Ce petit pays est trop plissé. Quand ce ne sont pas les
Alpes, c’est le Jura qui s’y colle. Il est entouré de pays étrangers parmi
lesquels la France, l’Italie et l’Allemagne. Du coup, ses habitants, d’un naturel
copieur, se sont mis, en fonction de
leur proximité avec l’un ou l’autre de ces pays, à parler qui Allemand, qui
Italien, qui Français. Il paraît même qu’un très faible nombre d’entre eux
parlerait Romanche, une sorte de patois roman, mais je n’y crois pas trop. Les
indigènes, dans un désir de simplification, ont choisi d’utiliser pour gentilé
le nom de leur pays aussi la Suisse est-elle habitée par des Suisses. On pourrait en
conclure que le Suisse est affecté d’un défaut de prononciation ou d’une grave
dysorthographie quand on constate qu’à l’arrière de ses automobiles se lit le
code international « CH ». Détrompez-vous ! Ce « CH » ne veut pas dire Chuichche mais « Confœderatio
Helvetica », nom latin du pays. Ce qui nous rappelle de bien mauvais
souvenirs.
Ignoreriez vous, chers descendants des fiers gaulois, que le
plus grand des malheurs qu’ait connu notre peuple, la colonisation, a pour origine les Helvètes,
peuple celte des vallées suisses qui, un peu poussés à cela par des Germains, voulaient
immigrer chez leurs amis Santons* (tribu celte à qui la Saintonge et
Saintes doivent leur nom)? Ces fainéants, afin d’éviter d’usantes grimpettes à travers le Massif
Central, voulurent le contourner par le sud et pour cela traverser la Prouincia
Romana. Ils demandèrent l’autorisation au proconsul, Monsieur Caius Iulius Caesar, un romain pas
très commode qui fit cependant une très belle carrière vu qu’il finit divinisé,
ce qui n’est pas donné à tout le monde. C I C refusa et leur livra même bataille. Ainsi
fut déclenchée la Guerre des Gaules avec les désastreuses conséquences que l’on
sait : destruction de la magnifique civilisation gauloise et rédaction par
Iulius Caesar de son De Bello Gallico
dont la traduction d’extraits imposa tant de rudes efforts aux jeunes latinistes de jadis.
Après avoir connu une bonne pilée à Marignan au cours d’une
bataille dont la date laisse mal deviner la grande complexité et les enjeux,
les Suisses cessèrent de guerroyer hors de leur territoire. Un temps ennuyés par le bouillant Bonaparte, lorsque ce
dernier se retira des affaires suite à de menues contrariétés, sa neutralité perpétuelle fut reconnue par
le Congrès de Vienne. Neutralité qui fut respectée et demeure avec pour
conséquence d’éviter les toujours coûteuses dépenses et destructions de guerre,
de permettre de se remplir les poches en temps de conflit et de continuer de le
faire ensuite. C’est pourquoi le Suisse est riche. Ses banques, son industrie
horlogère, ses fromages, son chocolat, ses produits pharmaceutiques, l’irrésistible
attrait que son régime fiscal son
climat exerce sur de riches étrangers, lui ont permis d’atteindre un niveau économique
TRÈS élevé, si élevé que, même en ses
moments de plus grand délire, M. Mélenchon n’oserait revendiquer pour le
travailleur français le montant de 3400€ de SMIC mensuel (brut, quand même)qu’il est question
d’y instaurer !
Notons pour l’anecdote une curieuse manie de ce pays: tout y
est pimpant, net et d’une inquiétante propreté au point qu’on s’étonne qu’à ses
frontières on ne soit pas prié de s’essuyer les pieds ou de laver ses pneus.
Une autre étrange caractéristique de ce peuple est la
coutume qu’il a, et cela depuis 1891, d’organiser
des « votations » sur tout et n’importe quoi. Il s’agit de ce que des
gens plus instruits que ces rustres nommeraient « référendums d’initiative
populaire ». Ce serait une très bonne chose si ces mauvais sujets n’en
profitaient pour légaliser la limitation de l’immigration ou la proscription
des minarets. Ils ont même, par ce biais, refusé de rejoindre l’Union
Européenne ! Ce n’est pas en France qu’on verrait de tels scandales se
produire. Il faut dire que le Suisse est conservateur, voire réactionnaire :
ce n’est que depuis 1971 que les femmes y votent !
Résumons-nous : un pays pacifique et riche où les
citoyens peuvent librement s’exprimer sur des questions qui les intéressent. Vous
faut-il vraiment d’autres raisons pour qu’en bon Français il vous inspire
dégoût et mépris ? Est-il vraiment utile de vous déconseiller d’y mettre
les pieds ?
*Il y a belle lurette (allez savoir pourquoi) que
les Suisses ne viennent plus se réfugier chez nous.