..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 8 avril 2013

M6, ou la main de la providence



L’autre jour j’ai regardé une belle émission sur M6. Ça s’appelle D&co.  Pour ceux qui ne connaîtraient pas, ça se passe à peu près comme ça : de brave gens peu fortunés ont une maison qui ne ressemble pas à grand-chose. Les plafonds s’écroulent, les peintures s’écaillent et la finance manque. Tout ça est bien triste. Que faire ? Essayer peu à peu d’améliorer tout ça par soi-même ? S’asseoir par terre et répandre d’amères larmes ?  Il existe une autre solution : écrire à la gentille dame de la télé. Elle vient, constate l’ampleur des dégâts et propose aux pauvres gens dans l’ornière de leur remettre tout ça d’aplomb en 8 jours. Seulement, il y a une condition : le montant des réparations sera fonction du poids des affaires (meubles, appareils ménagers, objets divers) que la famille méritante sera prête à jeter dans la benne qu’on leur apporte.  Enfants et parents s’empressent donc de jeter toutes leurs possessions tout en regrettant de n’avoir pas hérité d’un oncle collectionneur d’enclumes car le prix payé au kilo par leur vieux canapé ou leur frigo pourri est très conséquent pour ne pas dire faramineux. Les braves gens que j’ai vu à l’action obtinrent 110 000€ en échange de trucs que dans la vraie vie il aurait fallu payer pour se débarrasser.

Or donc, grâce à ce joli pécule les travaux vont pouvoir commencer. Il n’y a que huit jours pour transformer le taudis en palais ! Heureusement, la dame de la télévision est aidée de toute une équipe déjà aux taquets. Dans la vraie vie, on appellerait des entrepreneurs qui mettraient des semaines avant de venir établir un devis qu’ils oublieraient de vous envoyer, la synchronisation des divers corps de métiers serait approximative si bien que pour le même chantier vous seriez content si au bout de 6 mois à un an vous vous en sortiez. Mais nous sommes dans le monde merveilleux de la télé… Bref tout le monde, même la gentille dame,  se met au boulot et vous font une rénovation nickel-chrome en deux coups les gros. Vas-y que je te casse les murs, que je te pose des escaliers, que j’électrifie, plombise, carrelle, moquettise  et décore. Ils ne chôment pas les gars et les filles !  Bras-cassé n’est pas leur deuxième prénom ! Et surtout, ils ne lésinent pas. On aurait pu s’attendre, vu l’état de départ à ce qu’on se contente de remettre tout propre et net, c’eût été déjà ça. Mais là rien n’est trop beau : il ne faut pas oublier qu’outre le bonheur du peuple l’émission a pour but de promouvoir matériaux et objets de déco. Il y a d’ailleurs un site…

Pour la faire courte, la famille méritante revient (où était-elle passée ?) et, les yeux dûment fermés, découvre ébahie ce que l’on a fait de leur (not so sweet) home. Ce ne sont que ah ! et oh ! Une petite larme est toujours bienvenue. Ils ne reconnaissent plus rien ! Comme c’est beau ! Les enfants sont ravis, les parents aussi, la dame de la télévision également.

Le problème c’est que leur nouvel univers n’est qu’une vitrine de déco. Tout y est tendance, mode, gout du jour. Et tout ça passe, vite. Imaginons que dans quelque temps pour une raison ou pour une autre ces braves gens décident de changer de cieux : ils auront sur les bras (à condition de ne pas avoir tout bousillé) une maison au goût d’hier  ou d’avant-hier qui ne plaira pas à tout le monde et même que la déco soit devenue un obstacle à l’achat.

Pas de problème, M6 a tout prévu : M. Stéphane Plaza qui rend service sur cette même chaîne, viendra avec son équipe arranger tout ça dans le cadre de son émission de « home staging » Maison à vendre. Elle est pas belle, la vie ?

dimanche 7 avril 2013

Débattre sur les évidences ?



Les escargots peuvent voler…  Supposez qu’on vous dise cela. Que faites-vous ? Si vous êtes une personne normalement sensée vous passez votre chemin en haussant les épaules. Si vous êtes capable de pitié, vous plaignez le pauvre fou qui vous tient d’aussi  insensés propos.

Maintenant, imaginons que vous soyez un intellectuel moderne,  bien calibré, ouvert au dialogue, prêt à tout envisager. Que faites-vous ? Vous commencez par exprimer vos doutes : un escargot n’a pas d’ailes, comment se mouvrait-il dans les airs  lui qui ne se traîne sur son pied gluant que par temps pluvieux ? Eh bien, justement, vous rétorquera le fou, si l’escargot ne vole pas, c’est que l’air est insuffisamment humide ! Il faut donc l’humidifier, c’est une urgence, une priorité !  En personne « intelligente », vous ne pouvez que l’approuver. Si vous n’y aviez pas pensé, c’est que des préoccupations futiles vous avaient distrait.

Ému par la détresse de l’escargot privé de vol, vous vous mettrez à militer en faveur d’une humidification radicale et généralisée de l’air.  D’ailleurs vos élus, encore plus intelligents que vous, ce qui n’est pas peu dire, vous montrent la voie en proposant un texte de loi offrant à l’escargot le droit au vol. Vous ne pouvez que les applaudir et leur offrir votre militant soutien.

Ainsi va la folie moderne : rien n’est suffisamment absurde pour être rejeté.  Tout le monde a droit à tout. Refuser l’absurdité est rétrograde, fasciste et pour tout dire hitlérien (en pire).  Le brave bobo, riche de son irréflexion pseudo cultivée applaudit des deux mains, en regrettant de n’en pas avoir quatre, à toutes les plus absurdes inepties. Il aurait même tendance à en concevoir d’autres plus osées tant est grande sa peur d’avoir une rame de retard dans le grand RER de la folie ambiante.

Dans cette situation, argumenter pour défendre des évidences est un piège dans lequel il ne faut pas tomber. D’habiles dialecticiens  tenteront de vous noyer dans les flots agités de leurs absurdes divagations. Refusez le débat. Opposez-lui le rire : c’est tout ce qu’il mérite. L’évidence est l’évidence, en discuter est un manque de fermeté et d’entrée une perte de terrain.

Toute ressemblance avec des débats actuels, futurs ou passés serait purement fortuite.

samedi 6 avril 2013

Journal



S’il y a une chose dont je suis bien incapable c’est lire un  journal.  Quant à le relire… Il y en a un pourtant qui  fait exception à cette règle : celui de Didier Goux.

Ayant reçu il y a peu sa forme papier, je le pris avec moi hier matin pour m’aider à passer le temps dans la salle d’attente du bon docteur avant que ce dernier ne m’accorde son audience trimestrielle. Étant arrivé avant le début de la consultation, je notai avec plaisir que peu de patients me précédaient. Hélas, le bougre d’homme commença très en retard puis consacra tant de temps à chacun que l’attente dura deux heures.  Eh bien ces heures passèrent bien vite.

En compagnie de Didier, Catherine, Rochechouart, GdV, des chiens et de personnages de moindre graisse le temps prit son vol et les heures propices s’émurent. Le pire c’est que ces pages ne contenaient rien de nouveau. Je les avais lues dès parution, cependant ma mémoire fuyante m’épargna l’impression de déjà vu.  Cet ensemble de réflexions, d’émotions diverses, d’anecdotes, de micro-événements, de critiques littéraires a les qualités que je demande à tout écrit : il me distrait et me ravit par la forme et le fond.

J’arrêterai là le dithyrambe, n’ayant toujours pas reçu de chèque en remerciement du précédent. Surtout que ce qui motive ce billet n’est pas la flagornerie mais une question : qu’est-ce qui peut bien pousser un homme ou une femme à tenir journal ?  J’avoue que ça me dépasse.  Il ne m’est jamais venu à l’idée de le faire. Et pas seulement parce que je n’ai aucun chien duquel raconter les espiègleries, que Barbès ne me réclame aucun article ou qu’il ne se passe rien de saillant dans ma vie.  Point n’est besoin d’avoir maintes fois sauvé le monde, de posséder une meute ou d’écrire de prestigieux ouvrages pour avoir l’envie de coucher sa vie, au jour le jour, sur le papier.

Tenir un journal, c’est s’astreindre à une discipline. Il faut lui consacrer un  temps d’autant plus important qu’une éventuelle publication exige qu’on attache grand soin à sa forme.  Il me semble aussi qu’il nécessite qu’existe chez celui qui le rédige un besoin de faire le point. De pratiquer une sorte d’examen de conscience,  voire de confession.  Ce qui implique une sincérité, probablement mesurée, mais indispensable. Le désir aussi, face au temps qui s’en va et nous emporte (je tiens commerce de clichés), de laisser une trace, si infime soit-elle.

Si tels étaient  les contraintes et les  pré requis du genre, rien d’étonnant à ce que l’idée ne m’en soit jamais venue. J’ai une spiritualité de boule de flipper, un sens du dérisoire et un désir d’oubli qui me l’interdisent.

Tenir blog, quoi qu’on en dise est bien différent, même quand on y parle de soi, les textes sont plus distanciés  parce que destinés à une publication immédiate. On y défend une idée, on y cherche à distraire, on écrit en fonction d’un éventuel lectorat. Le diariste, même s’il pense publier, au moment de l’écriture écrit  d’abord pour lui-même  et ça change tout. Un journal qui manquerait de sincérité, dont le seul propos serait d’édifier une statue à la gloire de son rédacteur  serait sans intérêt. Ce n’est pas le cas de celui de M. Goux.

vendredi 5 avril 2013

Portrait fidèle ?



Hier matin, je me suis rendu chez mon bon médecin comme je le fais tous les trois mois pour renouveler le traitement de ma prétendue affection cardiaque. A chacune de ces rencontres, depuis bientôt un an, le praticien me dit que je lui rappelle le personnage principal d’un roman américain dont à chaque fois il me donne un titre fautif qui ne me permet pas de retrouver ledit ouvrage. Il faut rappeler qu’ayant dès l’abord compris que l’hygiène de vie n’étant pas mon point fort et que je ne me préoccupais pas outre mesure de ma santé ces consultations se transforment en agréables bavardages.

N’empêche que se voir assimilé à un personnage de roman a quelque chose de flatteur. Je me doutais bien que ce n’était pas une sorte d’Ivanhoé, de Robin des bois ou un avatar de Don Quichotte que je  lui remémorais. En fait, je n’avais aucune idée sur la question, ce qui titillait ma curiosité.

Or donc, ce matin, je me rendis en son cabinet. Il était onze heures et je pensais trouver la salle d’attente quasi-vide. Que nenni ! Une foule d’affreux vieillards en occupait tous les sièges. Après quelques minutes à contempler ce triste tableau, je décidai de fuir. Alors que je poussai la porte, je me trouvai nez-à-nez  avec mon bon docteur qui avant même un bonjour s’exclama : « Carou ! » «  K-A-R-O-O » prit-il même la peine de m’épeler avant de me préciser qu’il s’agissait du titre du roman dont il m’entretenait depuis si longtemps. Après l’avoir menacé d’une visite le lendemain et être passé à la banque prendre rendez-vous avec le directeur, je rentrai à la maison et me précipitai sur Google pour voir de quoi il retournait.

Si j’en crois le premier commentaire que je trouvai sur Amazon voici qui est ce fameux Karoo : 

« Ce livre, sorti à titre posthume, nous conte la déchéance d'un personnage (nommé Karoo) de prime abord odieux, absolument insupportable, torturé mais aussi sacrément doué en tant que "consultant en scénarios" ! Si Karoo a l'art de réécrire les textes des autres pour les transformer en scénarios hollywoodiens à succès, il est profondément seul. Séparé de sa femme, ce gros fumeur alcoolique n'a pas d'ami & ne pense de toute façon qu'à lui. Pourtant sa vie est très confortable, jusqu'au jour où il décide de faire une bonne action. C'est le début de la fin !
C'est un roman à l'humour corrosif, dense, incroyablement bien écrit !!! Une lecture qu'on ne lâche pas & qui mérite vraiment le détour :) »

Je ne trouve la comparaison qu’à moitié flatteuse. Et j’avoue ne pas bien saisir ce sur quoi elle se base. Odieux ? Insupportable ? Torturé ? Doué ?  Seul ?  Ce n’est pas mon cas. Gros fumeur, admettons. Alcoolique, n’exagérons rien. Je conçois que par rapport aux braves paysans qui constituent l’essentiel de sa clientèle j’aie des allures d’OPNI (Objet Patient Non Identifiable) mais quand même !  Du coup j'ai commandé le livre afin de savoir si mon médecin est délirant ou bien si j'ai des points communs ave K-A-R-O-O.

jeudi 4 avril 2013

Si on parlait de M. Cahuzac pour changer ?



Je sens que je vais choquer mais l’affaire Cahuzac me laisse de marbre. Qu’est-ce que ce Cahuzac sinon un médecin ambitieux qui a  bien su mener de front  ses affaires et une carrière politique ?  Gagner du pognon ne lui suffisait pas à moins que la politique lui ait permis d’en gagner davantage.  Ce n’est pas si rare. Après tout nos politiques, de quelque bord qu’ils soient sont rarement pauvres et toujours dévorés d’ambition. Sinon ils feraient autre chose. Et plus on monte dans leur hiérarchie plus  cette ambition s’hypertrophie.

Demander à de telles personnes d’être des modèles d’éthique  me semble aussi raisonnable que d’aller chercher des modèles de chasteté rue Blondel.  Ce que je demande à un politicien n’est pas d’être un enfant de chœur mais  de faire de la bonne politique. Si un d’entre eux arrivait à résoudre les problèmes de la France, je ne lui en voudrais pas de se récompenser grassement.

Seulement, le bon peuple les voudrait honnêtes jusqu’au trognon. Plus que lui-même quand on y réfléchit car même au sein du bon peuple il peut arriver, à un faible niveau, certes, qu’on se livre à de tristes magouilles, à de petits arrangements avec la probité. Ça s’est vu. Népotisme, tripatouillages plus ou moins bénins se retrouvent à tous les niveaux de l’échelle sociale.

Vu qu’on attend d’eux qu’ils soient exemplaires, nos bons politiciens se sont mis à faire de la probité, du désintéressement, l’alpha et l’oméga de leur crédo. Seulement, il y a partout des tartuffes qui compensent leur peu de vertu par un zèle débridé. Et ceci d’autant plus que par démagogie ils se déclarent proche du peuple. En ce moment, un parti fait de la vertu son cri de ralliement. Son panache est d’autant plus blanc qu’il reste pour l’instant éloigné de l’assiette au beurre. Qu’en sera-t-il si un jour il s’en approche ?

Je ne suis pas partisan du « tous pourris ». Je crois davantage au « tous humains », c'est-à-dire imparfaits et perméables aux tentations diverses qu’offre le pouvoir. Je crains même qu’un dirigeant trop vertueux ne soit plus dangereux qu’un moins intègre, c’est dire.

Cette affaire , si elle en éclabousse beaucoup, a son héros : M. Edwy Plenel. En voilà un honnête homme ! A quand des foules enthousiastes défilant au cri d’« Edwy président » ? Et la presse d’investigation, c’est-y  pas une belle chose ?  On s’imagine des journalistes qui investiguent à tour de bras…  Qu’est-ce que tu fais, Edwy ? Ben, j’investigue, ça se voit pas ?  On s’attend à trouver des gars de Médiapart partout ! On en trouverait un (e) couché (e) avec sa femme (ou son mari) qu’on ne s’en offusquerait pas : il faut bien qu’ils investiguent, les pauvres !

J’ai tendance à considérer  que c’est plutôt de presse à scandale politique qu'il s’agit. On reçoit des infos plus ou moins précises sur le ministre truc ou le président machin.  On creuse un peu, on glane deci delà quelques ragots, on fait monter la mayonnaise auprès d’un public toujours avide d’apprendre que leurs dirigeants sont bien pourris. Si ça marche c’est la gloire, on voit l’agaçant sourire du bel Edwy partout, si ça tourne au flop, ça s’oublie…

Une telle presse ne peut exister que grâce aux liens qui unissent presse conventionnelle et gouvernements et au peu d’entrain que police et justice mettent à enquêter sur les puissants. La nature ayant horreur du vide, certains journalistes se font une petite gloire en occupant le créneau.

On nous dit que tout ça va mettre la cabane sur le chien ! Heureusement qu’en France on n’a pas d’autres problèmes à régler !