..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 6 mai 2012

Baston




Hier, il y eut sur ce joli blog généralement apaisé et rassembleur une petite bagarre comme le net sait en faire naître. On s’y cliva comme chiffonniers.

Ayant moi-même pas mal trollé, avant même de savoir ce qu’était un troll, je ne jetterai la pierre à personne. C’est même cette sale manie qui m’a amené à ouvrir blog suite à un différend avec le sieur Jégou. Plutôt que d’aller écrire chez les autres, pourquoi ne pas avoir un petit chez soi ?  Troller, c’est comme squatter à part qu’en général, quand on se fait abriter chez autrui, on le fait chez ses amis et non ses « ennemis ». Quelque soit le cas, cependant, l’ami ou l’« ennemi » risque de se lasser et le troll de se retrouver dehors.

Si le forum est un lieu non seulement propice à la baston mais conçu pour ça, le blog est autre chose. C’est un lieu « privé » même s’il est ouvert à tout vent. S’y livrer à la baston est un peu déplacé, comme il est déplacé, surtout quand on n’a pas été invité à la soirée,  de violer la grand-mère, de s’essuyer la queue dans les rideaux avant de boire le lait du p’tit chat. C’est se monter homme du commun (1).


Mais quel qu’en soit le lieu, la bagarre du net n’est qu’un jeu truqué. Ne serait-ce que parce que souvent, comme certains catcheurs de jadis, on s’y livre masqué. Ensuite parce que le combat est purement virtuel et sans danger, sauf à tomber sous le coup de la loi comme certain de mes ex-adversaires en polémique particulièrement hargneux.  Je soupçonne la plupart des bretteurs internautiques d’être polis et réservés dans la vraie vie et de ne donner libre cours à leur agressivité que devant un clavier. Tant qu’il n’y aura pas de touche « poing dans la gueule » ou « coup de latte dans les couilles », on pourra se livrer sans douleur  à  ces combats de coqs sans ergots séparés par une vitre blindée.

Cependant, on peut se sentir agacé voire blessé par certaines attaques. Ça m’est arrivé, mais la blessure est  bien  superficielle et on en est  vite remis.  Toutefois, la prochaine fois que ce genre d’ « échange » se produira ici, je supprimerai les commentaires. Sans pour autant en vouloir à leurs auteurs tant je sais que nul n’est parfait et que tout ça c’est du cinéma.

(1) Merci à MM. Gary et Brassens pour les termes de ces deux dernières phrases.

samedi 5 mai 2012

Ne parlons pas d’élections




Si j’en crois M. Jégou  (et pourquoi ne le croirais-je pas ?),  il serait interdit aujourd’hui  et demain de faire des billets politiques. Pour cause de fin de campagne électorale.

Je me plierai donc au règlement. Stulta lex sed lex.  J’avoue ne pas voir l’intérêt d’une telle mesure. Car elle est incomplète. Pour que les gens ne soient pas influencés durant les deux derniers jours, il faudrait que soient détruits ou neutralisés tout  document ou personne  susceptibles d’influencer l’élection : on efface tout ce qui en a été dit sur le net et tout ce qu’on en aurait téléchargé, on arrache toutes les affiches, on brûle en  présence d’un huissier tout imprimé ayant trait au sujet, on incarcère en l’isolant toute personne susceptible de parler politique ne serait-ce qu'avec ses amis ou sa famille.

Faute de ces quelques mesures (et je suis certain que la liste en est incomplète), le soi-disant  silence radio est totalement inefficace.

Ainsi, j’ai reçu hier mes magazines du week-end. Comme j’avais des courses à faire et une salle d’eau à commencer de peindre, je n’en ai même pas ouvert le blister.  Qu’est-ce qui m’empêche de le faire aujourd’hui ?  Je ne serais qu’à moitié étonné que le Figaro Magazine soutienne davantage un candidat plutôt que l’autre. La factrice avait ce même jour déposé dans ma boîte  les professions de foi des deux candidats. Je n’ai même pas pris le temps d’ouvrir l’enveloppe. Je l’ai fait ce matin et j’ai alors découvert que s’y trouvaient DEUX proclamations pour le même candidat !  Quel scandale ! Ça ne m’a pas trop perturbé, vu que j’ai mis les trois dans la poubelle de tri sélectif sans les lire, mais ça aurait pu.

Admettons que d’ici demain, je me découvre homo. Et que, me rendant à la mairie pour y voter, passant devant un panneau d’affichage, je sois frappé par la beauté magnétique d’un des deux candidats.  Je risquerais alors de me dire : « C’est lui que je veux ! Élu, je le verrai souvent à la télé ».

Si , voulant rechercher des photos de chaussures à semelle de bois, ma hâte (ou quelque lapsus clavieri révélateur) fait qu’un « n » remplace le « s » souhaité,  je risque de me retrouver face à des images susceptibles de miner ce que je croyais des convictions.

De même, l’innocent gourmet , l’amateur de belles choses qui pianotent  « Andouille de Vire », ou «à poil tout le monde à poil » sur leur clavier (comme ça arrive assez souvent) risque de tomber sur un de mes billets, et de fil en aiguille, passant d’un texte à l’autre, il finisse logiquement par se dire :  « Ce Jacques Étienne, quel génie, tout de même ! Je vais voter comme il le conseille ! ».

Le fameux silence radio ne marche pas. Ne peut pas marcher.

En Angleterre, la campagne se poursuit  jusqu’à la fin du scrutin. Est-ce que ça change grand-chose ? Sommes-nous plus influençables que nos voisins d’Outre-Manche ?  Est-ce que la crainte de la violence des passions politiques nous fait craindre que l’imminence du résultat mène à des affrontements ?

Croyons-nous si peu en la démocratie ?

vendredi 4 mai 2012

Moi président...




Moi président, j’abolirai le vieillissement,
Moi président, le voisin me rendra mon ordinateur réparé et mes outils,
Moi président les piérides ne boufferont que les choux des voisins,
Moi président, Léon n’ira plus faire chier que Didier Goux,
Moi président, je ferai voter une loi interdisant la gueule de bois,
Moi président, personne n’aura plus mal aux genoux, aux hanches ni au dos, ni ailleurs,
Moi  président, il n’y aura plus de mildiou  sur mes tomates,
Moi président, il ne pleuvra que la nuit sur la Normandie,
Moi président, j’allongerai le printemps, l’été et (un peu) l’automne et soumettrai la suppression de l’hiver à un référendum populaire,
Moi président, Jean-Luc ( Mélenchon) épousera Marine (Le Pen),
Moi président, il n’y aura plus une seule tortue qui ne batte les lièvres à la course,
Moi président, j’abolirai l’esclavage (Ah bon, c’est déjà fait ?),
Moi président, les gens seront moins laids, même François Hollande,
Moi président, les moustiques ne piqueront plus et nous offriront leur miel,
Moi président, tout le monde gagnera au Loto,
Moi président, la croissance sera à trois chiffres (au moins),
Moi président, les pauvres seront riches et les riches aussi,
Moi président, les fruits passeront la promesse des fleurs,
Moi président, le ridicule ne tuera plus,
Moi président, j’arrêterai de dire « Moi Président »,
Moi président, il n’y aura plus de président.

Mais, moi, je ne serai jamais président.

jeudi 3 mai 2012

Quand l’ultra spécifique se pense universel




Lendemain de débat. Que dire ? Chacun selon ses œillères, proclame son champion vainqueur, et haut la main, s’il vous plaît ! C’était tellement prévisible !  Les lignes bougeront-elles ? Dans quel sens ? J’aimerais être plus vieux de trois jours et demi que ça soit plié, une bonne fois pour cinq ans. Malheureusement, ça ne s’arrêtera pas comme ça : il y aura des législatives avec plus ou moins d’incertitudes encore. Allergique aux catastrophismes de tout poil, je ne parviens pas à me dire que le monde s’écroulera ou se régénérera le 6 mai. Il continuera.  Course folle à sa perte ? Lent pourrissement ?  Marche forcée vers un monde meilleur ?  Lent cheminement vers le bonheur ? Rien de tout ça ? Une chose est certaine : ce n’est pas moi qui en changerai le cours.

En ce matin gris où l’inspiration se traîne, je lis les échanges d’hier sur le blog de Didier Goux et j’y découvre ce petit joyau, intervention de l’inénarrable Léon : « les peintres ne cessent de créer, et nous courons les vernissages, les musées, les salles de cinéma, en masse, de plus en plus nombreux, de plus en plus ouverts à la culture, (connaissez vous la consommation et l'offre culturelle en 1936, voulez-vous échanger?)n'est-ce pas réconfortant de vivre un temps où les cultures s’interpénètrent, jusque dans nos rues, nos marchés, où nous avons en permanence à la seconde des nouvelles du monde entier, moi ça m'enthousiasme, même si les dangers de l'humanité sont toujours présents, je ne veux pas perdre mon temps sur le sort qui m'est fait, et dans cet arc-en-ciel culturel je trouve de quoi vivre mes passions joyeuses et vous laisse à vos passions tristes. »

Rien que ça. Léon vit dans un monde de cocagne. Une telle félicité me ferait « pleurer de tendresse » comme le loup de la fable  si elle correspondait à l’une quelconque de mes aspirations.

J’apprends avec bonheur que les peintres créent et que nous nous ruons comme guêpes affamées sur pot de confiture vers les vernissages… J’ai des amis peintres. Je ne comprends rien à ce qu’ils font. Quand ils m’invitaient  à leurs vernissages, j’évitais parce que la foule, moi… Maintenant, je suis loin. La question est ainsi réglée.

On court aux musées, aussi. On se demande pourquoi on court vu qu’un musée ça ne bouge pas beaucoup…  A moins qu’il s’agisse de ne pas rater l’exposition de Duraton-Bidochon où des millions de clampins, toujours anxieux de participer à ce qui se fait,  pourront après des heures de queue s’extasier, tassés comme sardines en boite,  devant ce qu’il est de bon ton d’admirer ?

On court encore (on finira par s’essouffler !) au cinéma voir des navets populaires ou des âneries venues des States.

On est ouvert sur LA culture, mieux sur les cultures, lesquelles s’interpénètrent dans les rues et les marchés (sans que personne ne songe à leur jeter un salutaire seau d’eau), créant un magnifique « arc-en-ciel culturel » propice à l’épanouissement des « passions joyeuses ».

Mouais. Mais bénéficier de tout ça suppose que l’on habite une grande ville d’Europe ou d’Amérique, que l’on ait un goût prononcé pour l’art pictural, les moyens de s’offrir les billets de cinéma ou d’expositions, que l’on ait le goût de la foule, que l’on place la bigarrure culturelle sur un piédestal, bref ce monde de cocagne n’est en fait que le rêve plus ou moins éveillé d’un bobo urbain et occidental du XXIe siècle commençant et en aucune manière une aspiration universelle.

J’habite un hameau isolé d’une commune sans rues, sans cinémas, sans expositions, sans marchés, sans diversité. Et curieusement, je n’en suis pas malheureux. Je n’ai pas plus de ces « passions joyeuses » de bobo que de  ces «  passions tristes » supposées tarauder  le réac dans l’Évangile selon Saint-Léon. Je me contente d’occupations paisibles comme le jardinage, le bricolage, la lecture, la tenue d’un blog ou  la cuisine. Son paradis boboïque, je le laisse volontiers à Léon.

mercredi 2 mai 2012

Travail des enfants : une honte !


Le cheval était gris pommelé, la vigne plus petite, mais bon...



Moi, Messieurs-Dames, je suis de ceux qui bossent, ont bossé et bosseront. J’ai commencé tôt, très tôt. J’avais 12-13 ans et, à Marcoussis, village alors inconnu de l’Essonne, j’aidais le père Petit, Albert de son prénom,  sur son exploitation maraîchère.  Il était bien vieux Albert. Plus de quatre-vingts ans. Il travaillait encore  parce que c’était sa vie. Pas par avarice, il avait de quoi vivre et bien plus mais il n’aurait su faire autre chose. Il est même mort à la tâche. Un jour, se sentant fatigué, il s’est adossé au grand cerisier de son clos et s’y est endormi pour toujours. Un Molière du maraîchage…

Il travaillait avec un cheval, vieux lui aussi, nommé Pompon. Quand il avait besoin de moi, le père Petit faisait appel à mes services. Le jeudi, le samedi ou pendant les vacances scolaires. Je gagnais pour mes efforts 1 franc de l’heure. Mes services, c’était curer le cheval, le mener entre les rangs de légumes, planter, biner. « Tu passes à razelpied (au ras du pied) » me disait le vieux. Biner, c’est une question de rythme. Seulement, à force d’essayer d’aller vite et de passer au ras, il m’arrivait de raser carrément le pied. Je le replantais alors sans ses racines. Histoire de ne pas avoir l’air trop con.

Les journées faisaient dix heures. Pas toujours d’efforts intenses.  Certains champs étaient éloignés et une fois pris le temps d’harnacher le cheval, de charger la charrue ou la herseuse et les autres outils dans la charrette, de l’atteler et de se rendre au champ, il ne restait que peu de temps de travail utile. Le père Petit avait une vigne dont il tirait une piquette infâme (son cidre aussi était redoutable !) à Nozay. Pour monter la côte en lacets, ça prenait un temps fou.  Le brave Pompon peinait. Au retour, sentant l’écurie, il retrouvait sa jeunesse et se mettait au trot. Il fallait  « serrer la mécanique » pour actionner le frein.  « Ah c’te vérole de ch’val ! » s’écriait l’Albert quand Pompon faisait l’andouille. Sinon, il le flattait de petits noms affectueux. Au pas lent du cheval passaient les journées. J’aimais bien ça.

Bien sûr, comme se moquait mon frère aîné, qui ne se serait jamais abaissé à de si basses besognes,  j’avais tendance à puer le cheval en fin de journée mais j’avais dix francs dans la poche.  Gabrielle, la femme d’Albert,  me les comptait le soir. J’étais content : je pouvais me payer ainsi mes petites fantaisies : jouer au flipper (20 centimes la partie !) et me payer des clopes. De plus, en en mettant un peu de côté, j’ai pu m’acheter un Solex d’occasion sans rien demander à personne.

Aujourd’hui  ce serait impossible, le travail comme les cigarettes. On les bichonne les petits.  Faut pas qu’ils se fatiguent. Faut qu’ils arrivent au chômage en pleine forme ! Moi, ça m’a donné le goût du travail manuel. A moins qu’il n’ait été inné…