Nous voici dans une
année que l’on peu sans trop de risques qualifier d’électorale. En mars : les jolies
municipales. En juin : les réjouissantes européennes. Il va bien falloir
voter pour quelqu’un.
Pour les
municipales, la question est complexe. Un maire est souvent une personnalité
locale qui tente tant bien que mal de gérer les problèmes concrets de sa
commune. Lorsque cette dernière est petite ou moyenne, son étiquette politique,
quand il ne cumule pas sa charge avec un mandat national, est relativement
secondaire. Il n’y a, par exemple, pas
trente-six manières d’entretenir la voirie…
Dans les grandes villes, ça devient plus politique, car le budget s’étoffant,
on peut y avoir une politique culturelle et sociale…
En ce qui me
concerne, vu la taille de ma commune (moins de 300 habitants) je voterai pour
le maire actuel sans avoir la moindre idée de son étiquette politique, s’il en
a une. Étant un agriculteur à la retraite, je le soupçonne de n’avoir pour la
gauche qu’un enthousiasme modéré comme la plupart de ses pareils mais je peux
me tromper sans que les conséquences en soient dramatiques. Nos rencontres m’ayant
laissé l’impression d’un brave homme raisonnable et dévoué, je ne vois aucune
raison de ne pas le reconduire.
Le scrutin des
Européennes est plus problématique. On va élire à la proportionnelle des gens
plus ou moins susceptibles d’infléchir les orientations d’une Europe dont les directives
commencent à me gaver. Vu que j’exclus
tout vote de gauche, il ne reste que peu de choix…
Mais, de manière
générale, pour les élections qui comptent vraiment, se décider me paraît plus
délicat. Certains déclarent voter en fonction d’un programme. J’envie leur
innocence. Si nous avions des hommes d’état capable de maintenir un cap contre
vents et marées et non des politiciens gouvernant à vue en fonction du
mécontentement de telle ou telle catégorie, des sondages ou de leurs chances de
réélection, les programmes, à la condition qu’ils soient réalisables, auraient
un sens. Voter en fonction d’engagements qui n’ont pour but que de rassembler
une faible majorité et dont les promoteurs savent n’avoir ni le pouvoir ni le
désir de les mettre en application présente peu d’intérêt. En admettant que
nous bénéficions d’un personnel politique fiable, encore faudrait-il que ceux
qui les choisissent se soient clairement prononcés en fonctions d’objectifs
clairs et non de refus, d’un simple désir de « changement » ou de
toute autre raison futile.
Sans compter que l’offre
n’est pas très diversifiée. Une fois éliminés les socialistes de gauche, du
centre, de droite et d’extrême droite, le réac de tendance libérale se retrouve bien seul. Est-il éternellement
condamné à voter pour le moins pire, exprimant davantage ses refus que ses
convictions ?
Reste bien entendu
le vote blanc. Il paraît même que nos chers gouvernants ont décidé de bientôt
(après les municipales, me suis-je laissé dire) comptabiliser ce vote
séparément des nuls. Il ne va pas jusqu’à l’intégrer dans les « exprimés » pour cette bonne raison qu’en ce cas, on
risquerait au second tour d’une présidentielle ne voir aucun candidat obtenir
les 50% de suffrages exprimés nécessaires à son élection. Le premier défaut de
ce vote est donc de compter pour du beurre. Le second est de mêler des refus si
divers que ceux des bolchéviques et des nazis
à ceux de centristes frustrés.
Ne pas voter, c’est
laisser la décision à ceux dont on refuse les « solutions ».
Face à une telle
situation, je me trouve comme la poule à qui on a offert un couteau sans lui donner une bonne raison de l’ouvrir. Et
pourtant, je continuerai de voter. Pour qui m’apparaîtra le moins pire, comme d’habitude…