Ma fille partira ce week-end pour des vacances à Abu Dhabi.
Chic alors ! Les plages de sable fin, le soleil : une destination de
rêve ? Si on veut. Encore faut-il aimer le soleil, la plage, le sable fin,
et surtout les contraintes. Car figurez
vous qu’aux Émirats Arabes Unis, on a une forte identité nationale. Chose qui,
en notre beau pays est inconcevable. Une simple tentative de définition d’un
tel concept fait de vous un dangereux fasciste, tendance nazi. Du moins aux
yeux des gens décents et bien pensants. M. Finkelkraut évoquant le sujet ce
matin sur la RSC™ se vit taxer de passéisme. En gros, dans un pays qui change,
où de nombreux éléments allogènes sont venus installer une bienheureuse
hétérogénéité, parler d’identité est dépassé, la norme étant l’absence de
norme.
Eh bien, à Abou Dhabi, il n’en va pas de même. La population
de souche constitue une faible minorité : les immigrés ne sont pas loin de
78%. En bonne logique modernœuse, le pays devrait voir s’épanouir un
multiculturalisme de bon aloi. Or le moins qu’on puisse dire c’est que c’est
loin d’être le cas. Il semblerait qu’on n’y plaisante pas avec le respect des
coutumes et préjugés locaux sans que personne ne trouve à y redire et qu’une
minorité de moins du quart de la population n’hésite aucunement à imposer sa
loi du simple fait qu’elle est souchienne.
Un autre monde, je vous dis.
Ma fille m’ayant
touché quelques mots des diverses contraintes que le touriste se devait
d’y respecter, des doutes s’élevèrent en moi, tant elles me parurent peu
vraisemblables. Je lançai donc une recherche sur ce sympathique petit émirat et
trouvai ce
site.
Curieusement, ce qui m’avait été dit se trouva confirmé. J’appris même de
nouvelles choses.
Pour le moins
étonnantes à nos yeux d’occidentaux « éclairés ».
Ainsi, je me mis à m’inquiéter un brin sur le sort de ma
progéniture quand j’appris ceci : « En tant que couple non
marié aux Emirats arabes unis, votre situation est illégale, et ceci est
valable tant à
Abu
Dhabi qu'à
Dubaï,
ou à plus forte raison encore à
Sharjah
ou dans les
émirats
du Nord.
Les
relations
sexuelles hors mariage sont interdites, et il est également interdit
d'habiter sous le même toit qu'une personne de sexe opposé qui n'est pas de
votre famille. Des peines de prison ferme peuvent être prononcées pour ce genre
de causes.
Cela dit, il existe une certaine tolérance à l'égard des
expatriés occidentaux. Assurez-vous d'être en bons termes avec votre gardien
d'immeuble, et déclarez aux gens que vous rencontrez que vous êtes mariés ;
cela simplifiera bien des choses.
Il est également possible que l'on vous refuse des chambres
d'hôtel communes si vous ne présentez pas de certificat de mariage.
En tous les cas, veillez à rester discrets sur ce point, ou
mariez-vous avant de venir aux Emirats, c'est encore ce qui est le plus simple
! »
Or ma fille et son copain ne sont pas mariés. Ce qui peut s’expliquer
par le côté récent de leur rencontre et le fait qu’ils vivent à quelques
centaines de kilomètres l’un de l’autre.
Finira-telle en prison ?
Pour ce qui est de la
tenue
vestimentaire, il faut se montrer prudent, surtout quand on est une femme.
Quand à la liberté d’expression, elle est, disons, encadrée :
«Sachez qu'il est strictement interdit aux EAU de critiquer :
- les religions
monothéistes, et plus particulièrement l'Islam,
- le pays,
le drapeau, ou tout ce qui se rapport à la nation,
- les
instances politiques et la famille royale.
En période
de Ramadan, les choses se corsent encore.
Je pourrais
multiplier les exemples et citations de restrictions troublantes. Si ça vous
intéresse,
allez-y
voir…
Tout ça
donne à penser. Dans les quelques démocraties de type occidental que compte le
monde, la mode est au relativisme, à l’ouverture à l’autre et à l’acceptation
quand ce n’est pas à l’exaltation de la différence. Il semblerait que dans le
reste du monde cette mode n’ait que peu d’adeptes. Sans désirer un impossible retour
à la traditionnelle intolérance, je pense que si nous voulons conserver le peu
de liberté et de traditions qui nous restent, il serait prudent de ne pas nous
laisser trop envahir par des populations qui n’ont que peu d’estime
pour nos traditions et notre liberté.
En résumé, au contraire d’une des plus grandes
blogueuses de tous les temps pour qui « Dans un environnement qui change,
il n'y a pas plus grand risque que de rester immobile », je dirais que « dans
un monde qui ne change pas vraiment, il paraît suicidaire de trop bouger ».