..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 13 juillet 2014

Les guêpes et le facturophobe



Il ne s’agit pas ici de fable mais de réalité.  Ce vendredi, tandis que je faisais mon tour de potager matinal, abîmé dans la contemplation de quelque fleur de patate, un son vint m’arracher à ma rêverie : celui d’un bourdonnement. Quoi de plus commun qu’un bourdonnement quand abeilles, guêpes, frelons ou sphinx colibris emplissent l’air du bruit de leur vol ? Seulement, celui-ci était continu. Qu’il soit de passage ou qu’il butine l’insecte s’éloigne ou s’interrompt de temps à autre. Ce son est donc éphémère ou saccadé. Tel n’était pas le cas. Mon regard se tourna vers sa source et je vis sortir et rentrer du sol un flot plus ou moins continu de ces charmants insectes dont la piqure est susceptible de m’envoyer ad patres. Il fallait agir. Je me rendis d’abord chez le voisin Raymond, homme d’expérience et de service. Il n’eut aucune solution à me proposer mais me conseilla d’appeler la mairie du bourg voisin pour savoir si, moyennant sonnantes comme trébuchantes espèces, les pompiers seraient susceptibles de m’en débarrasser.  J’appelai et m’entendis dire que le temps du pompier guêpicide était révolu. Cependant me fut donné le nom d’entreprises qui se chargeaient de ces besognes. J’en contactai une et, sans tarder, un technicien me rappela : il pouvait, pour une somme de 120 à 130 Euros résoudre le problème pas plus tard qu’en fin d’après-midi. Veni destructor, le priai-je !

Comme il ne devait venir qu’en fin d’après midi, je descendis au bourg afin de m’y procurer le kit nécessaire à combattre l’œdème qu’une piqure pourrait provoquer. Le pharmacien me répondit qu’un tel produit n’était délivré que sur ordonnance, que de toute manière ils n’en avaient pas et que,  suite à une forte demande,  les laboratoires étaient en rupture de stock. C’est donc le cœur amer et l’esprit ruminant de sombres pensées que je remontai vers mon paradis souillé d’hyménoptères. Y arrivant, je vis un fourgon garé sur mon parking. Avec une bonne heure d’avance, mon sauveur était arrivé. Après quelques mots échangés, je lui montrai la source de mes tourments. C’est alors qu’une forte averse débuta. Je me réfugiai donc à la maison.

Quelques minutes plus tard j’entendis qu’on frappait. Je descendis ouvrir. L’homme m’annonça avoir mené sa mission à bien. Un peu surpris par le peu de temps qu’il lui avait fallu, je le priai de s’assoir afin que nous réglions nos comptes. Sortant de son blouson un carnet de facturation, le visage du guêpicide se fit soucieux. De ce ton las qu’on prend pour annoncer des malheurs aussi profonds qu’incontournables, il m’annonça qu’aux 120 Euros de base viendraient s’en ajouter 24 de TVA. Tandis qu’in petto je m’écriais « Merde ! Ils s’font pas chier, les mecs (les fortes émotions entraînent parfois un relâchement du langage), 144 Euros pour un quart d’heure de boulot, je veux bien qu’il y ait le produit et le déplacement, mais quand même ! », je sus dissimuler mon trouble et de la voix guillerette du bon contribuable toujours anxieux de participer au redressement des finances du pays, je l’assurai de mon ravissement à l’annonce d’une telle nouvelle. Le brave homme ne partagea pas mon enthousiasme. Le stylo à quelques millimètres du carnet maudit, il me dit que, si je voulais bien me passer de facture, je pourrais du coup me voir dispensé de TVA. J’étais donc face à un facturophobe ! Ces malades, du temps où j’étais dans le discount, j’en avais côtoyé beaucoup, qu’ils fussent fournisseurs ou clients. Cette maladie prend sa source dans une allergie aux déclarations de revenus et aux impôts et charges sociales qu’elles entraînent. Elle affecte à des degrés divers professions libérales, commerçants et artisans. Je lui signifiai mon accord de principe, mais lui avouai que, ne disposant pas d’espèces, je ne pouvais payer qu’en chèque. Cela eût découragé un être moins atteint mais, facturophobe endurci, cela ne l’arrêta pas. Je lui signai donc un chèque (sans ordre) et après qu’il m’eut remis sa carte, il partit vers de nouvelles juteuses exterminations…

samedi 12 juillet 2014

Faut-il un Thomas More à la France ?



Avant de répondre à cette poignante question qui m’est venue à l’esprit suite à un débat chez M. Goux et afin de déblayer le terrain, je vous conterai une blague qui circulait en Angleterre dans les années soixante-dix. Elle concernait la presse quotidienne.

« Le  Financial Times (quotidien financier)  est lu par ceux qui gouvernent le pays
Le Times (conservateur) est lu par ceux qui croient gouverner le pays
Le Guardian (gauche) est lu par ceux qui pensent qu’ils devraient gouverner le pays
Le Morning Star (communiste) est lu par ceux qui pensent que c’est un autre pays que devrait gouverner le pays
Le Sun (gutter press) est lu par ceux qui se foutent bien de qui peut gouverner le pays du moment qu’elle a de gros nibards » (Pour ceux qui l’ignoreraient, en dehors de titres-chocs et d’un goût marqué pour le French bashing, la grande spécialité du Sun est la photo d’une belle fille dénudée en page 3)

Évidemment, et de très loin, c’est le Sun qui était (et demeure) le plus lu… Quel rapport me direz-vous avec Thomas More ? Nous y viendrons. Mais auparavant, pour les rares lecteurs à qui ce nom ne dirait rien, je signalerai qu’il s’agit d’un humaniste britannique du XVIe siècle, juriste, théologien, historien, philosophe (il fut élève puis ami d’Érasme), Bref d’un homme de culture que la faveur du roi Henri VIII éleva à la plus haute charge du royaume avant que, tombé en disgrâce, il ne se trouve condamné à mort et décapité pour « trahison ». Catholique fervent, il fut béatifié puis canonisé. Un homme complet (sauf à l’extrême fin) en quelque sorte. Il fut un temps où, pour ministre, le roi d’Angleterre n’hésitait pas à choisir un grand humaniste, quitte à le faire raccourcir en cas de contrariété.  Certains se plaignent qu’une telle pratique ait disparu (le choix d’un dirigeant cultivé, pas nécessairement sa décapitation). C’est du moins ce qu’il m’a semblé en lisant certains commentaires chez le bon Didier. Il semblerait qu’à leurs yeux seul un homme de profonde culture (littéraire, ça va sans dire) ait sa place à la tête d’un pays. D’où ma question. Seulement, les temps ont changé. Que le peuple ait été largement aussi inculte au XVIe siècle que maintenant, je n’en doute pas un seul instant. Seulement, à la différence des lecteurs du Sun, il n’avait pas le droit de vote. Point n’était besoin de le séduire.

De nos jours, pour être élu, il faut soit séduire le peuple soit s’opposer à un adversaire que ce dernier rejette pour des raisons bonnes ou mauvaises. Je doute qu’une culture encyclopédique puisse être le principal atout de séduction de nos modernes politiques. Je doute également que ce soit suite à une étude profonde de la littérature et de l’histoire que l’on devienne un « animal politique » ou qu'on soit capable de gouverner un pays. Être un honnête homme (au sens classique du terme) compte moins qu’une bonne maîtrise du jeu politique et que l’art de la démagogie. Si le plus habile politicien que nous ait fourni l’actuelle république avait un goût certain pour la culture, c’est plutôt sa rouerie et sa pratique du système qui l’ont amené à être si souvent ministre sous la quatrième avant de devenir président suite à une interminable quête de pouvoir.

En fait, il me semble que seule une poignée de gens seraient séduite par un homme de pouvoir lettré. Malgré leur exigence en ce domaine, je crains que nombre de mes amis « réacs » en soient (de la poignée, bien entendu), ne serait-ce qu’à cause d’une haine viscérale de tout homme politique (corrompu jusqu’à l’os par définition), de l’extrême diversité et de l'intransigeance de leurs opinions…

Au risque de me répéter, ce que je demande à un politique, c’est d’avoir un programme en accord avec mes aspirations et de le mettre en œuvre. Qu’il partage ou non mes centres d’intérêt est secondaire.

vendredi 11 juillet 2014

Règlements de comptes à UMP corral



Personnellement, je n’ai rien à cirer des « scandales » qu’on nous a révélés concernant les finances de l’UMP. Le salaire de celui-ci, les notes de téléphone de celle-là, les billets d’avion  de la femme de cet autre, je m’en tamponne le coquillard avec des plumes d’alligator femelle (comme se plaisaient à dire Heidegger et Lao Tseu).

Qui suis-je pour juger du montant raisonnable qu’une ex-ministre devrait dépenser en téléphonie mobile ? Du salaire que mérite tel ou tel meneur de tendance ? Pour juger s’il est ou non justifié qu’une épouse accompagne son mari dans ses déplacements ?  On nous balance des chiffres qui semblent importants comparés au RSA, au minimum vieillesse et même au SMIC.  Ils le seraient encore plus si on les rapportait au revenu quotidien du Bangladais de base…

Ces comparaisons, je ne les fais pas. Surtout qu’il y a peu de chances que mes notes de portable atteignent des sommets : je téléphone très peu et ici aucun réseau ne passe. Prendre l’avion me panique et diriger un courant politique au sein d’un parti ne me dirait rien, quel qu’en soit le salaire.  Surtout, je trouve absurde de comparer sa situation à celle d’autrui. Je ne suis pas en faveur d’une société égalitaire.  Si tel ou tel parvient à bénéficier de gros revenus, c’est soit qu’il les mérite, soit que ses magouilles l’ont conduit à les obtenir (ce qui n’est pas donné à tout magouilleur).

On dirait que l’idéal serait que les politiciens soient pauvres. C’est un peu paradoxal vu que le citoyen lambda leur assigne pour but de l’enrichir.  Dans un pays où on ne rêve que d’améliorer son pouvoir d’achat, pourquoi seraient-ils les seuls à viser l’ascétisme ?

Les grands ministres des premiers Bourbons, que ce soit Sully, Richelieu ou Mazarin, se bâtirent durant leurs fonctions des fortunes si considérables que nos modernes serviteurs de l’état n’oseraient en rêver. Quand on regarde le patrimoine de nos actuels ministres, je suis frappé par leur maigreur. J’en suis à me demander s’il est prudent de confier la gestion du pays à des gens qui mènent si maladroitement leur propre barque. Bien sûr, comparé au mien, ils sont généralement supérieurs mais on pourrait en dire autant des avoirs moyens de bien des membres de nombreuses professions.

Ce que je demande à un politicien, c’est d’être efficace. S’il s’en trouvait un capable d’enrichir le pays par son action et dans la foulée d’en faire disparaître le chômage, qu’importerait qu’il  se garnisse largement les poches au passage ?

Alors quand on vient me parler de quelques dizaines de milliers d’Euros, j’ai du mal à me scandaliser.  Surtout que l’on se sert de ces queues de cerises pour alimenter le « Tous pourris »  qui favorise tant ceux qui doivent surtout la propreté de leurs mains à ce qu’ils n’en ont pas. Les « fuites » qui font tant de bruit ont un but : déconsidérer une faction. Elles ont  une conséquence : entretenir la démagogie populiste. On joue aux apprentis sorciers alors qu’il serait plus utile de définir un programme d’action politique visant à assurer l’avenir du pays.  Là est le vrai scandale

jeudi 10 juillet 2014

Vieillesse et ressemblance



Selon Gabriel García Márquez, « Lorsqu’un homme commence à ressembler à son père c’est qu’il commence à vieillir. ». Mouais… J’avais plutôt l’impression qu’on commençait à vieillir dès la conception. Quant à ressembler à son père, s’agit-il d’une ressemblance physique ou morale ? Pour ce qui est de l’apparence, on a toujours une certaine similitude qu’elle soit de traits, de morphologie générale ou d’attitudes acquises par mimétisme suite à une longue fréquentation. Nier l’existence de tout « air de famille » me paraîtrait  abusif.

Maintenant, si je me suis récemment posé cette question c’est qu’une chose m’a frappé : plus j’avance en âge, plus il m’est difficile de rester tranquille à lire, regarder un film ou une série télévisée quelconque. Il faut que je fasse quelque chose de mes mains. Ne serait-ce que comme en ce moment taper des mots sur un clavier. Ce n’était pas le cas auparavant, j’ai été un grand lecteur, j’ai aimé regarder films et séries. Progressivement ces tendances que je qualifierais de contemplatives ont cédé le pas à un goût marqué pour plus d’action. Au point que sauf exceptionnelle sortie, une journée sans activités manuelles me laisse un goût de plus en plus amer. Au point qu’il me faille m’établir un programme quotidien d’action. Si je parviens, mais c’est rarement le cas tant j’ai tendance à sous-estimer l’ampleur des tâches comme à surestimer mes capacités, à le remplir complètement j’en retire un certain bien être. Et c’est en cela que je ressemble de plus en plus à mon père.

C’était un actif. Jusqu’à un âge avancé, il  se levait très tôt afin de se livrer à de multiples bricolages. Et il faisait cela avec une énergie qui n’avait d’égale que sa maladresse et le peu de contrariété que lui causait un travail bâclé. Bricoler avec lui était une épreuve. Quand je lui donnais un coup de main, malgré la résolution que j’avais prise de ne plus jamais m’opposer à lui,  il me fallait prendre sur moi pour supporter les ravages que provoquait son manque de soin. Couper des planches sans mesurer, transformer un portail neuf en quasi-ruine lors de sa pose, installer des montages électriques aussi peu sûrs qu’abracadabrants, n’étaient que quelques uns de ses nombreux talents. Si j’ai appris quelque chose avec lui, c’est ce qu’il ne fallait pas faire. Ma manie de trouver imparfait tout ce que je peux faire lui était étrangère. Quand une imperfection était par trop flagrante, il ne consentait qu’à regret à la masquer par une réparation parfois pire que le défaut originel…

Il était totalement rétif à toute "inaction". De sa vie, il n’avait, en dehors d’ouvrages de droit d’administration communale, lu qu’un roman, La Mousson, si je me souviens bien. Il faut dire à sa décharge qu’une maladie le clouant au lit (la seule que je lui ai connue en dehors du Parkinson final), il n’avait d’autre choix. Quand je l’ai vu décliner, j’ai pensé que le jour où il se verrait incapable de faire quoi que ce soit de ses mains, il s’éteindrait bien vite. C’était bien mal connaître la vieillesse qui souvent apporte leur remède aux maux qu’elle cause. Plutôt que de déprimer et se laisser aller, il considéra que le peu qu’il pouvait encore faire était beaucoup… Heureux caractère !

S’il y a ressemblance, elle n’est donc que très partielle… Devrais-je en conclure que je n’ai que très peu commencé à vieillir ?

mercredi 9 juillet 2014

Qui sème récoltera !



Le problème avec le potager, c’est qu’à force de semer, de planter, d’observer la croissance des plantes vient inexorablement le temps des récoltes. Et là, ça se corse parce que les légumes pas plus que les fruits n’ont le bon goût de parvenir à maturité progressivement, fournissant chaque jour la ration souhaitée de délicieux produits d’une fraîcheur introuvable ailleurs. Au lieu de ça, après un départ en douceur, on se retrouve avec des quantités de pois, de haricots, de fèves, de courgettes, de fraises, de pommes de terre ou de framboises qu’on serait bien en mal de consommer.

La vie du jardinier se transforme alors en une suite de corvées : cueillette, écossage, blanchissement, conditionnement, cuisson, congélation. Ainsi chaque jour plusieurs heures doivent être consacrées à ces rébarbatives tâches. Cette année, du fait d’un début de saison si pluvieux prohibait d’imaginer le moindre labour avant la fin d’avril, il a fallu tout semer ou planter au même moment. Suite à cela, pois, fèves et même haricots verts dont les récoltes normalement se succèdent vont arriver ensemble tandis que les premières tomates rougissent et que les pommes de terre fleurissent, annonçant ainsi l’arrivée des premiers tubercules nouveaux… Vu que notre consommation n’est pas extensible à l’infini, le congélateur va s’emplir alors qu’il contient encore des restes de récoltes de l’an dernier.

Quelle misère ! On a quand même des compensations, comme cette poêlée de pommes de terre nouvelles sautées au beurre avec leur peau et persillées au dernier moment. Je ne vous dis pas le goût…