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| Une épreuve de didactique ? C'est nouveau ! |
Nous approchions de la fin
de ce qui aurait pu être mon avant-dernière année d’IPES. Normalement la
dernière, mais il avait été prévu par le bon état-providence d’offrir en
fonction de leurs notes à 25% des Ipesiens une année supplémentaire afin qu’ils
préparassent l’agrégation et en cas d’échec se représentassent au CAPES. Comme
nous étions 4, j’aurais été celui là.
C’est alors que j’appris qu’avoir
le CAPES équivalait à se retrouver dans le Nord où tout autre endroit si
charmant qu’aucun ne voulait s’y rendre. Je ne me voyais pas quitter la
Touraine ou même la région Centre. Je m’étais marié, ma femme avait ses
attaches dans la région. Me retrouver à Pétaouchnock pour une poignée de
dollars de plus me paraissait un plan carrément pourri. Oui, bien sûr, avec le
temps je finirais bien par revenir mais tous ces déménagements ne me disaient
rien qui vaille. Je préférais donc retourner dans le corps des PEGC.
Autre petit détail :
après six ans mon enthousiasme estudiantin commençait pour le moins à s’émousser.
Je suis ainsi fait qu’après un emballement plus ou moins durable, tout d’un coup
l’objet de ma passion m’apparaît totalement dénué d’intérêt. Il faut que je passe à autre chose.
Je ne demandai donc pas de
quatrième année et allai passer le CAPES avec l’espoir de le rater. Il faut
préciser que les Ipesiens étaient, au même titre que les élèves de l’ENS
dispensés d’écrit pendant deux années consécutives. L’oral consistait en une
épreuve d’Explication de texte et une autre de Langue vivante ou ancienne. Être
recalé n’était donc pas évident pour moi. L’épreuve d’anglais se passa si bien
que quand je quittai les deux examinatrices elles paraissaient ravies.
Heureusement, l’autre épreuve consacrée à un texte de Molière, auteur que j’appréciais
et apprécie toujours, fut plus délicate. Le texte choisi me parut d’emblée de
ceux sur lesquels il n’y a rien à dire. Et pourtant je suis bavard… Tant bien
que mal je fis mon exposé. Les deux membres du jury qui avaient dû prendre des
cours de sourire avec Arlette Chabot me reprochèrent de ne pas avoir fait
ressortir tout le comique de la scène. Je répondis aux deux rigolotes qu’il ne
m’était pas apparu. Lorsqu’une d’elles me demanda comment je ferais pour faire
passer l’humour moliéresque auprès de mes futurs élèves, je lui déclarai que je
choisirais d’autres textes. Elles avaient l'air mécontentes et me demandèrent, avant
que je ne les quitte si j’étais bon en anglais. Avec une certaine morgue, je
répondis que j’avais une maîtrise en la matière. Cela dut influencer leur
notation. Pas favorablement.
Finalement je fus recalé. Je
rejoignis un poste de PEGC. Deux ans plus tard je quittai l’enseignement de
manière définitive. Du moins je le pensais. Pour aller vendre des fringues pas
chères sur les marchés. J’étais probablement un des camelots les plus diplômés
de la place. Comme quoi, hein, les études…



