..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 14 décembre 2013

Le Père Noël est une ordure (blanche).



Je lis un article où une brave Noire Américaine (ou Afro-Américaine) s’insurge contre la blanchitude du Père Noël et propose qu’on le remplace par un pingouin. Pourquoi un pingouin ? Eh bien nous dit l’auteur de ce bel article parce que tout le monde aime les pingouins( ??!!) et que l’animal vivant dans des régions froides, il pourrait continuer de porter bottes et fourrures et se déplacer grâce aux rennes.

Excellente idée, non ? Ainsi cesserait l’humiliation que connaissent les enfants de couleur lorsqu’ils reçoivent leurs cadeaux d’un  vieux blanc.

Mouais. Raisonnement impeccable. Sauf que… Le Père Noël s’inscrit dans une tradition scandinave. Je ne vais pas vous résumer l’article de Wikipedia, si ça vous intéresse, c’est . Créature mythique d’une culture blanche, on ne voit vraiment pas pourquoi il serait jaune, vert ou bleu. Libre à qui veut de l’adopter  ou de le refuser mais en faire un pingouin me paraît stupide.  Ne serait-ce que pour des raisons étymologiques car selon certains le nom de cet  animal adoré  de tous ( ??!!) viendrait du gallois pen gwyn  qui signifie « tête blanche »  (le grand pingouin, espèce hélas disparue, avait des taches blanches près de l’œil).

L’idée d’attribuer l’origine des cadeaux à un être merveilleux est née en Europe. Si elle n’a pas surgi ailleurs, qu’y pouvons-nous ? D’ailleurs, il ne faisait pas forcément l’unanimité : de ma lointaine enfance me revient le souvenir de l’abbé Volpatto tonnant en chaire contre des chrétiens qui remplaçaient le petit Jésus, véritable dispensateur des cadeaux,  par un vieux bonhomme minable. Si « notre » Père Noël ne convient pas à certains, qu’ils trouvent autre chose…

Et puis, tout ramener à la couleur de peau est ridicule. Moi qui aime tant à citer Lao-Tseu* me plains-je de ce qu’il ait été jaune ? Demandé-je qu’on en fasse un ouistiti afin de n’en pas être traumatisé ? Devrais-je exiger que le plus grand homme de tous les temps, M. Mandela, soit leucoderme  afin de respecter ma susceptibilité ?

Ce n’est pas en se montrant obsédé par le racisme qu’on en viendra à bout. Ce n’est pas en contraignant un groupe « racial » à renier son passé ou à n’en retenir que les pages obscures que l’on résoudra quoi que ce soit. Plus qu’en pleurant sur un passé révolu ou sur un présent modérément apprécié, je crois que c’est en produisant des œuvres admirables tendant à l’universel que les « discriminés » cesseront de l’être.
 

vendredi 13 décembre 2013

Pas évident le vivre ensemble !



Que les oiseaux soient des cons, n’est pas un scoop. Le malheureux Chaval l’avait signalé dans un court mais éloquent film il y aura bientôt cinquante ans.  Hélas, le bon dessinateur s’était cantonné aux généralités. Dénoncer la connerie universelle des volatiles est certes nécessaire mais est-ce suffisant ?

Je crois venu le temps de signaler un aspect particulièrement déplorable de la connerie aviaire. Rappelons certains faits. Pour une raison qui m’échappe j’ai depuis des années pris l’habitude d’offrir à ces tristes cons, les frimas venus, des graines à profusion. A ceux qui mettraient en doute ma bonté, je répondrai par cette photo, prise en janvier de cette année, où l'on voit une mésange et pinson s’empiffrer à mes dépends.



Croyez-vous qu’ils m’en sont reconnaissants ? Que quand j’apparais, ils se ruent vers moi pour me remercier de ma munificence ? Eh bien non : si j’ouvre ma porte, si simplement je m’en approche, ils fuient à tire d’aile ! Comme si j’étais un vulgaire chat ! Ce qui prouve qu’à au moins deux niveau l’oiseau manque de jugement. Me confondre avec un chat révèle de piètres dons de physionomiste. Il n’est jamais venu à l’idée, du moins jusqu’ici, même aux gens les plus stupides, de m’offrir une soucoupe de lait, des croquettes ou de me gratter amicalement l’arrière du crâne afin de se concilier mes bonnes grâces. D'autre part, confondre bienfaiteur et prédateur relève d’une confusion mentale qu’on ne rencontre guère que chez l’électeur de gauche. L’oiseau est donc irréfutablement con.

Mais venons-en au fait. Le vivre ensemble est une des aspirations éternelles des âmes élevées. Plus on est divers, mieux on s’entend. L’histoire n’a cessé de le prouver. Eh bien, l’oiseau, ce con, n’en est pas partisan. C’est  un triste mais inévitable constat.

Depuis le début de la nouvelle campagne des restos, il semblait que les moineaux avaient monopolisé l’établissement. Peu à peu, toutefois, d’autres espèces firent leur apparition : mésanges, pinsons, tourterelles et verdiers vinrent s'y restaurer. Seulement, il y a un hic. Le moindre mouvement suspect provoquant un sauve-qui-peut général, les moineaux se replient vers ce camélia :





Toutes les autres espèces se réfugient sur ce cerisier-fleur (dont la calvitie ne s’est toujours pas arrangée) où ils se querellent avec hargne.



Comment ne pas interpréter ce comportement comme une forme de ghettoïsation voire d’apartheid ?  Une minorité (les moineaux)  s’approprie l’arbre le plus proche et le plus feuillu (soit les beaux quartiers)  et relègue  tous ceux qui ne leur ressemblent pas dans une périphérie déshéritée où ces malheureux s’entre-déchirent. N’est-ce pas désespérant ?  Quand un Madiba emplumé viendra-t-il mettre fin à ce scandale ? Je ne voudrais pas paraître pessimiste, mais ma réponse est : jamais ! Ils sont trop cons pour qu’émerge un jour une aviarité arc-en-ciel vivant en parfaite harmonie !

jeudi 12 décembre 2013

Fan de Laclos !



Début 1989 la vie m’offrit un court moment de pause. J’en profitai pour rattraper  certain retard pris lors des années précédentes lesquelles m’avaient laissé peu de loisirs. J’achetais alors, avec une relative régularité, le Figaro Magazine dont certains articles entretenaient mon anti-mitterrandisme primaire. Mais ces lectures avaient pour conséquence de me priver du temps que j’aurais pu consacrer aux mots croisés de Michel Laclos dont j’appréciais l’esprit un rien tordu des définitions. Je découpais donc les grilles et les rangeai dans quelque tiroir en attendant qu’arrive le moment béni où je pourrais les remplir. Ce temps enfin venu, j’y consacrai une grande partie de mes journées, au grand dam de mon épouse d’alors qui eût préféré que je consacrasse plus de temps à la recherche d’un emploi. Visiblement, je l’agaçais. C’était heureusement réciproque. Grâce à mes efforts soutenus, je vins assez vite à bout des quelques centaines de grilles amassées au fil des ans.

Il y a un peu plus de deux ans, voyant une promotion sur les abonnements au Figaro week-end, j’eus l’innocence de penser que cette lecture me divertirait et je souscrivis. Hélas, on vieillit et ce qui fut joie devient ennui. Je ne crois pas sur l’année et demie que dura mon abonnement avoir ouvert une seul des quotidiens ni lu le moindre article des magazines. Seul le programme télé eut mes faveurs, me permettant jour  après jour de vérifier qu’il y avait rarement quoi que ce soit de regardable.  Pris par le bricolage, le jardinage et le blogage qui sont aujourd’hui les trois mamelles ou s’étanche ma soif d’activités, je repris la sage habitude de découper les grilles et de les placer dans un tiroir en attendant des jours plus tranquilles.

Ces jours arrivèrent et je pris la saine habitude d’accompagner mon petit déjeuner par le remplissage d’une grille du bon Michel. En un peu moins d’une heure, j’en venais généralement à bout. Dans le cas contraire, je l’abandonnais pour y revenir plus tard, l’esprit plus frais. Ainsi je passai cette période toujours délicate du matin de manière calme et agréable.  Seulement, si tout vient à point à qui sait attendre, tout a également une fin. Ma pile de grilles s’épuisa. Hier matin, je finis la dernière. Qu’allais-je devenir ?

C’est alors que j’eus l’intuition qu’il était probable que le bon M. Laclos ait rassemblé en de sublimes recueils ses plus belles créations. Je me rendis chez M. Amazon et y trouvai avec bonheur la confirmation de mon attente. D’un clic, je commandais un recueil de 120 grandes grilles. Me voici donc sauvé pour quelques mois. Elle est pas belle, la vie ?

mercredi 11 décembre 2013

Fait divers



Sommes-nous encore en démocratie ? Est-il encore possible d’exprimer fermement sa juste indignation face à un scandale ?  Telles sont  les questions que soulève en moi ce fait divers relevé par un ami Facebook.

Vu que rares sont ceux qui se donnent la peine de cliquer sur les liens que je mets à leur disposition dans le but d’aider mes lecteurs à orner leur cerveaux de connaissance nouvelles, je rappellerai les faits.

Nous sommes à Garges-lès-Gonesse, riante cité du Val d’Oise. Dans la nuit de samedi à dimanche, à deux heures sonnées. Un valeureux travailleur rentre de sa longue journée de  dur labeur au volant d’un fourgon Master. La faim tenaille ses entrailles. Et soudain, tel le saharien rompu de fatigue qui aperçoit au creux des dunes la cime verdoyantes des  palmiers-dattiers d’une oasis, notre homme voit luire en haut de son mât le M jaune stylisé d’une chaîne de restauration rapide. « Alléluia ! Voici la fin de mes tourments ! » dut s’écrier in petto l’ardent travailleur. Il dirigea donc son véhicule vers le comptoir du Drive de l’établissement, la bouche dégoulinante de salive et tel le loup de La Fontaine « se forge[ant] une félicité qui le fait pleurer de tendresse » à l’idée du cornet de grasses frites qui viendront bientôt mettre un terme aux affres de sa faim.

Il atteint le guichet, passe commande, règle son dû à l’employé, reçoit en échange la barquette convoitée et, avant même de démarrer, se met en devoir de goûter les frites de son rêve accompli. C’est alors que tout bascule. « Mais ces frites sont froides,  allitéra-t-il, toujours in petto ! »! C’est plus qu’un esprit  pourtant rassis ne saurait tolérer ! On peut supposer que notre héros menaça le fils de pute du comptoir de lui déchirer sa race après avoir niqué sa mère comme nous l’eussions fait en pareil cas. Mais un tel scandale exigeait qu’on passât à une forme de protestation plus énergique. Ce que fit notre homme. Saisissant une hache, il se mit en devoir de dézinguer le comptoir du Drive. Quelques coups suffirent pour que vole en éclat la vitre du guichet. Pensant avoir suffisamment affirmé sa réprobation des pratiques abusives d’une multinationale qui prend l’argent du travailleur sans s’assurer que les mets remis en échange aient la chaleur souhaitée, le brave garçon reprit sa route non sans avoir lancé sa hache désormais inutile à travers le magasin.

Que croyez-vous qu’il advint ? La police, prévenue par les esclaves du gargotier global et avisant  un fourgon semblable à celui du juste protestataire, prit en chasse ce dernier et, l'ayant arraisonné, découvrit un spectacle révoltant. Une profonde blessure à la main laissait voir les tendons de notre homme ! Son visage, s’il était ensanglanté, ne présentait heureusement aucune blessure. Les pompiers furent appelés pour prodiguer les premiers soins, ce qu’ils firent avant que le malheureux ne soit  PLACÉ EN GARDE  À VUE !

Dans la France pseudo-socialiste de M. Hollande, plutôt que de soutenir les justes révoltes ouvrières, on y incarcère ceux qui les mènent. Plutôt que de condamner une multinationale  néo-libérale à remplacer le verre qui blesse gravement le travailleur par un verre sécurisé, c’est la victime que l’on s'apprête à châtier !  La firme au M jaune se verra-t-elle condamnée à verser une forte indemnité à  celui que ses négligences ont failli handicaper à vie ? On est en droit d’en douter. Voilà où nous en sommes !

Et qu'on ne vienne pas me dires que l'absence de réaction de Madame Taubira face à ce scandale est due au deuil où l'a plongée la perte de Madiba : certains silences sont signe de soutien, certaines excuses dissimulent mal l'approbation.

mardi 10 décembre 2013

Ahmed

Ahmed était au demeurant le meilleur fils du monde.  Il faisait partie de la bande du Canari, ce bar de Thiès (Sénégal) où j’avais pris un  temps le pli de me nourrir et m’abreuver.  Henri et un autre serveur tenaient ce bel endroit en l’absence du patron, un Français au nom improbable  d’Hercule, qui, sous prétexte de vacances avait disparu  depuis déjà bien des mois sans donner signe de vie. Disparition qui semblait n'inquiéter personne.Malgré la vigilance de ces deux vertueux sérères, depuis l’absence du maître, de jeunes personnes pas farouches s’y montraient en nombre croissant. Nous y gagnions en agrément ce que l’établissement perdait en austère respectabilité (Ah qu’en termes galants ces choses-là sont mises !).

Le nom même de cet accueillant commerce posait problème. Le devait-il à cette poterie locale, le canari, où l’on garde l’eau et qui la maintient fraîche ? Il n’y aurait eu là rien que de très logique pour un débit de boisson. Toutefois, vu que sa façade était peinte d’un jaune éclatant, on aurait également pu penser que c’était du serin qu’il le tenait. A moins que suite à une erreur d’interprétation doublée d’un désir de cohérence on ait confondu le récipient et l’oiseau et que le badigeon ait suivi. La polysémie entraîne de telles errances !  Mais revenons à notre cycliste.

Car Ahmed était un cycliste. Ou plutôt il l’avait été Avec un certain bonheur. Il avait en son temps été champion d’Afrique. Il avait même couru en France. Mais ça, c’était avant. Du temps de ses vingt ans, du temps honni des colonies. Il approchait lorsque je le connus  la quarantaine et se reposait sur ses lauriers. Son titre de directeur technique national du cyclisme lui assurait un salaire qui sans être mirobolant lui permettait de vivre. Un logement de fonction allait avec le poste. J’ai parlé de titre plus que de métier car on ne pouvait pas dire que ses fonctions aient accaparé son temps. Il faut reconnaître que le compétiteur cycliste n’est pas légion dans ce pays. Ne serait-ce qu’à cause du prix élevé des machines. Durant les quelques mois où je le fréquentai assidument, je ne vis qu’une fois un jeune venir s’abreuver à la source de son inestimable expérience. Et ce fut expédié en quelques mots…

Ce grand gaillard d’un bon mètre quatre-vingt-dix était resté athlétique. D’abord sympathique, grand causeur, il me prit sous son aile, je devins un peu sa mascotte. Nous parlions de tout et de rien, du sens de la vie. Il me raconta son mariage avec une Française, ses déboires en France, son retour au pays…  De temps à autre, une Française de Dakar qu’il surnommait « La Francophonie » venait vérifier s’il tenait toujours la forme. Sinon, nous prenions le thé à la menthe chez lui et la bière au Canari. Car pour ce qui était du lever de coude, là encore il avait la classe internationale. Hélas, il avait la « marmite » mauvaise. La marmite était le nom familier donné aux bouteilles d’un demi-litre de bière de marque « La Gazelle ».

Il arrivait que, suite à une absorption exagérée de marmites, il se lançât soudain dans un curieux exercice gymnique : fléchissant un genou il descendait, le dos droit jusqu’à une totale flexion tandis que de son autre jambe, impeccablement tendue,  il balayait l’air. Ceci plusieurs fois de suite. Pas évident à faire, surtout quand on est soul. Essayez pour voir, même à jeun. Pour qui connaissait l’animal, le temps du repli prudent avait alors sonné : car la bagarre allait commencer… Et peu étaient de taille à lui tenir tête. Seul son copain Badiane, autre grand sportif mais handballeur, lui, pouvait le maîtriser et savait le ramener à la raison. Mais il arrivait qu’il fût absent. C’est ainsi qu’il dérouilla sévèrement l’inspecteur de police Ali, autre membre de la bande. Ce dernier ne porta pas plainte.

En tant que mascotte, je n’eus jamais à me plaindre de lui. Au contraire même, car, où que nous allions, avec un tel garde du corps, je ne craignais rien.

Et puis j’ai rencontré une Anglaise. J’ai espacé mes visites au Canari. On continua de se voir  mais de loin en loin…  Ainsi va la vie…

Je suppose qu’il n’est plus de ce monde aujourd’hui. Il aurait passé les quatre-vingts… Mais si un jour on se retrouve au paradis, j’aimerais bien lui payer des marmites. On parlerait de choses et d’autres, du sens de l’éternité… En priant Dieu qu’en fin de soirée il évite de  boxer les anges…