« Mais soyons compréhensifs, ne venir ici que pour
corriger une faute d'orthographe, faut vraiment s'ennuyer à mourir. »
Voilà ce que je me suis pris dans les dents suite à une
remarque orthographique sur le blog
de Madame Elooooody. Vous pensez si
ça m’a fait mal : l'apparente vacuité de mon existence m’est apparue dans toute sa
cruelle évidence : sembler n’avoir pour tout dérivatif que de signaler à une
personne de grande culture qu’on n’écrit pas « oripilants » mais « horripilants »
est bien triste. Une fois passée la douleur cuisante de ce jugement, je me suis ressaisi.
En fait, cette fustigation de mon mortel ennui m’est apparue injuste. Comment cette personne,
que j’imagine charmante sinon lettrée, peut-elle être certaine que l’unique
cause de ma visite était de pinailler sur l’orthographe d’un adjectif ? Qu’est-ce qui peut, sinon une modestie
exagérée, lui interdire de penser que je venais là pour m’abreuver à la source
vivifiante de sa sagesse ?
D’autre part, sur quoi cette délicieuse jeune
femme que je soupçonne de ne suivre mon blog que de manière discontinue (voire
pas du tout) se base-t-elle pour penser que ma vie
est une suite de longs moments d’ennui à peine égayés par des visites à visées orthographiques sur son blog ? Que
connaît-elle vraiment de ce tourbillon qu’est ma vie ? Comment peut-elle
penser que jardinage, bricolage, cuisinage, lecturage, écrivage, mangeage et
boivage laissent la moindre place à
cette « impression de vide, de lassitude causée par le désœuvrement, par
une occupation monotone ou dépourvue d’intérêt » pour reprendre les termes
de M. Petit Robert ?
Pour être honnête, depuis ma libération, il y a deux ans et deux mois de ça, je n’ai
jamais connu l’ennui. Il m’arrive souvent de trouver les journées trop courtes et
de n’avoir pas le temps d’en faire ce que j’avais prévu.
Maintenant, si, guidé par un louable désir de se montrer
utile, on signale une légère bévue bien excusable cela a pour conséquence de se
voir infligé un camouflet, comment s’étonner que le découragement vous gagne ? Doit-on pour autant faire semblant de ne
rien voir, laisser autrui dans l’ignorance ?
Ne serait-ce pas là le pire des mépris ?
Quoi qu’il en soit, cette rebuffade m’aura donné prétexte à
un billet, sans grand intérêt certes, mais peut-être moins ennuyeux que ce que j’aurais
pu écrire sur la situation ridicule où s’est mis le Grand Conducteur Hollande
dans l’affaire Syrienne.