Connaissez-vous la haine ? J’en doute, puisque vous avez
la gentillesse de me lire et qu’il n’est
ici nullement question de haine contre qui ou quoi que ce soit. Il arrive qu’on
s’y moque du président, de son gouvernement, de ses soutiens et surtout des « valeurs »
qu’ils défendent et de l’idéologie qui les sous-tend. Admettons qu’il arrive qu’en
plus du rire ils provoquent notre mépris mais rien de plus.
La haine est un « sentiment
violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu’un et à se réjouir du mal qui lui
arrive ». Je ne veux de mal à personne et ne me réjouis pas du malheur
de quiconque. A moins, bien entendu, que l’on considère comme un mal le fait de
souhaiter qu’un parti dont on ne partage pas les idées perde les élections et
que se réjouir de sa défaite en soit un autre. J’aurais tendance à considérer
cela comme le jeu normal de la démocratie. Comme participe de la démocratie le
débat où chacun défend ses idées et les manifestations qui visent à montrer le
soutien qu’elles recueillent. Je dis ça avec d’autant plus d’objectivité que ce
n’est pas moi qu’on verra défiler sous drapeaux ou pancartes, ne serait-ce que
par horreur de la foule.
Et pourtant certain
blogueur de gouvernement ne voit là que haine. A croire qu’il se fait de ce
sentiment une idée bien floue. C’est un peu normal pour qui n’en voit aucune
chez les antifas. Comme il n’a aucune autre explication au rejet que rencontre
son idole casquée et sa belle équipe, seule la haine de gens méchants peut en
être à l’origine. Pour ce gentil garçon, seule une opposition qui partage ses
idées est supportable. La politique, la vraie, la seule c’est l’emploi, les
retraites, l’aménagement du territoire, la nécessaire augmentation des impôts,
la réfection du chemin vicinal 224.
Pour ce qui est des questions sociétales, on ne peut que
soutenir le gouvernement puisqu’il va dans le sens de la justice, de l’égalité
et, pour tout dire, du Progrès. Il ne lui vient jamais à l’esprit qu’il soit possible
et même légitime que l’on ait de la justice, de l’égalité et même du progrès
(sans majuscule cette fois) des idées différentes voire diamétralement opposées
à celles que prônent les idoles dont il demeure contre vents et marées le
fervent et auto-appointé zélateur.
Peut-on lui en vouloir ? Certes pas : après tout,
lorsqu’il ne voit partout que haine, il ne fait que relayer le discours des
maîtres qu’il suit avec une touchante fidélité. Et les maîtres, que font-ils
sinon tenter sans grand succès de maintenir par de pitoyables gesticulations un
monopole de la « pensée » qu’ils sentent de plus en plus leur
échapper ?