La colonisation est un crime. Toute personne surprise à
affirmer que sur certains points, peut-être, elle aurait pu avoir des aspects
positifs s’expose à la vindicte de nos bons gauchistes en attendant qu’une prochaine
loi vienne lui infliger la juste peine qu'ils méritent. Je me garderai bien de les contredire
et même j’irai dans leur sens afin que soit mis fin à un abus qui souille d’une
tache honteuse la robe immaculée de notre chère République. Je veux bien
entendu parler de ce scandale que constitue la pérennisation du système
colonial dans ces confettis d’empire que l’on a maladroitement tenté de masquer
sous le sigle de DOM-TOM.
Si une colonie est un « établissement
fondé par une nation appartenant à un groupe dominant dans un pays étranger
à ce groupe, moins développé, et qui est placé sous la dépendance et la
souveraineté du pays occupant dans l’intérêt de ce dernier » comme l’écrit
M. Robert Le Petit dans son best-seller*, il faudrait toute la mauvaise foi d’un
ennemi du progrès pour nier que les DOM-TOM correspondent en tout point à cette
définition. Ce n’est pas Mme Christiane Taubira, militante indépendantiste de
longue date à qui seule sa générosité naturelle a permis de surmonter ses
justes rancœurs pour venir instaurer un peu plus de justice au sein de ce peuple même qui
opprima et continue d’opprimer le sien, qui me contredira.
Depuis bientôt quatre siècles pour certains, ces territoires
souffrent sous le joug d’une puissance étrangère hostile à leur développement
culturel et économique après y avoir en maints endroits pratiqué l’esclavage
jusqu’en 1848, c'est-à-dire, à l’échelon de l’histoire, hier. Comment de si
récentes plaies pourraient-elles ne serait-ce que commencer de cicatriser ?
Comment de si infâmes crimes pourraient-ils sombrer dans l’oubli ?
Il serait grand temps de mettre un terme à cette situation
scandaleuse qui trouve sa source dans notre rapacité égoïste. Bien sûr, il
faudrait se résigner à ce que la France perde son rang au classement des
producteurs de bananes ou de rhum. Il faudrait qu’elle se résigne à cesser de
voir flotter son drapeau sur les Caraïbes, Le continent Américain, les océans
Indien et Pacifique et jusque sur certain archipel de l’Atlantique Nord. Mais
la justice n’a-t-elle pas un prix ?
Certains mettent en avant le fait que nos Antilles sont
françaises depuis bien plus longtemps que certaines provinces métropolitaines.
Comme si l’ancienneté d’une faute justifiait sa poursuite** ! D’autres mettront en avant des raisons
stratégiques. Sans ces territoires et les bases qu’elles offrent, la France
cesserait d’être une puissance mondiale capable d’intervenir en tout endroit du
globe. Il est cruel de sortir une telle plaisanterie devant qui a les lèvres gercées. D’abord on ne peut pas réduire continuellement
son budget militaire ainsi que les effectifs de son armée et affirmer sa prétention à
demeurer une puissance militaire de premier plan. Ensuite, si on y tient
vraiment, il serait possible de passer des accords avec les nouveaux pays
indépendants pour conserver nos bases. Et Kourou ? La belle fusée Ariane,
on va la tirer de Romorantin, peut-être ?
Rien ne s’oppose à ce que nous la conservions moyennant finances. Qu’en
feraient les guyanais en attendant d’avoir mis au point une fusée capable d’envoyer
Christiane faire régner la justice dans l’Espace ? Kourou, c’est comme les bananes et le rhum ça
s’achète
Il semble donc que la France survivrait à ces indépendances.
Reste à savoir si les habitants des DOM-TOM seraient ravis de leur nouveau
statut. Je ne vois à priori aucune raison pour qu’ils ne le soient pas. Recouvrer
la maîtrise de leur destin leur permettra de libérer une énergie jusque là
bridée. La langue de l’oppresseur serait remplacée aux Antilles, en Guyane et à
la Réunion par les créoles locaux entraînant un formidable épanouissement
culturel. Cessant d’être pillés par la métropole, les économies connaîtront
certainement des transformations inouïes leur permettant de rejoindre le niveau
de leurs voisins***.
Comment, vous craignez que le tableau idyllique que je viens
de brosser ne soit pas réaliste ? Qu’en fait, le désengagement de la France
dans ces territoires et départements entraînerait un effondrement économique et
culturel ? Insinueriez-vous que loin de leur nuire, la métropole les
soutiendrait ? Mais cela ne change rien au fond du problème ! Ces
gens méritent leur liberté ! Et de plus, est-il raisonnable qu’un pays déjà
surendetté continue de maintenir à bout de bras des confettis d’empire au
mépris des droits les plus fondamentaux des peuples ? Notre retrait concilierait donc bonne action
et saine gestion. Ce n’est pas si souvent le cas !
*Dictionnaire de la langue française
** Ce n’est valable que dans le cas des sans-papiers :
plus leur statut de hors la loi est ancien, plus on les pardonne. Curieusement,
quand on pratique le racket ou le commerce de l’héroïne, l’ancienneté de cette
pratique n’en facilite pas le pardon.
***Comment ça, le niveau économique de leurs voisin est bien moindre ? Vous êtes sûr ?