..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 18 juillet 2014

Attaque surprise !


  Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
Le Mildiou (puisqu'il faut l'appeler par son nom)

est venu ravager mes patates ! Un peu comme Chio, que pleura Hugo, mes carrés de tubercules sont dévastés. Quoi de plus beau, de plus charmant, de plus apte à élever un cœur déjà noble qu’une planche où verdit et fleurit la pomme de terre ?  Chaque matin, jusqu'aux cœurs les plus rudes, chacun s’attendrit au spectacle des rangs de solénacées. Et puis arrive le mildiou. Les feuilles se tachent, très peu d’abord, puis les tiges commencent à noircir. Faute d’une action rapide, la maladie descendra de la tige aux tubercules et ceux-ci pourriront en terre ne vous laissant au mieux qu’une piètre récolte. Alors, avant qu’il ne soit trop tard, il faut bien vite couper les tiges et de votre carré verdoyant ne reste qu’une étendue désolée où pointent tristement quelques moignons végétaux. Voilà où j’en suis. Ce matin, avant que le soleil ne tape trop fort, j’ai dû, la mort dans l’âme couper ras une centaine de plants. Deux brouettes ont été remplies des dépouilles. Je les ai emmenées à l’endroit où je brûle mes déchets végétaux. Car il est recommandé de brûler les feuilles atteintes afin de détruire les agents propagateurs. Selon certains, il serait mieux de pratiquer cette crémation une nuit de pleine lune tandis que de jeunes vierges dansent nues autour du brasier. Je pense qu’il s’agit là d’un reste de paganisme et n’importe comment je compte peu de jeunes vierges nues parmi mes relations.

Bien sûr, il y a un remède. Les parasites responsables étant très sensible au cuivre, un traitement préventif à la bouillie bordelaise en vient vite à bout. Mais je ne traite ainsi que mes tomates, n’étant pas fanatique des pulvérisations, surtout que le côté venteux des collines tend à les disséminer.

Tout en mutilant mes plants, je pensais que même si mon intervention s’avérait inutile, ce n’était pas grave. Bien sûr, voir ses efforts et ses soins ne mener à rien n’est pas agréable. Mais si je veux absolument des patates, il me suffira de me rendre au commerce le plus proche. Tel ne fut pas le cas lorsqu’entre 1845 et 1851 le mildiou ravagea les cultures de pommes de terre irlandaises  entraînant une famine qui fit selon certaines estimations un million de morts et poussa deux millions d’habitants à émigrer vers l’Angleterre, Les États–Unis ou l’Australie. Ce fut la dernière grande famine que connut l’Occident (Staline en organisa  plus tard une bien plus belle en Ukraine, mais on sait combien en ce domaine le communisme excelle). A la différence de l’Afrique d’aujourd’hui, aucun avion chargé de vivres ne vint au secours du peuple de la verte Erin.

En pensant à cela, mon scepticisme au sujet de l’écologisme se trouva titillé. En effet, si je me montre raisonnable dans ma pratique du jardinage (pratiquement pas d’engrais, traitements en cas d’absolue nécessité) je suis réservé sur l’agriculture « bio » ou « traditionnelle ». Car jardiner n’est  pour moi qu’un simple passe-temps, un modeste luxe. Si mes haricots ne lèvent pas, si les limaces mangent mes salades, si les rongeurs ravagent mes réserves, si une maladie me prive de tel ou tel légume, ça ne porte aucunement à conséquence. Ma survie n’en dépend pas. En revanche, quand une calamité naturelle s’abat sur le sahel, bétails et humains en meurent bien vite, bien plus rapidement et surement que ne les auraient tués les produits d’une agriculture intensive. N’oublions pas que, malgré tous ses mérites et les millions de bras (10 millions d’actifs agricoles en 1945), l’agriculture traditionnelle fut incapable d’assurer l’autosuffisance alimentaire du pays. Il fallut attendre les années soixante-dix pour y parvenir, grâce à la mécanisation et à l’emploi d’engrais de synthèse, de pesticides et autres traitements. C’est triste comme bien des vérités. Que l’on cherche à obtenir les mêmes rendements par des moyens différents (agriculture « raisonnée », OGM, etc.) est une chose, mais renoncer à un modèle productiviste me paraît déraisonnable. A moins bien entendu que l’on considère souhaitable de débarrasser la terre de nombre des humains qui en infestent la surface. C’est en effet une option…

jeudi 17 juillet 2014

La mode du « sans »



Bien sûr, on a connu au fil de l’histoire Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche et les sans-culottes mais ce n’est que depuis peu qu’a vraiment fleuri la mode du « sans ». Je veux parler du nombre de plus en plus grand de produits dont la publicité, entre autres grands mérites, vante l’absence de tel ou tel ingrédient ou substance.

Ainsi le shampoing Trucmuche est-il garanti sans parabène, l’apéritif Bidule sans alcool, le jus de fruit Machin-Chose sans sucre ajouté, La margarine Untel sans lactose et les biscottes Tartempion sans gluten. On peut concevoir que certaines de ces mentions soient utiles. Il semblerait en effet que de plus en plus de nos contemporains soient allergiques à ci, à ça et au reste. Les prévenir que manger les bonbons X ne les rendra pas malades comme des chiens mais se contentera d’augmenter leur surpoids est donc admissible.

Il n’en demeure pas moins que cette nouvelle mode surprend un peu. On pourrait se dire qu’il suffirait aux allergiques de consulter la liste des ingrédients qui figure sur les produits des industrie agro-alimentaire et cosmétique pour se rendre compte de l’absence en leur sein de la source de leurs malheurs. Je suppose que c’est ce qu’ils faisaient avant. Maintenant, consulter cette liste, c’est aussi réaliser que de nombreuses substances aux noms aussi mystérieux qu’inquiétants y figurent. Ainsi, j’apprends que les crêpes dentelles recouvertes de chocolat noir dont j’ai fait l’emplette contiennent, entre autres choses, de la lécithine de soja (et de tournesol) ainsi que de l’alpha-tocophérol. Je n’ai aucune idée (et ne cherche aucunement à en acquérir) sur ce que ces produits-là peuvent bien être mais leur présence risque d’être de nature à décourager des consommateurs plus précautionneux.  

Il s’agirait donc d’éviter une longue et inquiétante lecture à l’éventuel acheteur.  Soit. Mais pendant qu’on est en si bonne voie, ne pourrait-on pas concevoir une liste des produits n’entrant pas dans la composition du produit ? Ainsi, si absorber, ne serait-ce qu’à dose minime de l’alpha-cotophérol me répugne ou est incompatible avec mes convictions religieuses ou un serment fait au chevet de ma mère mourante, ne serait-il pas utile qu’une biscuiterie qui n’en met pas dans ses crêpes dentelles me le fasse savoir clairement ?

Eh bien, ça n’aura jamais lieu. Ne serait-ce que parce que si le nombre d’ingrédients nécessaires à l’élaboration de telle ou telle denrée est limité, celui des éléments qu’il ne contient pas est lui quasi-infini. Cette mode n’est donc qu’un élément de marketing de plus jouant sur la paresseuse inquiétude du consommateur.

mercredi 16 juillet 2014

Discriminations injustifiées



Selon une tradition pas nécessairement confirmée par les chiffres, en cas de péril mortel, comme par exemple dans les naufrages, on tentait de sauver les femmes et les enfants d’abord. En admettant que ce fût le cas, on peut se demander pourquoi. Une raison pourrait être le fait que, les femmes assurant jusqu’à nouvel ordre la pérennité de l’espèce et les enfants ayant statistiquement une espérance de vie supérieure aux adultes, cela se justifierait par un désir de sauvegarde de l’humanité. Une autre raison, bien honteuse en nos temps de grande égalité, pourrait être un vieux fond de machisme tempéré de paternalisme qui pousserait l’homme, fort par définition, à protéger la faible femme et le débile enfançon. Ce serait absolument intolérable aujourd’hui. La parité n’étant pas faite pour les chiens, en cas de catastrophe, il serait logique que l’on tentât de sauver un égal quota de femmes et d’hommes. Et, pour les enfants, qu’on les triât par sexe et qu’on les secourût de manière paritaire. Évidemment, resterait le problème de l’âge. Donnerait-on la priorité aux plus jeunes ou aux plus âgés ?  De plus, organiser la parité sexuelle pourrait ralentir le rythme des secours. Sans compter que l’existence d’un troisième genre viendrait compliquer les choses…

Il est un autre domaine où femmes et enfants se trouvent encore indûment favorisés : celui de la guerre. A entendre les commentaires des media sur les victimes des joyeux massacres actuels, il semble particulièrement honteux qu’on compte parmi elles des femmes et des enfants. Avec pour corolaire le fait que la victime masculine, elle, est, sinon tout à fait acceptable, du moins notablement moins déplorable. Ne faudrait-il pas voir là une survivance des temps archaïques où le mâle, un costaud, était en mesure de se défendre, tandis que leur soi-disant faiblesse interdisait aux femmes et à fortiori aux enfants d’assurer leur survie en cas d’attaque meurtrière.

Il me semble qu’il y a belle lurette que cette capacité de défense qu’aurait l’homme est dépassée si elle a jamais existé. Même aux héroïques temps préhistoriques, j’aimerais qu’on m’explique de quelle manière le mâle était en mesure de mieux se défendre contre la flèche ou le javelot qu’un habile adversaire lui décochait ou lançait dans le bidon (avec les déplorables conséquences que l’on devine) que ne l’aurait été une femme ou un enfant. Il n’y a qu’en cas de combat singulier  que ce soit à la masse d’arme, à la hache, au sabre que l’on peut admettre qu’un homme soit mieux en mesure de se défendre. Mais de tels combats sont archaïques. L’art de la guerre a beaucoup progressé.

De nos jours, on tue bien plus efficacement et pour ce faire on dispose d’engins sophistiqués d’une efficacité redoutable et contre lesquels le plus couillu guerrier ne peut rien. Sans aller jusqu’à employer l’arme atomique, capable de vous vitrifier en moins de deux une ville, une région, voire un pays sans distinction d’âge, de sexe, de genre, de religion, d’opinions ou de préférences sexuelles, nous disposons de missiles et de bombes, de canons, et de diverses armes à feu laissant peu de chances de survie à ceux sur lesquels elles tombent ou atteignent, si robustes soient-ils.

Plutôt que de maintenir de désuètes gradations entre les victimes  de guerre en fonction de leur âge ou de leur sexe, ne ferait-on pas mieux de s’interroger sur l’intérêt de conflits armés qui continueront de semer la mort parmi des innocents sans défense sans pour autant résoudre les problèmes ?

Le pacifisme, est certes une utopie. Le spectacle du monde d’hier comme d’aujourd’hui n’encourage pas à penser qu’il puisse jamais devenir universel. Mais, comme me le disait naguère un sage ami, même si c’est irréaliste, n’est-il pas préférable d’envisager l’utopie la plus proche de ses aspirations profondes que d’opter pour des solutions soi-disant « réalistes » qui n’ont pas plus de chances d’être jamais mises en application ?

mardi 15 juillet 2014

Ah les p’tits pois !



M. Sarkozy avait jugé en 2007, lors de l’installation de son nouveau président, que les magistrats de la cour de cassation manquaient de diversité. Qu’ils n’étaient pas plus dissemblables que des petits pois. Mal lui en prit ! Rendez vous compte. Des gens aussi prestigieux et sages que, pour prendre un exemple au hasard, M. Bilger comparés à ce légume ! Ce dernier semble en avoir tenu rancune à l’ex-président. Et c’est compréhensible. Avoir un cheveu sur la langue est déjà désagréable mais quand en plus on se retrouve avec un petit pois au travers de la gorge, c’est plus qu’il n’en faut pour embarrasser les capacités d’élocution d’un homme.

Mais ce n’est pas sur ces pois-là que portera ma causerie du jour. Je traiterai du légume. Il m’arrive fréquemment de me montrer critique envers certaines maladresses du Créateur. La couleur verte des pois et des haricots permet à ces deux légumes de se mieux dissimuler parmi le feuillage de la plante qui les porte, en compliquant la récolte. Il eût été plus judicieux de leur donner une teinte contrastant avec le reste du plant. Surtout que tomates, fraises et autres framboises montrent clairement les avantages d’une telle idée. Mais passons… Une autre aberration de la nature est la mouche qui vient pondre sur la fleur du pois et dont les œufs éclosent dans la gousse, libérant une larve qui se met en devoir de dévorer à belles dents (métaphore !) son contenu. A quoi pensait le créateur quand il a conçu cet insecte ? A procurer à l’homme un plat complet associant un complément carné au légume ?  Toujours est-il qu’il n’a fait que compliquer la vie de ceux qui refusent l’asticophagie. J’en suis.

Ce matin, je me suis livré à la double corvée du ramassage et de l’écossage subséquent du pois. Une heure et demie de labeur m’ont permis d’obtenir, au mieux, l’équivalent de deux boites de conserve de la précieuse légumineuse. Si on prend en compte le temps pris par le labour, le hersage, le ratissage, le semis, les binages, le prix de l’outillage et des graines, le potager apparaît comme une activité peu rentable. Quand j’entends que la crise pousserait de plus en plus de gens à jardiner afin d’économiser sur les légumes, ça me laisse pour le moins perplexe. Les divers parasites, maladies, intempéries rendent l’aventure bien hasardeuse. Beaucoup d’efforts et un peu de dépense peuvent très bien mener à un résultat nul.

En fait, jardiner est un loisir. Bien moins onéreux que le casino, les sports mécaniques ou le golf. La satisfaction qu’on en tire est de pouvoir déguster des légumes d’une fraîcheur et d’un goût incomparables. Le pois que l’on récolte sans attendre qu’il ait atteint sa pleine maturité (et accessoirement que l’asticot ait fini de le bouloter) demande peu de cuisson, s’avère d’une tendreté insigne et n’est point farineux. La pomme de terre nouvelle arrachée juste avant d’être cuite est délicieuse. Chercher son équivalent dans le commerce est illusoire, quel que soit le prix que vous y mettriez. Quant aux tomates ou aux haricots verts du jardin, les comparer à ce qu’offre un marchand de légumes serait leur faire insulte.

Tout cela est bien dérisoire, certes. Mais bon, tant d’efforts pour de si brefs moments de plaisir, n’est-ce pas une métaphore de la vie ?

lundi 14 juillet 2014

Âmes sensibles, s’abstenir !






Mais, c’est la gentille petite Elphy, la petite chiechienne à sa maman ! La petite boule de poil ! C’est mignon, ça ! Regardez comme elle lève un regard enamouré vers son adorée maîtresse ! Ça ne ferait pas de mal à une mouche, ça!  Le Bon Dieu, on le lui donnerait sans confession… Eh bien on aurait tort ! 




Mais faisons d’abord un retour en arrière. Depuis une quinzaine de jours, une poule suivie de ses huit petits poulets a pris pour habitude de quitter la ferme d’Arlette pour le jardin de votre serviteur. Et là, ces neuf délinquants (il n’y a pas d’autre mot) se livrent à leur sport favori qui consiste à gratter mes plates-bandes à la recherche de vers ou graines susceptibles de combler leur gourmandise. Avec les dommages collatéraux qu’on peut imaginer. En constatant les premiers dégâts, j’ai d’abord pensé que la culpabilité en revenait à un autre animal. Un animal poilu. Du genre canidé. D’une race qui aime à creuser un peu. Un terrier, par exemple. Eût-il été originaire du Yorkshire que je n’en eus pas été plus surpris que ça. Seulement, même en son absence les déprédations se poursuivaient. Un jour, je trouvai autour du camélia une jonchée de feuilles mortes qui la veille n’y était pas. Je pensais innocemment que le vent en était la cause. Je ramassai les feuilles mais le lendemain je constatai le même curieux phénomène. M’approchant, j’entendis sous le camélia dont les branches basses touchent le sol des pioupious révélateurs. Conscients de ma présence et pioupioutant de plus belle, sortit de son abri la bande des neuf qui s’égailla à toutes jambes  cherchant le salut dans la fuite. Je finis par mettre tout ce beau monde dehors. Hélas, quelques heures plus tard, elles étaient de retour. Le manège ne cessa pas. Quand elle arriva pour le week-end, Elphy sembla prendre un grand plaisir à chasser la volaille. Elle est joueuse, nous dîmes-nous…

Seulement, vendredi dernier, l’affaire prit un autre tour. Tandis que pour la énième fois nous mettions les gallinacées en fuite, nous nous inquiétâmes de l’absence du York. Aurait-il suivi un jeune poulet dans sa fuite ? Les alarmes de Nicole furent vite calmées. Une Elphy tout excitée vint à sa rencontre avant de l’inviter à la suivre derrière le garage et c’est là qu’un spectacle dantesque (restons dans la nuance) s’offrit à nos yeux : le cadavre d’un jeune poulet en bien piètre état gisait dans l’herbe. Le chien se rua de nouveau sur sa victime avec l’intention bien arrêtée de s’en repaître. Voulant mettre fin au massacre, l’attrapant par une patte, je ramassai l’animal.  Mais se voir ainsi  ravir sa proie n’était pas du goût de la bête, elle bondit vers le volatile saisit sa tête et tandis que je la soulevais, elle y resta accrochée et se mit à se débattre comme un beau diable jusqu’à ce que le cou cède et qu’elle retombe au sol avec la tête de l’infortuné volatile dans sa gueule. Nicole, avec son téléphone, immortalisa la scène.




Voici l’original non rogné de la première photographie :




J’avoue avoir été surpris de la sauvagerie de l’attaque. Mais allez faire comprendre à un animal que mène son instinct  les bases du vivre ensemble… Déjà que les hommes qu’on dit doués de raison ont bien du mal à réprimer leurs pulsions meurtrières…  

N’empêche que depuis je redoute une nouvelle incursion de volaille sur mon terrain et surveille de près les mouvements du chien. Je n’aimerais pas que de trop fréquentes disparitions de poulets viennent perturber l’harmonie de mes relations de voisinage comme ce fut le cas il y a bien longtemps dans une autre province… Écueil délicat à éviter tant il est aussi  malaisé, sans l’offenser, de convaincre un paysan de ne pas laisser ses volaille divaguer ou bon leur semble que de persuader un chien de ne pas les tuer.