..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 9 février 2013

Considérations de plouc



Une chose me frappe de plus en plus : il existe peu de points communs entre ce que je vis et ce qu’on me raconte du pays. Un peu comme si à la télé les actualités racontaient ce qui se passe sur Mars. C’est curieux, mais ça manque bougrement d’intérêt. Un peu comme si les magazines people se mettaient à ne parler que de ceux qui font  le buzz  à Oulan-Bator.

Ici, pas de problèmes d’immigration, de délinquance, de logement, d’emploi. Ça ne veut pas dire que tout le monde soit riche, bien loin de là. Je suppose que la petite vieille qui vit dans sa maison à toit de tôle un peu plus haut n’est pas riche à millions et que les éboueurs ne se voient pas proposer des ponts d’or pour faire un travail qu’en tant que Français ils devraient refuser. Je suppose aussi que ceux qui ne trouvent pas de travail vont s’installer là où il y a du chômage…

Bref, les gens mènent des vies simples et l’un dans l’autre probablement agréables. On peut laisser sa porte ou sa voiture ouvertes sans que rien n’arrive. Il y a bien eu une vague de cambriolages il y a quelque temps. D’après ce qu’on m’a raconté, c’était le fait de jeunes Anglais. De ceux que leurs parents voulaient justement protéger de la contamination citadine en venant s’installer ici. Il leur fallait peut-être un temps d’adaptation… Ça s’est calmé.

Ce qui est étonnant à mes yeux, c’est  que tout en semblant pester contre la ville, si peu la fuient. Il faut dire que la grand ville offre bien des avantages : on y a tout sous la main : loisirs, spectacles, magasins, que sais-je encore ? Le seul problème c’est qu’une fois qu’on a payé le loyer on n’a souvent plus un sou pour profiter de toutes ces merveilles. Ce n’est pas grave : on a tout à portée et ça rassure. Sauf que pour parcourir quelques kilomètres on y met des heures… Parfois plus que ne mettrait le rural pour les atteindre…

Vous me direz que le travail, c’est en ville qu’on le trouve. Mais les entreprises ne s’installent-elles pas en ville afin de pouvoir y recruter les cadres, ouvriers et employés qui ne voudraient en aucun cas s’installer au vert, faute s’y bénéficier des avantages de la ville ? Le serpent se mord la queue…

Il paraît que 90% des Français (et de leurs enrichisseurs) vivent sur  10% du territoire. Ce qui explique au passage pourquoi la couverture téléphonique et Internet est ici lamentable : touchant facilement l’essentiel du marché possible sans effort, on ne voit pas pourquoi les fournisseurs se ruineraient en relais pour desservir quelques ploucs.

Il y a bien de plus en plus de rurbains, mais cela ne relève-t-il pas plus d’une résignation que d’un choix ? Les gens s’éloignent de plus en plus des centres devenus trop chers pour s’installer dans des campagnes où ils tentent de recréer la ville. En moins bien, forcément…

Je ne me plains aucunement  de cet état de fait : ma tranquillité est à ce prix ! Loin de la course des rats (comme disent les Anglais), je coule des jours paisibles qu’un repeuplement des campagnes viendrait troubler.

N’empêche, j’ai  de plus en plus de mal à me passionner pour ce qui agite ces Martiens auxquels je rends de moins en moins visite…

vendredi 8 février 2013

Croissons !



La croissance, c’est ça qu’il nous faut ! Dès qu’elle va repartir, vous allez voir ce que vous allez voir ! En attendant, ben y’a pas grand-chose à faire ! Y’a qu’à l’attendre et puis c’est tout…

Dès qu’elle sera là, je ne vous dis pas : plein emploi, extinction du paupérisme, fleuves de lait, de miel et de vin. Si elle ne vient pas : chômage, misère, restos du cœur.  C’est comme ça et pas autrement. Un dogme. Irréfutable. Nous sommes donc condamnés à la croissance, et pour toujours.

On pourrait se fixer des limites : arrivés à 50 000 $ de produit intérieur brut par habitant en Parité de Pouvoir d’Achat, soit à peu près le niveau actuel des Etats-Unis, on arrête la croissance, on se repose sur ses lauriers. Eh bien non ! Ça ne va pas ! Même aux États-Unis, sans croissance c’est la cata.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais personnellement, sans être ultra-gauchiste (on ne m’en fait que rarement le reproche) je commence à me dire qu’il y a quelque chose qui cloche dans ce système. Autant il est concevable que la croissance soit une nécessité impérieuse pour un pays où les besoins vitaux ne sont pas satisfaits autant pour des pays où cette satisfaction ne représente plus un objectif  cette course à la croissance ressemble à celle de l’âne après la carotte qu’on lui colle sous le nez et qu’il n’attrapera jamais.

Surtout que les ressources terrestres  limitées font qu’il est totalement impossible pour l’ensemble de la population mondiale d’atteindre ne serait-ce que le niveau de richesse économique des pays d’Europe occidentale.

Surtout qu’une partie du progrès ne sert qu’à des âneries. En matière automobile, les phares qui s’allument seuls, les essuie-glaces que la pluie met en marche, le radar qui aide au garage sont-ils vraiment utiles ?  Michel Drucker devient-il (encore plus) fascinant quand on le regarde sur un écran d’un mètre vingt ? Pourquoi aller s’emmerder huit jours aux Seychelles quand on peut très bien le faire près de chez soi ?

Ne pourrait-on pas concevoir un autre modèle, non soumis à une croissance qui mène dans le mur sans pour autant être socialiste ou même de gauche ? Les sociétés postindustrielles  seraient-elles, à la différence des particuliers, incapables de faire avec ce qu’elles ont et condamnées à courir après un hypothétique « toujours plus » ?

jeudi 7 février 2013

God save the Queen ? King ?



Les anglais sont des gens nettement moins  coincés que nous. Ce sont des progressistes pur jus. Ils sont multiculturalistes comme des fous et vous créent des tribunaux islamiques comme on se mouche. Ils sont modernes.

Aussi ne faut-il pas s’étonner que nos bons socialistes nous les donnent en exemple. Pas pour les tribunaux islamiques, du moins pas pour l’instant, mais pour la question qui en ce moment agite le parlement et fait pouffer Mme Taubira et M. Gosselin (un mariage en vue ?) : le « mariage pour tous ». Nos chers Britanniques auraient pris la décision d’accorder le droit de convoler en justes noces aux homosexuels en une journée ! Si c’est pas de l’esprit de décision, ça ! Ce n’est pas comme nos dort-en-chiants de députés vétilleux, qui font tout un fromage d’une décision aussi évidente qu’utile et urgente à prendre.

Seulement, il y a un petit détail que nos chers amis d’Outre-Manche ont négligé, oh, un rien, mais que, étant Français, donc chercheur éhonté de petite bête, je voudrais soulever. Que se passerait-il au cas où leur souverain (e) pour montrer l’exemple ou par inclination naturelle déciderait d’épouser une personne de son sexe ? Plus précisément, quel titre porterait ledit conjoint ?

Traditionnellement, le conjoint  du roi devient reine tandis que celui de la reine n’est que prince consort. Dans ce dernier cas, pas de problème, si une reine d’Angleterre épousait une de ses copines,  celle-ci serait princesse consort. En revanche, dans le cas d’un roi, il serait impossible sauf à frôler le ridicule de rendre « Queen » son conjoint. D’abord parce que cela laisserait deviner qui est qui dans le royal couple et surtout parce qu’un des sens  de ce substantif se traduit par « pédé, tantouze ou folle ». Ce n’est pas moi qui le dis, mais M. HARRAP dans son French Dictionnary, Unabridged edition, Volume 1,Chambers Harrap Publishers, Ltd, 2001, P. 953, « queen », 1(e), .

La loi si promptement  adoptée par le parlement britannique envisage-t-elle ce point délicat ? Propose-t-elle que le conjoint du roi soit lui aussi nommé « King » ou simplement  « Prince consort » ?  Le diable est dans les détails !

mercredi 6 février 2013

Ouverture de nouveaux droits et autres fariboles



Un des arguments des pro-mariage pour tous  contre ceux qui on le mauvais goût de ne pas partager leur opinion est qu’il ne s’agit que d’étendre un droit à une catégorie qui ne l’avait pas. Ceci n’enlève donc rien à ceux qui l’avaient auparavant. L’argument est imparable.

Ainsi l’ouverture de la conduite à ceux qui n’ont pas le permis ne retire rien à ceux qui ont passé l’examen et n’est que l’extension d’un droit.

Ainsi, l’ouverture de la carrière de chirurgien à ceux qui n’ont jamais étudié la médecine ne retire rien aux praticiens diplômés et n’est que l’extension d’un droit.

On pourrait multiplier les exemples.

Mais, bougre d’âne, m’objectera-t-on, vous mettez sur le même plan des choses qui n’ont rien à voir entre elles : dans le cas du conducteur, ou du chirurgien, il s’agit de vérifier, par le biais d’examens, l’aptitude des impétrants à correctement exercer l’activité qu’ils visent. Or chacun sait que la vie conjugale ne requiert aucune capacité particulière.

Et certainement pas celle de procréer, vu qu’il existe des hétéros qui s’épousent alors qu’ils sont stériles ou trop âgés pour espérer donner le jour au moindre rejeton. De plus, certains se marient en se promettant bien de ne pas avoir d’enfant. L’argument, utilisé par les pro,  est encore une fois imparable : mariage et capacité à avoir des enfants  n’ont donc dans leur conception moderne AUCUN rapport.

Suivant cette logique (imparable !) on se demande donc au nom de quoi on continuerait d’associer mariage et droit à l’adoption, à la PMA ou la GPA. En effet, si le but du mariage n’est pas d’avoir des enfants pourquoi permettrait-il d’en adopter ou d’en faire concevoir artificiellement ?

Tout ça a des relents passéistes qui n’honorent pas la modernité. A moins que celle-ci ne consiste à conserver dans les institutions traditionnelles  ce qui arrange et à en évacuer ce qui gêne ?

mardi 5 février 2013

Relire Céline



Pour me changer les idées, je me suis lancé, une fois lue La Guerre et la paix, dans le Céline de Maurice Bardèche. Il m’avait été offert par mon ex-épouse pour Noël 1986 («  du temps heureux où nous étions amis »). Je suppose l’avoir lu alors, mais vingt-six ans plus tard il ne m’en restait pas le moindre souvenir. Je viens d’en terminer la lecture.

Qu’en dire ? D’abord qu’en en ôtant les redites, l’ouvrage eût été plus digeste. Ensuite que mettre en parallèle un auteur et son œuvre est quasi incontournable depuis Sainte-Beuve mais que dans le cas du Docteur Destouches ça pose problème dans la mesure où son œuvre est largement autobiographique ou du moins mêle des éléments transposés de la vie de l’auteur à des moments de délire qu’il voulait poétiques ou comiques.

Je ne suis pas un grand amateur de critique. Pour moi, cette activité que certains comiques iraient, quand ils sont en forme, jusqu’à placer au-dessus des créations, devrait se borner à faire connaître et susciter l’envie de lire ces dernières. Une lecture est toujours subjective et nous apprend souvent plus sur le lecteur que sur son sujet.

En plus de lire toute l’œuvre de Céline, j’ai beaucoup lu sur lui. Et je le regrette. Je préfèrerais ignorer que Bardamu ou Ferdinand revisitent  à leur manière la vie de M. Destouches. Le Voyage et Mort à crédit ont une valeur intrinsèque suffisante pour qu’on se dispense de supputer là où leur auteur triche, ment, dissimule, arrange ou délire. On n’a pas grand-chose à gagner, au moins pour ce qui est du plaisir de la lecture,  à leur superposer en calque la vraie vie de leur auteur. Surtout, que ledit auteur me paraît bien moins intéressant que ses deux premières « fictions ». Bien sûr, Céline n’est pas étranger, par la nature même de ses écrits,  à cette fâcheuse tendance. Il l’aura bien cherché ! Je veux bien admettre qu’Emma Bovary soit Flaubert mais je suis plutôt satisfait que Bardamu et Ferdinand ne soient pas vraiment Céline.

En fait, tout bien pesé, je n’arrive à retenir de son œuvre relativement modeste en volume que les deux premiers romans. Passons sur les pamphlets qui justifient largement ses ennuis ultérieurs. Guignol’s band (I et II), Féérie, D’un Château l’autre, Nord et Rigodon ont tendance à me tomber des mains, même si Bardèche semble retrouver dans l’ultime trilogie le « vrai » Céline, même si pour certains fans le « vrai »Céline ne s’affirme qu’après Mort à crédit. S’il n’est « vrai » qu’en hachant ses phrases jusqu’à en faire une incompréhensible bouillie, je le préfère « faux ».

Il m’arrive de penser qu’après le Voyage, le docteur Destouches aurait dû retourner à ses chers patients ou se mettre au bilboquet. Quand on atteint certains sommets, on ne peut que redescendre.

La lecture de Bardèche m’aura cependant été utile : En ravivant les traits d’un personnage que j’apprécie encore moins après son livre, il m’a donné l’envie de retourner au Voyage afin de dissiper un certain malaise. J’espère que cette énième lecture, comme celles qui l’ont précédée, sera un grand moment.