Le métissage est à l’ordre du jour. Au point d’être
considéré comme à la fois une fatalité et un idéal. Tout cela est fort bien,
bien que je me demande comment une même chose peut être à la fois un idéal qu’on
poursuit et une fatalité à laquelle on ne saurait échapper.
Cela dit, ce métissage tant désiré, en quoi consiste-t-il au
juste ?
Selon mon fidèle compagnon de galère, M. Robert (le petit), Métissage
signifie : 1.Croisement, mélange de
races différentes. Le métissage de la
population brésilenne. FIG. Le
métissage culturel => Acculturation. 2. ZOOL, BOT => hybridation.
Vu qu’il n’existe pas de races, il est évident que la
première définition ne saurait être retenue. Il est d’ailleurs étonnant qu’un
homme de sens aussi rassis que M. Robert base ses définitions sur des notions
inexistantes. Il est vrai que mon édition date de 2003. En ces temps lointains,
les superstitions étaient encore nombreuses. N’empêche, je me demande s’il ne
serait pas judicieux de poursuivre en justice le ou les auteurs de cette entrée
ainsi que l’éditeur…
Repoussons également les acceptions zoologique et botanique
qui ne sauraient concerner le peuple le
plus spirituel de la terre même si certain dirigeant le déclara constitués
de veaux et que d’autres soient, suite à un grave AVC réduits à l’état de « légumes ».
Reste l’acculturarion, processus
par lequel un groupe humain assimile tout ou partie des valeurs culturelles d’un
autre groupe humain ou adaptation d’un
individu à une culture étrangère avec laquelle il est en contact.
A ce compte-là, quatre ans et demi de séjour en Angleterre m’ont-ils
métissé à l’insu de mon plein gré ? Après quelques années de vie à temps
partiel puis complet en Basse-Normandie ai-je assimilé tout ou partie des valeurs
culturelles des gens du Bocage ?
Quid de celles de la Beauce, du Berry, de la Touraine, du Limousin, voire du Sénégal où mes errances m’ont amené à
résider ? Apprécier les kebabs me rend-il un peu Turc ? Le canard
laqué, Chinois ? Le poulet tandoori massala, Indien ? La Guiness,
Irlandais ? Je crains que la réponse ne soit négative.
En fait, ce fameux métissage- acculturation, en cas d’ « adoption de la totalité
des valeurs » d’un autre groupe revient à une assimilation. Quand elle n’est
que partielle, il s’agirait de ce qu’on appelle aujourd’hui l’intégration
laquelle peut-être TRÈS partielle. D’autre part, pour que l’on adopte l’ensemble
des valeurs d’un autre groupe, encore faudrait-il qu’au sein dudit groupe
existe un consensus général sur les valeurs, ce qui n’est et n’a jamais été le cas nulle part.
Que l’on épouse et engendre des enfants avec une personne de
pigmentation et de morphologie différentes, que l’on tombe raide-dingue-amoureux
des valeurs d’un autre groupe, ne
participe à mon sens d’aucune sorte de « métissage » mais de la
liberté qu’a chacun d’opérer des choix que lui offre un monde rendu plus ouvert
par les moyens de transport et de communication . C’est pourquoi je ne vois pas
plus de raison de faire du métissage un idéal qu’une fatalité. Tout en restant un fervent participant de l'assimilation...