à s’épanouir les corolles d’une trentaine de pieds de dahlias. Voilà pour le bel, passons au bon :




Ceux d’entre vous qui ont l’œil perçant verront que ces quatre tomate de la variété cœur de bœuf totalisent un poids d’un kilo quatre cents grammes, soit une moyenne de 350 grammes chacune. Il ne s’agit pas de ces imitations côtelées qu’on trouve dans le commerce, mais de l’authentique produit. Oh, bien sûr, comparé aux quelques 700 grammes qu’avaient atteint certains fruits l’an dernier, c’est bien peu, mais le nombre compense la faiblesse des individus. Toute médaille ayant son revers, je me demande ce que je vais bien pouvoir en faire vu qu’il me reste encore beaucoup de sauce de l’an dernier et que je ne vais tout de même pas ne plus manger que des tomates, farcies ou en salade.

Même heureuse, la vie n’est jamais simple.

samedi 9 août 2014

Les deux écoles



En matière d’entretien du terrain, il existe deux écoles. La première est conservatrice, on y sent qu’un désir malsain de domination de la nature s’allie à un besoin étriqué d’ordre. Voici ce que ça donne :
DSCF0673.JPG





La seconde est moderne, elle respecte la nature, la laisse se développer, des herbes folles s’y dressent, des arbres, des fougères, force ronces et orties y naissent et croissent :



N’est-ce pas merveilleux ? Dire que voici bientôt sept ans, quand nous sommes arrivés, il s’agissait d’un seul et même terrain ! Que de progrès depuis !

N’empêche que mon cher voisin, sa créativité botanique, elle commence à m’agacer grave. Les ronces et autres arbustes menacent la clôture qu’il m’a laissé le soin et le coût d’installer. Peut-être que son amour de la liberté lui a fait considérer le grillage comme un obstacle à la divagation de son rottweiler mignon. Allez savoir avec les âmes nobles…

Le plus amusant avec lui, c’est que chaque fois que je lui ai signalé un problème, il était justement sur le point de le résoudre. Ainsi, une pelleteuse devait-elle venir aménager son terrain il y a quelques semaines et bien entendu, en l’attente des travaux, il allait s’empresser de dégager à la débroussailleuse les abords de ma clôture. Il ne m’a pas déçu : j’ai au fil des années compris qu’il ne fallait rien en attendre. Je trouverai bien, comme d’habitude, par trouver une solution…

vendredi 8 août 2014

Du baccalauréat de français



Lors des dernières épreuves de français du bac, certains candidats des séries S et ES se sont, sur les réseaux sociaux,  répandus en jugements peu amènes sur M. Victor Hugo au prétexte que la simple limpidité de l’œuvre  du grand homme qu’on leur proposait de commenter leur échappait totalement. En réaction, tout un chacun se gaussa de ces ignares qui semblaient penser qu’Hugo était vivant et lui conseillaient d’éviter de les croiser dans la rue ou d’aller se livrer  à des pratiques incestueuse en compagnie de madame sa maman. Seulement, je crains que la faute soit davantage à imputer aux enseignants qui rédigent les sujets et se font une idée un peu flattée des capacités littéraires des élèves de sections scientifiques plaçant ceux-ci dans la délicate position d'un un analphabète à qui l’on demanderait de commenter en Serbe ancien un texte rédigé en Mandarin.

J’ai toujours été très sceptique sur la valeur du commentaire littéraire qu’il soit composé ou linéaire. Surtout quand il mène à transformer un texte de Pascal en éloge du sadomasochisme ou à expliciter ce qui fait de la recette  du lapin à la moutarde un sommet de la littérature mystique.  Sans tomber dans ce genre d’excès, je me suis vu contraint dans le cursus de mes études littéraires de me livrer à cet exercice et même avec un certain succès. Il n’empêche qu’écrire un texte sans intérêt à propos d’un autre qui en a peut-être, qu’extraire les significations dissimulées d’un extrait en explorant ses champs lexicaux et leurs connotations obscures me paraît particulièrement inutile quand ça ne relève pas du délire. Comme disait un mien professeur doté d’un bon sens certain : « Si Victor Hugo avait voulu le dire, il n’avait qu’à le dire ! »

On ne fait pas de quatre-vingts pour cent d’une génération autant de distingués  et subtils critiques littéraires. Dans un premier temps, si on se contentait de leur demander d’être capables de saisir le sens d’un texte écrit en français correct et d’en rédiger un compte rendu  intelligible dans cette même langue, ce ne serait déjà pas si mal. L’épreuve en question est intitulée « épreuve de français » et non de littérature. Caresser dans le sens du poil les innocentes  lubies du corps des Inspecteurs Généraux en faisant comme si rien n’avait changé au fil du siècle dernier est certes charitable mais pose problème : d’où les pauvres correcteurs vont-ils tirer les points nécessaires à attribuer une note à une copie écrite en sabir sur un texte dont le sens est visiblement resté  celé   au commentateur  ?

Mais trêve de bon sens. Il me semble que ceux qui ont eu la patience de me suivre jusqu’ici ont mérité une petite récréation. La voici, sous forme de commentaires  que m’inspirent la lecture d’un poème du grand Hugo.


Saison des semailles. Le soir

C'est le moment crépusculaire.
J'admire, assis sous un portail,
Il va être propre, ton futal, tu vas l’entendre la mère Juju quand tu vas rentrer !

Ce reste de jour dont s'éclaire
La dernière heure du travail.

Du travail des autres, hein, fainéant !

Dans les terres, de nuit baignées,
Je contemple, ému, les haillons
Comme quoi travailler de l’aube au crépuscule ça n’a jamais payé !
 
D'un vieillard qui jette à poignées
Un vieillard, contraint de bosser quand les feignasses comme toi à 64 ans passent leur temps à écrire des conneries !

La moisson future aux sillons.

Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours.
Aussi profonds que soient les labours, s’il ne les dominait pas ça serait un sacré nain !

On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours.
Honnêtement, s’il ne croyait pas qu’avec le temps les graines poussent, on se demande pourquoi il s’emmerderait à semer !

Il marche dans la plaine immense,
Va, vient, lance la graine au loin
Rouvre sa main, et recommence,
Ben oui, qu’est-ce que tu voudrais qu’il fasse  entre deux jets de graines ? Un triple salto arrière ? Qu’il joue « Viens Poupoule » à la cornemuse ?

Et je médite, obscur témoin,

Pendant que, déployant ses voiles,
L'ombre, où se mêle une rumeur,
Et qu’est-ce qu’elle colporte comme ragots cette rumeur ?

Semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur.
Une ombre, soit ça obscurcit et on ne voit pas bien, soit c’est projeté à terre. Mais élargir jusqu’aux étoiles un geste, si auguste soit-il, c’est pas possible, pomme à l’eau !