..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 9 janvier 2013

Pauvres riches !



J’ai déjà dit tout le bien que je pensais des riches. Le hasard a fait qu’hier au soir, le sommeil tardant à venir, j’ai regardé un reportage de M. Harry Roselmack sur ces personnages originaux. Pendant un certain temps, ce valeureux homme de télévision s’est avec courage  immergé dans leur monde. Il en avait choisi trois de calibres différent. Car comme la pomme de terre, le navet ou l’huître, le riche se calibre.  En fonction du nombre de millions dont il dispose.

Le petit, bien que le plus corpulent, pesait deux cent millions. Il avait monté des fabriques de montres de luxe. Le moyen, calibré à la louche à 500 millions était l’héritier d’une société pharmaceutique et arrondissait les revenus de son vaste patrimoine immobilier en grenouillant dans des marécages pas clairement définis. Le plus gros, lui, était d’une autre classe : il fallait ajouter neuf zéros au chiffre des unités pour se faire une idée de sa fortune sans qu’il nous fût dit sur quoi elle était au juste basée.

Ces braves gens avaient pour point commun, outre d’être à l’abri des fins de mois difficiles, de résider en Suisse : la fortune rend intransigeant sur la qualité de l’air.

A part cela, ils étaient bien différents. L’horloger, agité comme une queue de chien malgré son âge relativement avancé, semblait beaucoup s’occuper de ses petites affaires. L’héritier pharmaceutique, s’il magouillait à partir de ses six téléphones, aimait surtout faire la bringue avec des pétasses de couleurs diverses. Quand au milliardaire, un Belge plus âgé, il semblait bien calme et profiter douillettement de son voilier de quarante-cinq mètres en  compagnie de son épouse rescapée d’un cancer.

Tous trois possédaient ou résidaient dans de vastes demeures. Tous trois se déplaçaient en avion ou en hélicoptère. Tous trois avaient une vie sociale très active.

Outre le peu d’intérêt que je trouve à entasser des millions, ces trois points font que je détesterais être riche. J’aime les petites maisons, mon vertige me fait redouter  les transports aériens et je considère la solitude comme un bien précieux.

Vous imaginez le temps qu’il me faudrait pour confectionner de nouvelles portes aux nombreux garages abritant mes voitures de collection ? Le martyre que serait pour moi de commencer la journée à Genève, d’aller d’un coup d’avion faire un tour à Marrakech et de finir les tripes nouées d’angoisse  l’après-midi  sur le tarmac de Nice ou la piste d’un aérodrome privé ? Bien que bavard, que trouverais-je à la longue à dire aux pétasses et autres parasites et amis sincères qui m’entoureraient en permanence ?

Dieu merci, d’autres se dévouent et jouent ce rôle à ma place, permettant aux marchands de systèmes de sécurité, aux pilotes de jets privés et d’hélicoptères, aux chauffeurs de voitures de grande remise, aux polisseurs de coques de yacht, aux équipages, au personnel de maison, aux pétasses et à leur gigolos ainsi qu’à bien d’autres catégories de vivre plus ou moins grassement. Et puis surtout, et n’est-ce pas là leur rôle principal, d’attirer la haine des envieux qui s’imaginent que d’une société plus  égalitaire serait bannie la misère.

Sans voir ses mérites reconnus, le riche fait vivre bien des métiers et attise de salutaires haines qui masquent les côtés plus sombres de la condition humaine. Tout ça en échanges de quelques centaines de millions ou de quelques milliards dont il n’utilise vraiment qu’une infime partie.   

Ceux à qui leur abnégation n’apparaît pas clairement sont plus à plaindre qu’à blâmer.

mardi 8 janvier 2013

Des lapins et des blogs



Un fidèle lecteur d’Oulan-Bator  m’écrit son inquiétude quant au peu de place que j’accorde ici aux lapins et à leurs blogs. Serais-je ainsi que l’ensemble de la blogosphère française lapinophobe ?  Afin de le rassurer, je lui ai adressé le courrier suivant que je pense de mon devoir de vous communiquer afin que ceux d’entre vous qui se poseraient  les mêmes questions  cessent d’être inquiets.

Cher Vladimir Illitch*, 

Je commencerai par vous  remercier des trois bouteilles de lait de jument fermenté que vous m’avez offertes en guise d’étrennes et qui me sont parvenues sans dommage. Ce cadeau m’a fait d’autant plus plaisir qu’il est plutôt malaisé de s’en procurer  ici et qu’il constitue non seulement un excellent apéritif mais aussi, je m’en suis aperçu accidentellement, parce qu’il permet de dérouiller sans effort  toute pièce métallique.

J’espère que la photo de notre vénéré président Hollande que je vous ai adressée aura su combler vos attentes  et orne désormais l’autel privé que votre dévotion vous a fait lui élever. Quoi de plus exaltant, en effet,  que de le voir, en tenue de cycliste, pédaler dans la yourte ?

Mais venons-en à ce qui vous préoccupe. Vous vous plaignez du peu de place  que j’accorde aux lapins dans mon blog et vous demandez si les sentiments lapinophobes de votre serviteur et peut-être même de l’ensemble de la société française expliqueraient cette absence. Permettez-moi de vous rassurer : il n’en est rien. La lapinosphère tient sur le Net français une place tout à fait honorable dont je regrette de ne pas m’être, jusque là, fait l’écho.

Tenus directement par des lapins ou des lapines comme c’est le cas pour Nuage, Jade, Lilou ou par ceux qui partagent leur vie et pallient l’illettrisme de leurs amis (2lapinoux, Mooky, Cocotte (ou biscotte), Pinoux d’amour) je ne saurai vous en dresser la liste complète.  D’un contenu varié, tenus avec plus ou moins de régularité, ils permettent à toutes les composantes de la lapinité de s’exprimer en toute liberté.

Il arrive que je sois en total désaccord avec les positions radicales de certains. D’autres, un peu trop conciliants avec  le régime précédent et de tendance par trop droitière m’agacent parfois. Mais au-delà de nos dissensions, ce qu’il est rassurant de constater c’est la constante montée en puissance du lapin dans la blogosphère, montée autant qualitative que quantitative. Elle ne fait que refléter la place croissante que tiennent les lapins dans le débat public.

J’espère que ces quelques informations auront su calmer vos inquiétudes.

Transmettez mes  amitiés  à votre chère  Nadejda * ainsi qu’aux jeunes Joseph Vissarionovitch* et Léonid Ilitch*.

 J’aimerais que Léon, Léon, Léon, Léon et Léon** me communiquent la vision qui est la leur de la lapinosphère politique.

Si  Léone, Léone, Léone, Léone et Léone** Pouvaient en faire autant, ça n’en serait que mieux.



*N’oublions pas que la Mongolie Extérieure est une ancienne république.
**J’ai malheureusement égaré l’URL des Léon et Léone.

lundi 7 janvier 2013

Disparition inquiétante



Je laisserai le soin à la Marquise de Sévigné (Née de Rabutin-Chantal) * d’introduire cette information « Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus et cætera (je l’arrête là car ensuite cette bonne Marie qui commençait à yoyoter grave de la touffe devient lassante) : MES COLLINES ONT ENTIÈREMENT DISPARU !

En fait, il semblerait que, depuis trois jours,  du paysage enchanteur qui environne mon humble demeure rien ne reste au-delà du terrain du voisin dont on aperçoit encore, Dieu merci, la fosse à purin et la balançoire de la gamine. Le peu qui me reste semble comme nimbé d’une substance blanchâtre qui en rend les contours imprécis. 

Ce phénomène, s’il m’inquiète fait naître en moi une sourde colère. En effet, si j’ai acheté cette maison et y ai installé mon bureau au premier, face à la fenêtre c’était pour bénéficier de la magnifique vue qu’elle offrait sur les collines. Au même titre qu’à Paris-la-grand-ville une vue sur les Invalides, la tour Eiffel où Notre-Dame constitue un plus  considérable par rapport à celle qu’on aurait sur un gazomètre ou une station d’épuration, la vue sur les collines ajoute une valeur considérable à ma maison. Et voilà que tout d’un coup je m’en vois privé. Je me retrouve avec une vue sur rien du tout.

J’aimerais bien savoir qui s’est permis de la dérober. Car il s’agit d’un bien qui m’appartient. Personne n’a la même. Je ne me laisserai pas dépouiller ainsi !

La facilité pourrait, comme on le fait souvent, consister à en blâmer nos amis les Rroms. Ce serait profondément injuste. Et ceci pour deux raisons principales : on n’en voit jamais dans les parages et si on les accuse parfois, à tort bien entendu, d’être des voleurs de poules et de dindons, je ne me souviens pas avoir jamais entendu quelqu’un, même à mots couverts, les accuser de vol de collines.  De plus, dissimuler une colline, même petite, dans une caravane ou dans un fourgon afin d’aller la revendre en Flandres ou dans les mornes plaines d’Europe centrale, régions où la demande en collines verdoyantes est forte, est matériellement  impossible.

J’irais bien signaler cette disparition à la mairie ou à la gendarmerie du village voisin mais je soupçonne, tout ayant disparu dans un rayon de vingt mètres, que celles-ci n’existent plus. Je serais bien allé consulter Raymond, homme d’élevage et d’expérience, mais il semble avoir lui-même disparu et sa bergerie paraît happée par le néant.

Je me contenterai donc de lancer, via Internet, un appel à tous les braves gens de France pour qu’ils s’organisent afin d’exiger  qu’une enquête soit menée, que les coupables soient poursuivis et que mes collines me soient restituées au plus vite.

En attendant, n’en déplaise à certain(e)s, je vais continuer de peindre mes portes de garage en blanc car la grange où je les entrepose n’ayant pas disparu, c’est tout ce qu’il me reste à faire pour distraire mon angoisse d’isolé.

Je compte sur vous  et vous tiendrai au courant des rebondissements que pourra connaître l’affaire.
*A ne pas confondre, comme le font hélas certains, avec la comtesse de Ségur qui était, comme tout érudit le  sait, née Rostopchine et dont le père apparaît au milieu de nombre d’autres princes et comtes dans La Guerre et la Paix du regretté Léon (Tolstoï, pas l’andouille trolleuse).

dimanche 6 janvier 2013

A grand projet, grandes réalisations !



L’opération « Changeons nos portes » engagée voici quelques jours connaît ses premiers succès :

Avant

Après

Je vous laisse à votre admiration.

samedi 5 janvier 2013

Lorsque l’enfant paraît…



L’autre jour, alors que je lisais le Journal de Didier Goux, un passage m’a donné à penser : celui où il évoquait la difficulté que rencontrent parents et enfants à parler ensemble. Comme souvent je suis en partie d’accord avec pour corollaire évident que je n’adhère pas à tout.

La difficulté de communiquer avec les parents est certaine. Surtout dans le cas où ces derniers se sentent porteurs de vérités immuables ou pensent de leur devoir d’imposer leurs valeurs à leurs enfants même quand celles-ci les conduisent eux-mêmes au naufrage. Cette tendance était probablement plus fréquente  parmi les générations anciennes.

Mais cet obstacle n’est pas insurmontable : avec le temps, j’ai fini par parler librement avec mon père. Peut-être parce que je devenais trop vieux pour adopter l’attitude du fils soumis (que je n’ai jamais  été) et qu’il réalisait que, la fin approchant, il ne lui était plus nécessaire d’affecter un rôle de prescripteur. Nous en sommes ainsi venus à aborder des sujets délicats, des problèmes ou des moments de sa vie personnelle qu’il n’avait JAMAIS évoqués et que, jeune,  j’eusse craint d’aborder.  Je ne pense pas que mes frères aient eu avec lui cette « intimité ». La souhaitaient-ils même ?  Car pour ne pas se parler, il faut être (au moins) deux…

Il se trouve que, malgré mes réticences à me perpétuer, j’ai eu une enfant. A un moment où la femme avec qui je vivais avait su m’insuffler suffisamment de confiance en moi et en la vie pour sauter ce pas délicat. Si une enfant a été désirée, c’est bien elle.  Les circonstances ont fait que quelques années plus tard nous nous sommes séparés.  Et au plus profond des difficultés  c’est ce petit bout de chou qui m’a donné la force de continuer. J’étais responsable de cette vie que j’avais donnée.  Elle m’a, sans le savoir, puissamment aidé.

Ce ne fut pas toujours facile. Elle est adulte maintenant. 28 ans déjà. Elle vit sa vie. A sa manière.

Didier posait une question : puisque les enfants «appartiennent, dès le départ, à un monde qui ne sera pas le vôtre […] quoi leur apprendre ? »

J’ai une réponse à cela : leur apprendre ce qu’on a été. Avec nos hauts, nos bas.  Leur donner une confiance dans la vie quoi qu’il arrive. Nous avons survécu aux petites anicroches du destin. Les encourager à faire de même. Leur affirmer notre amour, aussi, surtout. Faire en sorte que la Promesse de l’aube soit plus ou moins tenue. Leur faire confiance : ils sont plus aptes que nous à faire face aux changements bons ou mauvais qui affecteront notre société.

Et puis certaines valeurs demeurent valables quels que soient l’époque et le contexte. On peut en faire état sans exiger qu’on les adopte.

Nous parlons. Sans trop entrer dans les détails. Mais nous parlons. Comme un vieux de 62 ans peut parler à une jeune femme. Comme un père à sa fille et une fille à son père. Pas comme des copains. Il y en a d’autres pour ça. Ça vaut ce que ça vaut mais c’est plein d’amour tendre. Parfois même exprimé.

Nous restons parfois des semaines sans nous parler. N’empêche, le lien est fort. Elle a été, est et sera ma plus grande fidélité.

 Je lui souhaite de connaître ce bonheur !