Je ne suis pas cinéphile. Bien trop de mal à me concentrer
sur des images qui bougent. Faute d’être captée, mon attention vagabonde, je
pense à autre chose et finis par ne plus rien comprendre à l’intrigue. Il en va
d’ailleurs de même avec bien des livres… Le peu de fois où je suis allé au
cinéma ces dernières années, les films vus ont eu bien du mal à me faire
oublier l’inconfort du siège et à éviter que je regarde ma montre pour vérifier
toutes les cinq minutes que leur fin approchait.
Et puis il y a l’exception, le film qui me ravit, que je
peux voir et revoir avec un plaisir toujours renouvelé. En général, il ne s’agit
pas d’un de ces chefs d’œuvre qui font le bonheur sans partage de Télérama ou
de France Inter. C’est que j’ai le goût du futile, moi Monsieur ! Aucun penchant pour le drame humain, le
sérieux, le profond. Quand aux effets spéciaux, ils me laissent de marbre. Ce
qu’il me faut, c’est une histoire à la con et des répliques qui me fassent rire. Car j’aime rire, figurez-vous !
Hier soir, sur la chaîne 23, j’ai connu ce bonheur en
regardant L’Incorrigible avec M.
Belmondo dans un de ces rôles de ringard flamboyant où il virevolte avec
élégance. M. de Broca s’était associé à Michel Audiard pour nous concocter un
scénario aux petits oignons émaillé de répliques comme seul le grand
dialoguiste savait les écrire. Quand j’entends la dame pipi déclarer que son
mari volage « a ses habitudes au Tagada, rue Vavin », je ris, niaisement.
Parlons un peu de la distribution :
bien qu’un peu mince, Geneviève Bujold est jolie comme un cœur. On aurait du
mal à en dire autant de Julien Guiomar ou de Charles Gérard, mais quel talent !
Quant à Daniel Ceccaldi, préfet de police, bellâtre et sot comme il sait si
bien l’être : un vrai régal.
Bien sûr, on a l’impression d’une promenade entre allée de
cimetière et maison de retraite en regardant ce film. Tant de disparus, tant
qui se survivent… On se demande où est
la relève, où se cachent les Audiard, les Belmondo, les Guiomar d’aujourd’hui
ou de demain. J’ai bien vu un OSS 117 ou Jean Dujardin faisait revivre ce genre
d’anti-héros que Bébel et Montand (à son meilleur) surent si bien incarner.
Mais ça se fait rare. La farce devient lourde, la réplique maladroite. Aurions-nous
perdu l’insouciance ou bien cette nostalgie est-elle le fait d’un vieux con
qui regrette le temps de sa jeunesse où tout était si mieux ?
On est d’une époque, irrémédiablement. Il faut croire que les de Broca, Lautner, Molinaro, Audiard, et
autres farceurs Italiens ou Anglais, étaient de la mienne.