J’entends dire que l’on peine à recruter des profs dans le
9-3. C’est pour le moins curieux. Nous
ne manquons pourtant pas de pédagogues amoureux de leur métier, soucieux de
placer le jeune au centre du système éducatif et avides de s’enrichir au
contact de cultures différentes. Où
diable pourraient-ils mieux exercer leur apostolat qu’en
Seine-Saint-Denis ?
Il semblerait cependant qu’ils y renâclent. L’être humain
est un mystère.
Trêve d’hypocrisie : peu d’enseignants souhaitent
enseigner dans des banlieues difficiles. Pour des raisons évidentes : la
violence y règne et les efforts à déployer pour obtenir des résultats décevants
sont énormes. Il arrive que certains, parce qu’ils viennent eux-mêmes de ces
quartiers ou parce qu’à force d’efforts ils ont fini par y trouver leur place,
y restent. Ils sont généralement habités par une idéologie gauchisante qui
donne à l’ « éducation »
la priorité sur l’instruction et se
voient plus travailleurs sociaux qu’enseignants. Il suffit d’écouter leur
discours pour s’en persuader.
Malheureusement, tout le monde n’a pas leur abnégation de
femme battue à qui l’amour fait oublier les coups. Ils ne constituent donc qu’une partie du
personnel et forment l’ossature de l’équipe. Les autres sont gens de passage…
L’Éducation Nationale peut bien nommer des débutants, ils ne restent pas. Ils
démissionnent ou prennent leur mal en patience à coups d’arrêts maladie et
attendent une mutation vers des cieux plus cléments. Ils jouent le jeu, aussi,
prétendent qu’avec quelques ventilateurs de plus l’enfer serait un paradis. Ils
n’y croient pas.
On a pensé qu’en offrant des primes on pourrait attirer des
profs expérimentés… Foutaise ! Qui
croit qu’un prof de Henri IV, supposé être la crème des enseignants, ou
simplement d’un collège ou lycée sans problèmes va quitter son confort
bourgeois pour une poignée de cerises (et quelques cerises de plus) ? Faudrait être encore plus con qu’ils ne sont. Et puis leur
soi-disant expérience, leurs si jolis chevrons, que vaudraient-ils face à l’hostilité
de leur nouveau public ?
Le problème est bien plus profond : une société a l’école
qu’elle mérite. Un environnement socio-économique défavorable accentue les
défauts du système éducatif. Sans s’attaquer
aux racines du problème, le mode de recrutement ou d’affectation du personnel ne changera rien ou pas grand-chose.