Je lis un
article où une brave Noire Américaine (ou Afro-Américaine) s’insurge contre
la blanchitude du Père Noël et propose qu’on le remplace par un pingouin. Pourquoi
un pingouin ? Eh bien nous dit l’auteur de ce bel article parce que tout
le monde aime les pingouins( ??!!) et que l’animal vivant dans des régions
froides, il pourrait continuer de porter bottes et fourrures et se déplacer grâce
aux rennes.
Excellente idée, non ? Ainsi cesserait l’humiliation
que connaissent les enfants de couleur lorsqu’ils reçoivent leurs cadeaux d’un vieux blanc.
Mouais. Raisonnement impeccable. Sauf que… Le Père Noël s’inscrit
dans une tradition scandinave. Je ne vais pas vous résumer l’article de
Wikipedia, si ça vous intéresse, c’est là. Créature
mythique d’une culture blanche, on ne voit vraiment pas pourquoi il serait
jaune, vert ou bleu. Libre à qui veut de l’adopter ou de le refuser mais en faire un pingouin me
paraît stupide. Ne serait-ce que pour
des raisons étymologiques car selon certains le nom de cet animal adoré
de tous ( ??!!) viendrait du gallois pen gwyn qui signifie « tête blanche » (le grand pingouin, espèce hélas disparue,
avait des taches blanches près de l’œil).
L’idée d’attribuer l’origine des cadeaux à un être merveilleux
est née en Europe. Si elle n’a pas surgi ailleurs, qu’y pouvons-nous ? D’ailleurs,
il ne faisait pas forcément l’unanimité : de ma lointaine enfance me
revient le souvenir de l’abbé Volpatto tonnant en chaire contre des chrétiens
qui remplaçaient le petit Jésus, véritable dispensateur des cadeaux, par un vieux bonhomme minable. Si « notre »
Père Noël ne convient pas à certains, qu’ils trouvent autre chose…
Et puis, tout ramener à la couleur de peau est ridicule. Moi
qui aime tant à citer Lao-Tseu* me plains-je de ce qu’il ait été jaune ?
Demandé-je qu’on en fasse un ouistiti afin de n’en pas être traumatisé ?
Devrais-je exiger que le plus grand homme de tous les temps, M. Mandela, soit leucoderme
afin de respecter ma susceptibilité ?
Ce n’est pas en se montrant obsédé par le racisme qu’on en
viendra à bout. Ce n’est pas en contraignant un groupe « racial » à
renier son passé ou à n’en retenir que les pages obscures que l’on résoudra
quoi que ce soit. Plus qu’en pleurant sur un passé révolu ou sur un présent
modérément apprécié, je crois que c’est en produisant des œuvres admirables
tendant à l’universel que les « discriminés » cesseront de l’être.