Voici un mois, dans un de ces magistraux billets qui
justifient l’engouement planétaire que provoque ce blog d’exception, je me
penchais sur les vicissitudes que
connaît tout dictateur
sanguinaire digne de ce nom. Une des
caractéristiques du dirigeant totalitaire est de vouloir museler tout discours
mettant en cause sa politique ou son idéologie. On ne peut pas lui en vouloir
vraiment : après tout, vu qu’il s’est emparé du pouvoir de manière brutale,
que son peuple souffre sous sa férule et
ne rêve que de le voir pendu à un croc de boucher, laisser la moindre liberté d’expression
à ceux qui s’opposent à lui reviendrait à allumer la mèche du métaphorique
baril de poudre sur lequel il trône Être haïssable, n’exclut pas toute prudence.
Curieusement, dans notre cher pays, terre des droits de l’homme
et donc modèle pour le monde, existent des factions qui ont vis-à-vis de la libre parole, dès qu’elle
met en cause, même de manière bénigne,
leur idéologie, les mêmes préventions
que le plus répressif des dictateurs. Je veux parler des antiracistes de tout
poil. Comment expliquer un si étonnant phénomène ?
Se pourrait-il que cette attitude découle des mêmes causes qui poussent le
dictateur à interdire et punir toute opposition, si larvée fût-elle ? Les antiracistes sentiraient-ils leurs
positions si illégitimes que la seule manière de les protéger serait de bâillonner
leurs adversaires ?
Il existe une autre possibilité : bien qu’ils prêchent
à qui veut les entendre que tout être humain est une petite merveille à pattes,
en fait ils pensent le contraire. Ils voient dans l’homme (au sens générique)
un être fasciné par le mal et habité par l’envie de nuire. Il faut donc
interdire tout discours contraire au leur car tous s’y rallieraient et nous
vivrions de nouveaux, immanquablement,
les Heures-Les-Plus-Sombres-De-Notre-Histoire.
Du coup pour sauver le monde, car telle est leur humble
mission ici-bas, ils incitent les politiques à voter loi sur loi et rêvent d’interdire
toute parole dissidente. Et la dissidence commence très tôt : le manque d’enthousiasme
vis-à-vis de l’immigration est assimilé au racisme et partant
condamnable.
Que de telles attitudes soient dues à un manque de confiance
en sa propre légitimité ou à un pessimisme noir sur la nature humaine, il n’empêche
que cela a pour résultat de réduire notre liberté d’opinion et conduit les antiracistes à adopter des
méthodes proches de celles du totalitarisme criminel qu’ils sont censés
combattre.
Personnellement, je serais pour une liberté totale de l’expression.
Après tout, en bien des domaines, si j’avais le goût du drame, je serais tenté
de juger certaines positions de gauche comme criminelles. N’ayant pas ce goût,
je me contente de les juger stupides et ridicules. On a beau me les seriner à
longueur de pages et d’antennes, ça ne change rien pour moi. Je m’opposerais
même à ce qu’on les interdise, vienne un réel changement. Le droit à la
connerie, méchante ou béate, devrait
être reconnu par la constitution et en tout domaine.
Par exemple, s’il me venait l’idée de défendre la thèse
selon laquelle les Guerres Napoléoniennes n’auraient fait en tout et pour tout
qu’un mort par indigestion et trois blessés légers ou que le général de Gaulle
était une naine bantoue, pourquoi m’interdirait-on de me ridiculiser ?
On m’objectera que de telles idées ne risquent pas de nous
faire revivre le HLPSDNH, ce qui est vrai. Mais à ce compte là, si le désir
profond d’une majorité d’humains est de faire revivre les années trente et
quarante du siècle dernier, permettez-moi de douter que c’est par des lois ou des
anathèmes qu’on les en empêchera.