Le changement est à l’ordre du jour. Il paraîtrait même qu’il
est en marche. Pour une bonne nouvelle, c’est une bonne nouvelle mais que veux-t-on changer au juste?
Changer le monde ? La société ? Il n’est pas
toujours évident de changer le bébé, de banque, d’emploi, la housse de couette,
son fusil d’épaule, d’adresse, l’eau des poissons rouges, de braquet ou encore
de l’argent ! Alors, le monde, la
société, je ne vous dis pas ! On m’objectera que les deux bougres ont
tendance à changer d’eux-mêmes. Ben oui, justement. Il est mouvant comme tout
ce foutu monde. Alors pourquoi jouer les mouches du coche quand la machine va
toute seule ?
Une des choses qui différencie le plus la droite non
fasciste de la gauche réside dans une vision différente du changement. D’un
point de vue de droite quand on ne se sent pas satisfait de son statut social,
on entreprend, dans la mesure de ses moyens, d’en changer. Pour la gauche, on
compte plus sur un changement social pour y remédier. Plutôt que de changer de
place, on rêve d’améliorer sa place. C’est plus une mentalité de fonctionnaire
que d’aventurier. A droite, si son enfant a des difficultés scolaires, on l’exhorte
à l’effort, on l’aide et si on en a les moyens on lui fait donner des cours (tout
en maudissant l’Éducation Nationale). A gauche, on pense qu’avec davantage de
profs ça ira mieux. De manière générale
on attend un maximum de la puissance publique et peu de soi-même.
Je trouve étonnant que l’on pense plus aisé d’obtenir ce que
l’on désire en attendant d’un gouvernement qu’il change la société qu’en faisant
des efforts personnels. Surtout quand la
marge de manœuvre de ce dernier se réduit comme peau de chagrin. On m’objectera
que plutôt qu’une solution individuelle les tenants du changement social visent
des solutions collectives. Certes, mais ce collectif n’est souvent pas dénué d’arrière-pensées personnelles. A
part, bien entendu, dans le cas des
bobos sincères mais tout le monde n’est pas masochiste.
On m’objectera : quid de ceux qui n’ont pas les moyens
physiques, intellectuels ou moraux d’améliorer leur sort ? Sauf à considérer que la société est
majoritairement composée de polyhandicapés cela ne concerne que très peu de
gens.
Il parait que le nouveau gouvernement va instaurer plus de
justice. Je veux bien. Tout dépend de ce qu’on appelle la justice. Si la
justice consiste à dépouiller les riches et les moyens afin de boucher quelques trous et d'opérer quelques réformes inutiles, je crois qu’on peut
lui faire confiance. Si tel n’est pas le
but, encore faudrait-il s’entendre sur la définition de cette
fameuse « justice ». Je crains que droite et gauche n’en aient pas la
même conception.