Sommes-nous encore en démocratie ? Est-il encore
possible d’exprimer fermement sa juste indignation face à un scandale ?
Telles sont
les questions que soulève en moi ce
fait
divers relevé par un ami Facebook.
Vu que rares sont ceux qui se donnent la peine de cliquer
sur les liens que je mets à leur disposition dans le but d’aider mes lecteurs à
orner leur cerveaux de connaissance nouvelles, je rappellerai les faits.
Nous sommes à Garges-lès-Gonesse, riante cité du Val d’Oise.
Dans la nuit de samedi à dimanche, à deux heures sonnées. Un valeureux
travailleur rentre de sa longue journée de dur labeur au volant d’un fourgon Master. La
faim tenaille ses entrailles. Et soudain, tel le saharien rompu de fatigue qui
aperçoit au creux des dunes la cime verdoyantes des palmiers-dattiers d’une oasis, notre homme
voit luire en haut de son mât le M jaune stylisé d’une chaîne de restauration
rapide. « Alléluia ! Voici la fin de mes tourments ! » dut
s’écrier in petto l’ardent travailleur. Il dirigea donc son véhicule vers le
comptoir du Drive de l’établissement, la bouche dégoulinante de salive et tel
le loup de La Fontaine « se forge[ant] une félicité qui le fait pleurer de
tendresse » à l’idée du cornet de grasses frites qui viendront bientôt mettre
un terme aux affres de sa faim.
Il atteint le guichet, passe commande, règle son dû à l’employé,
reçoit en échange la barquette convoitée et, avant même de démarrer, se met en
devoir de goûter les frites de son rêve accompli. C’est alors que tout bascule.
« Mais ces frites sont froides, allitéra-t-il, toujours in petto ! »!
C’est plus qu’un esprit pourtant rassis
ne saurait tolérer ! On peut supposer que notre héros menaça le fils de pute
du comptoir de lui déchirer sa race après avoir niqué sa mère comme nous l’eussions
fait en pareil cas. Mais un tel scandale exigeait qu’on passât à une forme de
protestation plus énergique. Ce que fit notre homme. Saisissant une hache, il
se mit en devoir de dézinguer le comptoir du Drive. Quelques coups suffirent
pour que vole en éclat la vitre du guichet. Pensant avoir suffisamment affirmé
sa réprobation des pratiques abusives d’une multinationale qui prend l’argent
du travailleur sans s’assurer que les mets remis en échange aient la chaleur
souhaitée, le brave garçon reprit sa route non sans avoir lancé sa hache désormais
inutile à travers le magasin.
Que croyez-vous qu’il advint ? La police, prévenue par
les esclaves du gargotier global et avisant un fourgon semblable à celui du juste
protestataire, prit en chasse ce dernier et, l'ayant arraisonné, découvrit un spectacle révoltant. Une
profonde blessure à la main laissait voir les tendons de notre homme ! Son
visage, s’il était ensanglanté, ne présentait heureusement aucune blessure. Les
pompiers furent appelés pour prodiguer les premiers soins, ce qu’ils firent
avant que le malheureux ne soit PLACÉ EN GARDE À VUE !
Dans la France pseudo-socialiste
de M. Hollande, plutôt que de soutenir les justes révoltes ouvrières, on y
incarcère ceux qui les mènent. Plutôt que de condamner une multinationale néo-libérale à remplacer le verre qui blesse
gravement le travailleur par un verre sécurisé, c’est la victime que l’on s'apprête à châtier ! La firme au M jaune se verra-t-elle condamnée
à verser une forte indemnité à celui que
ses négligences ont failli handicaper à vie ? On est en droit d’en douter. Voilà où nous en sommes !
Et qu'on ne vienne pas me dires que l'absence de réaction de Madame Taubira face à ce scandale est due au deuil où l'a plongée la perte de Madiba : certains silences sont signe de soutien, certaines excuses dissimulent mal l'approbation.