Ainsi, M. Toubon (que je croyais décédé tant il s’était fait
oublier ces derniers temps) ne sera pas « défenseur des droits » ! Notre bon président l’avait pourtant pressenti
pour occuper ce poste. C’était compter sans la vigilance citoyenne des
parlementaires socialistes. Car s’ils n’ont pas de cap, ils ont une mémoire…
Ainsi le pauvre homme devra-t-il, à à peine soixante-treize ans, se contenter
de sa présidence du conseil d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Eh oui, un tel poste
et une telle institution existent ! Avouez que pour un homme qui fut longtemps
député, maire d’un arrondissement à
Paris, plusieurs fois ministre, qui prit sa préretraite au parlement européen,
se trouver réduit à consacrer son indomptable énergie à déterminer la direction
que devrait prendre un établissement dont la plupart des Français ignorent
jusqu’à l’existence c’est tomber bien
bas. Tout ce qu’on peut espérer c’est que ce poste est rémunéré et qu’il l’est
grassement…
Mais qu’a donc fait le bon Jacques pour que la
représentation nationale s’oppose à sa
nomination ? Qu’est-ce qui le rend incapable de se voir « chargé de défendre les droits des citoyens face aux administrations (ombudsman) et [de]dispose[r] de
prérogatives particulières en matière de promotion des droits de l'enfant, de
lutte contre les discriminations, du respect de la déontologie des activités de
sécurité. » comme le dit si bien Wikipédia ?
Se serait-il opposé à la défense des droits des citoyens face aux
administrations ? Aurait-il combattu les droits de l’enfant ? Prôné
la discrimination ? Combattu la déontologie des activités de sécurité
(Toutes choses qu’un représentant du peuple, socialiste et donc bon par nature,
ne saurait tolérer) ?
Il semblerait que ses principaux crimes soient les suivants :
il n’aurait pas voté la loi sur l’abolition de la peine de mort ni celle sur la
dépénalisation de l’homosexualité. Tout s’éclaire ! Un gars qui voudrait qu’on coupât en deux
(selon l’amusante formule du bon Badinter) de braves gens (en fait, M. Toubon a
voté le premier article de la loi prescrivant la peine de mort mais a refusé le
reste car il voulait qu’on révisât l'échelle des peines à travers une réforme du code pénal)
et qu’on collât les homos en prison ne saurait défendre les droits, cela va de
soi, non ? On se demande même comment
des êtres si profondément méchants peuvent exister !
Pourtant ces fautes remontent respectivement à 33 et 32 ans. Jacques
était jeune alors, un peu foufou, pas vraiment sec derrière les oreilles.
Gageons qu’il se sera repenti, qu’il aura grandi, évolué, que son esprit se
sera ouvert… Un homme qui préside à l’orientation d’une structure mettant en valeur
les mérites de l’immigration après avoir participé à sa création ne peut pas
être totalement mauvais. Et puis ne dit-on pas « A tout péché miséricorde » ?
Eh bien justement : NON ! Pour les socialistes, le moindre
faux pas, le moindre écart par rapport à la doxa sont IMPARDONNABLES autant qu’IMPRESCRIPTIBLES.
Curieusement, ces gens qui pensent pouvoir changer la société refusent de
croire que les gens qui la composent puissent s’amender. Sauf, bien entendu,
les criminels de droit commun (qui sont à leurs yeux victimes de la violence sociale).
En refusant son bout de fromage à M. Toubon, nos bonnes gens de gauche
démontrent si c’était nécessaire qu’ils sont davantage guidés par la haine
partisane que par la générosité et l’ouverture. De plus, en infligeant un
camouflet à celui qui est censé être leur leader, ils sapent le peu d’autorité
qui lui reste. Ce qui est toujours bon à prendre.