Les quelques truismes
qui suivent m’ont été inspirés par un commentaire sur le billet d’hier de l’Iconoclaste
réactionnaire qui semblait regretter
l’évolution des dictionnaires et porter un amour inconditionnel au Petit Larousse (édition de 1982).
Pour les dictionnaires de langue (par opposition aux
dictionnaires encyclopédiques) la réponse à la seconde interrogation est
évidente : à définir les mots d’une langue donnée. Seulement, tous ne sont
pas d’accord sur les mots qui constituent ladite langue. Et ça se comprend car le
problème est complexe.
Le dictionnaire est
de manière commune considéré comme une sorte de juge de paix auquel on
fait appel afin de décider si tel ou tel mot appartient ou non à la langue. C’est,
je pense, confier à ces gros livres une
mission qu’ils sont incapables de remplir. Car aucun dictionnaire ne saurait
être exhaustif. Même le Trésor de la Langue Française en 16 volumes et un
supplément ne concerne que la langue des XIXe et XXe siècles bien qu’il compte
quelques 100 000 mots dont il donne 270 000 définitions.
La langue est chose complexe, en perpétuelle évolution. Des
mots naissent, fleurissent et meurent.
Leur sens évolue, se diversifie. Elle a ses niveau du précieux, du soutenu au
vulgaire et à l’argotique. Chaque secteur d’activité a son jargon. Et l’établissement des
frontières entre vieilli et disparu, entre familier et vulgaire entre jargon et
langage courant et plus généralement les critères qui permettent que tel ou tel
terme se voit offert ou non une place dans tel ou tel dictionnaire dépend du
bon vouloir et des options idéologiques et méthodologiques des lexicographes
qui le rédigent.
En fait, le dictionnaire de langue se contente de définir
les mots censés permettre la communication sociale de l’ « honnête
homme » et d’éclairer ses lectures ou plutôt l’idée que se font d'un tel corpus ses auteurs.
Pour le reste, il y a les dictionnaires spécialisés, qu’ils
traitent des états historiques successifs de la langue, du jargon de telle ou
telle activité, des divers niveaux de langue, des régionalismes etc.…
Car TOUS les mots
employés, que ce soit par le plus ignare des locuteurs ou par le plus
archaïsant des fins lettrés, fussent-ils des emprunts à une quelconque langue étrangère
appartiennent qu’on le veuille ou non à la langue française à partir du moment où
ils permettent à un nombre même réduit de locuteurs de cette langue de
communiquer.