Hier, alors que je me sentais un rien abattu suite à
plusieurs mois de temps pourri, j’ai pensé que regarder un peu les guignols
après une sieste réparatrice me changerait les idées. J’ai donc, sur la 3
assisté aux questions au gouvernement.
Le spectacle était plutôt médiocre. Bien qu’il ait eu l’attrait
de la nouveauté, j’avoue avoir été déçu.
L’opposition a posé des questions au premier ministre et ce
sont les ministres qui ont répondu à sa place. Ce qui amène à se demander ce qu’il pouvait bien
faire là. A moins bien entendu qu’il soit venu au cas où il lui aurait été posé
une question digne de son attention et que son attente ait été déçue. Ce qui n’est
pas très poli et témoigne d’un total mépris pour les intervenants.
Les représentants de la Nation comme les membres du
gouvernement se montraient fort distraits. L’un
lisait son journal, un autre claviotait sur son ordi, beaucoup
bavardaient. A croire que les questions posées n’avaient pas plus d’intérêt que
les réponses données.
Le seul élément vraiment divertissant de cette séance fut
certaines questions de députés de la majorité. Visiblement, ils étaient là pour
servir la soupe à leurs ministres chéris. Je n’ai pas pris de notes, mais
grosso modo ça donnait ça :
Le président :
Je donne la parole à M. Célestin Broutard.
M. Broutard (Député PS
de Loire-et-Moselle) : Je voudrais poser une question à M. Prichot,
ministre délégué à l’aménagement des zones piétonnières.
M. Prichot, la politique exemplaire que vous avez menée a
permis à nos rues piétonnes de connaître une fréquentation remarquable en dépit
de conditions atmosphériques souvent défavorables, notamment dans le Nord-Ouest
de la France. La presse internationale
est unanime pour saluer le nouveau modèle
français de la rue piétonne. Je voudrais savoir où en est le magistral projet
de piétonisation des autoroutes que vous aviez porté avec le talent qu’on vous
connaît lors du séminaire international de Buges-la-foireuse ?
Le président : M.
Prichot, ministre délégué à l’aménagement des zones piétonnières va vous
répondre.
M. Prichot :
M. le président, mesdames et messieurs les députés, M. le député Broutard,
lorsque j’ai pris mes fonctions, j’ai trouvé une situation très préoccupante.
Dix ans d’immobilisme (hurlements
désapprobateurs à droite de l’hémicycle) avaient eu pour conséquence un
quasi-gel des espaces piétonniers. Au point qu’on aurait pu dire qu’en ce
domaine comme en bien d’autres, on… …piétinait.
(Rires, exclamations ravies sur les bancs de la gauche).
Le président :
Je vous en prie, Mesdames et Messieurs les députés, laissez parler l’excellent
M. Prichot ! Modérez votre enthousiasme !
M. Prichot :
Avec le soutien du président Hollande, nous avons pu donner un nouvel élan au
piétonisme et très rapidement, les punks à chiens sont revenus dans les
artères piétonnières qu’ils avaient désertées faute de gens à importuner. Mais nous ne nous arrêterons pas à ces
premiers succès (tonnerre d’applaudissements sur la gauche de l’hémicycle) !
Le temps est venu d’ouvrir les autoroutes aux piétons. Cela ne se fera pas en
un jour. Nous avons entamé une concertation avec les parties concernées,
chauffeurs routiers, automobilistes et fédérations de randonneurs et nous sommes
heureux et fiers de vous annoncer que début mai 2013 la circulation des piétons
sera autorisée de nuit sur un tronçon de 30 km sur l’autoroute A6
(applaudissements frénétiques à gauche). Bien entendu, sans que cela soit
obligatoire tant nous sommes attachés aux libertés individuelles, nous
conseillerons aux piétons empruntant l’autoroute de porter un gilet fluorescent
afin d’être mieux vus par les automobilistes et les routiers qui continueront,
bien entendu, de les fréquenter. Si l’expérience s’avère concluante, nous
étendrons cette mesure à l’ensemble du réseau autoroutier dès septembre. L’ouverture
à la circulation piétonnière de jour pourrait être envisagée au premier
trimestre 2014, rendant ainsi à la France
le rôle de moteur de la piétonisation que dix ans de gabegie lui avaient fait
perdre (tonnerre d’applaudissements à gauche, exclamations indignées à droite).