Ce Paul Valéry, tout de même, quel poète !
N’empêche : je n’aime pas la mer. Je viens de passer
une semaine à son bord sans lui faire l’aumône d’une visite. Cette totale
indifférence est nouvelle. Breton d’origine, la mer était pour moi synonyme de vacances. Mon père
n’aurait su imaginer de congés sans elle. Il s’y baignait matin et soir, quel
que soit le temps. J’ai suivi comme enfant on suit tout, mais avec plus de
timidité quand le temps était frais. On avait même une maison sur la côte
trégorroise. On l’a longtemps gardée en indivision. Une fois vendue, j’ai cessé
d’aller à la mer et ça ne m’a pas manqué. Quand j’allais voir mon père à Perros-Guirec,
je me contentais de passer admirer les
rivages sauvages de Plougrescant sans descendre de voiture.
Ces dernières années, quand je disais avoir acheté une
maison en Normandie pour ma retraite, j’avais droit à la question rhétorique «
Au bord de la mer ? », une réponse affirmative étant attendue. Lorsque je disais « non,
à la campagne » on sentait un rien
de désappointement. Parce qu’évidemment,
à la campagne, on s’emmerde, tandis qu’à la mer, ben à la mer… Enfin, à la mer…
Pour moi, à la mer, on s’emmerde largement autant. De plus,
la moindre bicoque bâtie sur un confetti y coûte une petite fortune. Sans
compter que, les gens normaux professant un amour inconditionnel pour les étendues
d‘eau salée, la foule s’y presse. Or la foule ce n’est pas mon truc. Sans
compter qu’en hiver les cités balnéaires vous prennent des airs de villes
fantômes à vous glacer le sang, qu’elles soient pavillonnaires ou constituées
de grands immeubles. Qui n’a vu le vent glacé balayer un front de mer désert n’a
qu’une idée faible du point de désolation extrême qu’on peut atteindre en temps
de paix. L’habitat côtier est très souvent artificiel. Vivre hors saison dans
un décor ne me dit rien de rien.
Et puis il y a la plage ! Se vautrer au soleil, enduit d’huile solaire tandis que
le sable, poussé par le vent s’introduit entre les pages de votre livre est un
des buts fondamentaux d’une existence moderne. Alterner ces tentatives d’apprivoiser le
mélanome avec de petites trempettes dans
l’eau saumâtre et glacée en est le summum. Je laisse ces plaisirs à autrui.
Ce soir, je retrouve mes collines, leur froid, leur solitude, leurs piérides et leurs campagnols ! Ouf !
Ce soir, je retrouve mes collines, leur froid, leur solitude, leurs piérides et leurs campagnols ! Ouf !