Peu de gens le savent, mais mes
billets sont bien meilleurs quand, plutôt que de se contenter d’une simple
lecture, on les chante. Les airs les mieux adaptés à leur lecture lyrique sont,
en fonction de la gravité du sujet, « Viens
poupoule » ou « Libiamo ne'lieti calici » de Giuseppe verdi. Essayez, vous
verrez.
Mais trêve de digressions, venons-en au cœur du problème :
Hier, un commentateur que je soupçonne de n’être qu’un pseudo-Léon car il
existe un pseudo-Léon comme il exista un Pseudo-Denys l’Aéropagite, m’adressa le commentaire suivant : «Vous m'en voudrez certainement, vous
pourrez m'effacer aussitôt, mais je suis obligé de vous dire ce que je ressens
à vous lire: l'intense satisfaction que vous affichez, pour vous, vos amis, vos
idées. Vous êtes une sorte de monsieur Béat.
Béat d'admiration pour vous. C'est impressionnant. C'est votre style. Vous ne vous referez sans doute pas. »
Béat d'admiration pour vous. C'est impressionnant. C'est votre style. Vous ne vous referez sans doute pas. »
Vous l’aurez noté, Léon écrivait sous la contrainte. De qui,
je l’ignore. Ce qui peut expliquer son
style hâtif. Mais, obligé de dire ou pas, il n’en reste pas moins que ce brave
homme m’accusait d’être une sorte de M.
Béat. Ne connaissant pas ce monsieur, il m’était difficile de décider si la comparaison
était ou non pertinente. Toutefois sa pensée se précisa : j’étais atteint
d’une sorte de narcissisme particulièrement carabiné. D’autant plus grave qu’irrémédiable.
Quand on se prend une telle gifle, une fois passée la douleur cuisante, on ne
peut s’empêcher de se poser la question de ce qui a pu la provoquer et de se
demander si on l’a méritée ou non.
Cela pose la question : pourquoi blogue-t-on ou plus
spécifiquement pourquoi blogué-je ?
Pour montrer au monde ébahi les chatoyantes et multiples facettes de ma
sublime pensée ? Par altruisme, donc, car je pourrais me contenter d’en
jouir en solitaire. Parce que je pense indispensable au salut du monde de la
faire profiter de mes lumières ? Parce que, comme Léon, on m’y contraint ?
Parce que l’Être Suprême m’inspire ?
Non, mise à part l’inévitable fatuité qui fait croire que ce
qu’on peut scribouiller intéressera un
peu, c’est tout bêtement que ça m’amuse. J’ai toujours aimé écrire. Mais
pas au point de le faire pour moi-même où en vue d’une quelconque publication.
Internet offre la possibilité immédiate d’une publication et éventuellement d’un
lectorat. Si personne ne m’avait lu, je n’aurais pas insisté. Mais bon, des
lecteurs sont venus, certains sont restés, certains sont devenus fidèles. Ça
fait plaisir, ça flatte un peu l’ego. Quelques uns, tenant blog eux-mêmes, m’offrent
l’occasion d’agréables lectures. Bref, ça crée un cercle amical avec l’avantage
conséquent que le danger de le voir débarquer à l’improviste à l’heure de l’apéro
alors qu’on n’a plus qu’un fond de whisky (ça ne m’arrive jamais, j’ai toujours
des provisions) est inexistant.
Un autre plaisir qu’offre le blog est la possibilité qu’on a
d’exprimer ce que l’on pense (ou croit penser) en toute liberté. Ce n’est pas
si fréquent. Ça ne durera peut-être pas, car le Bien veille (je suis en train
de lire « l’Empire du bien » de Muray). Alors pourquoi ne pas en
profiter ?
Comme Aragon, en moins bien, je
chante pour passer le temps… Ça ne peut
pas plaire à tout le monde. Jean Ferrat
lui répliqua par un « Je ne chante pas pour passer le temps » rageur.
Il devait être une sorte de M. Léon.




