..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 25 juin 2012

La mer, la mer, toujours recommencée !




Ce Paul Valéry, tout de même, quel poète !

N’empêche : je n’aime pas la mer. Je viens de passer une semaine à son bord sans lui faire l’aumône d’une visite. Cette totale indifférence est nouvelle. Breton d’origine, la mer  était pour moi synonyme de vacances. Mon père n’aurait su imaginer de congés sans elle. Il s’y baignait matin et soir, quel que soit le temps. J’ai suivi comme enfant on suit tout, mais avec plus de timidité quand le temps était frais. On avait même une maison sur la côte trégorroise. On l’a longtemps gardée en indivision. Une fois vendue, j’ai cessé d’aller à la mer et ça ne m’a pas manqué. Quand j’allais voir mon père à Perros-Guirec,  je me contentais de passer admirer les rivages sauvages de Plougrescant sans descendre de voiture.

Ces dernières années, quand je disais avoir acheté une maison en Normandie pour ma retraite, j’avais droit à la question rhétorique «  Au bord de la mer ? », une réponse affirmative  étant attendue. Lorsque je disais « non, à la campagne » on sentait  un rien de désappointement.  Parce qu’évidemment, à la campagne, on s’emmerde, tandis qu’à la mer, ben à la mer… Enfin, à la mer…

Pour moi, à la mer, on s’emmerde largement autant. De plus, la moindre bicoque bâtie sur un confetti y coûte une petite fortune. Sans compter que, les gens normaux professant un amour inconditionnel pour les étendues d‘eau salée, la foule s’y presse. Or la foule ce n’est pas mon truc. Sans compter qu’en hiver les cités balnéaires vous prennent des airs de villes fantômes à vous glacer le sang, qu’elles soient pavillonnaires ou constituées de grands immeubles. Qui n’a vu le vent glacé balayer un front de mer désert n’a qu’une idée faible du point de désolation extrême qu’on peut atteindre en temps de paix. L’habitat côtier est très souvent artificiel. Vivre hors saison dans un décor ne me dit rien de rien.

Et puis il y a la plage ! Se vautrer  au soleil, enduit d’huile solaire tandis que le sable, poussé par le vent s’introduit entre les pages de votre livre est un des buts fondamentaux d’une existence moderne. Alterner ces tentatives d’apprivoiser le mélanome avec de petites  trempettes dans l’eau saumâtre et glacée en est le summum.  Je laisse ces plaisirs à autrui.

Ce soir, je retrouve mes collines, leur froid, leur solitude, leurs piérides et leurs campagnols !  Ouf !

dimanche 24 juin 2012

Je suis un rustre, un barbare, au mieux un homme du commun (et encore)…


Pour ceux qui l'ignoreraient, l'équivalent anglais du plouc, c'est le clown.


Je dois  le reconnaître à ma plus ou moins courte honte : je suis un infâme plouc. Et ceci sans espoir de jamais changer. Il est trop tard si jamais il fut temps. Le pire est que je n’en suis que marginalement désolé. Je note qu’autour de moi fleurissent esthètes et fins esprits.

Mes goûts en matière de charcuterie,  exprimés hier,  ont été l’occasion de me ramener  à mon néant, si tant est que je l’eusse jamais quitté ne fût-ce qu’en rêves. L’histoire de ma vie est celle d’une longue remise en place. C’est triste, douloureux, déchirant même. Ou du moins ça devrait…

Prenons quelques exemples.

En matière de champagne, il paraît qu’il faut aimer le Dom Pérignon millésimé 1996 (Je donne cette marque  et cette date au hasard, si ça se trouve, cette année-là ils ont pissé dans les bouteilles). Je me renseigne, je vois que pour un peu moins de 400 € on en a une, de bouteille. Et qu’est-ce que je me dis ? C’est que pour le même prix j’aurais facilement 40 cubis de 5 litres de rosé à mon goût.

Quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup les femmes. Surtout quand elles étaient impétueuses et qu’elles suçaient comme des reines  de bonne famille. J’en ai rencontré quelques unes comme ça. Des Françaises, des Anglaises parfois. On avait beau me dire que les meilleures suceuses compagnes étaient portugaises ou allemandes, je n’en voulais rien savoir.

En matière de littérature, c’est pareil. Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors. » J’essayais de lire « A la perte du temps recherché ». Et ça me faisait chier grave. Je préférais, de loin, le sulfureux Louis-Ferdinand et le bouillonnant Romain Gary. Sans parler de moindres viandes. Et ça n’est pas allé en s’arrangeant. Je ne jure désormais que par Robert Rankin, triste britannique bouffon que je lis dans le texte et qui n’a pour mérite que de me faire rire.

Comme disait le bon Jean-Roger Caussimon, je suis de plus en plus léger. Et je n’en ai même pas honte ! Peut-on rêver pire abjection ?

vendredi 22 juin 2012

Les mines de charcuterie




Tout le monde connaît le Captain Cap, dont Alphonse Allais fut le chantre. Et si tout le monde ne connaît pas, tout le monde devrait. Rien de plus facile : on trouve ici ses aventures. C’est amusant, c’est instructif et ça ne coûte rien. Toute la sagesse du monde, ou du moins sa quintessence,  en 322 pages !  J’ai découvert cet estimable personnage en 1967, alors qu’innocent lycéen je m’ennuyais à mourir au bon lycée de Rambouillet. Un copain me prêta l’ouvrage. Cela me changea des pitreries loufoques des  Kant, Hegel, Spinoza, Pascal, Descartes, Marx  et autres turlupins dont une prof de philo particulièrement éteinte tentait vainement de nous distraire. C’était, comme disait le regretté Président Sarkozy, du sérieux.

Parmi  ces fascinants récits, l’un retint particulièrement mon attention : celui qui, au chapitre III, traite de l’existence, au Canada, du Meat Land ou carrières de charcuterie. Je ne vous expliquerai pas le détail de cette formation géologique originale et souvent méconnue. Comme on dit chez  M. Maldoror : « Allez-y voir vous même ! ».

Pourquoi évoquer ces fameuses carrières (j’aurais préféré mines, mais c’est ce substantif qu’Allais a choisi) ? Eh bien, parce que, tel que vous me lisez, je reviens juste d’Espagne où j’ai eu l’impression de me trouver, justement, dans une de ces mines.  Léon-le-Troll-de DG ™ n’est pas le seul à connaître des passions  joyeuses.  Celle de la charcuterie est une des miennes. L’avantage de la charcuterie par rapport à, disons, l’art moderne, c’est que les expositions sont permanentes, que c’est beau et que ça se mange. En outre, les tarifs sont plus raisonnables.

Donc, je suis allé à la Venta Peio de Dancharia, pas loin d’Espelette, capitale du piment au même titre que Guérande est celle du sel et que Troyes est celle du ménage. Imaginez mon ravissement devant ces tonnes de jambons, de chorizos, de lomos, de jambons de sanglier, de saucissons divers ! Quittant le mythe littéraire, la carrière de charcuterie rejoignait la réalité. Il suffisait de faire chauffer la Carte Bancaire pour partir en toute légalité chargé de viandes savoureuses.

Entre autres merveilles, ces oasis proposent des cigarettes et des alcools à prix compétitifs. Quel intérêt ? Des clopes, de l’alcool, on en trouve partout. Mais de la charcuterie espagnole, c’est plus rare en Basse-Normandie. J’ai fait mon choix.

jeudi 21 juin 2012

Espagne, le retour




Hier, nous fûmes en Espagne. Juste une incursion frontalière. Au nom de la quête charcutière. Nous allâmes déjeuner, ma foi correctement, dans un restaurant du col d’Ibardin bénéficiant  de vues imprenables d’un côté sur les Pyrénées et de l’autre sur un groupe e Tamalous en goguette. Le prix m’étonna, vu que pour celui d’un plat du jour en (pas si) Doulce (que ça) France, nous eûmes entrée, plat de résistance, dessert et quart de vin rosé. L’entrecôte s’avéra d’une tendreté remarquable. Rassasiés, nous nous dirigeâmes vers un des nombreux magasins qui offrent à la concupiscence des touristes français force produits à prix avantageux :  alcools, vins, charcuteries, cigarettes, conserves de poulpes, olives fourrées, huile dudit animal, produits de beauté, que sais-je encore ?

Comment font-ils ?  Peu importe.  Ils font. Le seul problème, c’est qu’il faisait une chaleur à ne pas mettre un Malien dehors. Alors, mon appétence pour les alcools forts et les charcuteries s’en trouva amoindri. C’est sans trop d’enthousiasme que je fis cependant quelques emplettes.

J’achetai également des cigarettes. Plus de deux euros moins cher par paquet qu’en (décidément pas) Doulce (du tout) France. J’en pris deux cartouches. Et ce fut l’occasion de constater que ce cher vieux pays était en marche. Traditionnellement, en lieu et place de « Fumer tue » ils inscrivaient, entre autres avertissements sanitaires, « Fumar puede matar ». Fumer peut tuer, ça laisse de l’espoir… On peut se dire qu’avec un peu de chance on peut fumer et  s’en tirer, mourir d’autre chose, par exemple. Il était urgent de corriger. Maintenant c’est « Fumar mata » qui prévaut. C’est inéluctable : tu fumes, tu en meurs et puis c’est tout. Il n’y a pas à tortiller face à l’inéluctable.  Ça c’est de la mise en garde !

Mon premier voyage en Espagne fut en 1969. 43 ans déjà ! J’y étais allé en stop. Comme je travaillais, je pouvais me permettre de descendre dans des 3 étoiles tout à fait corrects et de manger au restau. J’y avais passé la Semaine Sainte.  A Madrid j’avais pu voir armée, croix rouge, phalange, défiler au pas de l’oie suivis d’une interminable kyrielle de confréries de pénitents  différenciées par les couleurs vives de leurs robes. Les régiments allaient en cœur se confesser en vue de Pâques, créant  de longues files d’attente devant les églises. Un autre monde…

Dieu et UE merci, tout ça s’est arrangé. L’Europe s’uniformise. En dehors de ses monuments, le seul intérêt d’un pays finira par devenir le tarif avantageux de quelques produits. Pour combien de temps ?

mercredi 20 juin 2012

Méditation vespérale





« Les vacances, c’est un peu comme sauter la voisine : quand on est bien dans sa vie on n'en a pas vraiment besoin mais ça peut quand même être agréable. » Kant, Hegel, Marx, Proudhon, Nietzsche, Averroes, Alain, Noam Chomski, Lévinas, Pascal, Descartes, Spinoza, Épicure, Érasme etc.. in Nos joies, nos peines , Ouvrage collectif.

En lisant cette phrase magistrale frappée au coin du bon sens par mes auteurs favoris, je me dis que la philosophie, hein, quand même !

C’est assis sur une terrasse que je médite ce soir. Le chaud soleil du sud des Landes la baigne de ses rayons ardents (notez qu’avec le philosophe cohabite en moi, en tout bien tout honneur, un poète de l’école clichéiste).  Ce matin, il pleuvait. Une pluie sage et heureuse. Bien différente de celle de deuil terrible et désolée que j’ai quittée hier dans le Sud-Manche (il arrive que je pompe éhontément sur Prévert).  Et ce soir, le ciel est bleu comme… comme… ben comme quand il n’y a pas de nuages, tiens ! Il fait chaud à se croire en été alors que l’été, à la différence du changement, ce n’est que pour après-demain.

Me voici donc en vacances.  Premier jour calme. Pas fait grand-chose à part visiter le chantier du futur appartement du fils de ma compagne chez qui nous résidons, parcourir les rayons d’une jardinerie, manger, faire quelques courses  et lire blogs et commentaires.  Je suis passé à côté de la corvée de plage grâce au temps maussade qui prévalut jusqu’en début d’après-midi. Aurai-je cette chance tout au long de la semaine ? Ne rêvons pas !

L e temps fort de ce séjour devrait être une escapade shopping en Espagne pour  y acheter toutes sortes de charcuteries : jambon serrano, lomo, chorizos divers, etc. J’adore m’en  goinfrer à l’apéro. Ça se paye ensuite, mais comme disait Heidegger , « Si tu t’assois dans le feu, ne t’étonnes pas d’avoir des cloques aux fesses » !

En fait, l’agrément principal des vacances c’est de pouvoir ne rien faire  sans aucun remords. Venu pour buller, mission accomplie, j’ai ma conscience pour moi.