Il nous est tous arrivé de nous dire un jour, suite à une bêtise plus ou moins grave, qu’on aurait mieux fait de rester couché.
C’est ce que doit penser Francesco Schettino, capitaine du Concordia dont l’immense carcasse est vautrée tout près des côtes de l’île du Giglio. Il y a des morts, des disparus. Relativement peu d’ailleurs, vu le nombre de passagers. Le bateau est foutu. On ne sait même pas ce qu’on va pouvoir en faire…
Un jour on est le seul maître à bord après Dieu (quand ce dernier ne tape pas le carton). Le lendemain, on est la pire des merdes. Il ne faudrait quand même pas croire qu’on a confié un tel navire à un triste incapable suite à un entretien du genre :
C’est ce que doit penser Francesco Schettino, capitaine du Concordia dont l’immense carcasse est vautrée tout près des côtes de l’île du Giglio. Il y a des morts, des disparus. Relativement peu d’ailleurs, vu le nombre de passagers. Le bateau est foutu. On ne sait même pas ce qu’on va pouvoir en faire…
Un jour on est le seul maître à bord après Dieu (quand ce dernier ne tape pas le carton). Le lendemain, on est la pire des merdes. Il ne faudrait quand même pas croire qu’on a confié un tel navire à un triste incapable suite à un entretien du genre :
- Ah, mon p’tit Francesco, je t’ai fait venir parce que j’avais quelque chose à te demander…
- Oui, M’sieur Costa ?
- Est-ce que tu saurais commander un paquebot ?
- Commander un paquebot ? Je ne sais pas, j’ai jamais essayé…
- Tu as bien fait un peu de navigation quand même ?
- Ben, j’ai bien fait du pédalo avec François Hollande mais c’était lui le commandant…
- Du pédalo ? Tu as donc une expérience maritime…
- Et puis mon beau-frère a fait son service dans la marine…
- Mais c’est très bien tout ça ! Je crois que j’ai trouvé l’homme qu’il me faut. Je t’explique. Je viens d’acheter un nouveau paquebot, le Concordia, un rafiot qui fait quand même ses 280 m de long. Ça m’a coûté une bonne pincée. Je ne te dis pas combien, mais avec ça, j’aurais pu m’en payer des soirées de bunga-bunga ! Et pas qu’un peu !
- Je n’en doute pas M’sieur Costa.
- Donc, j’ai déjà le bateau, j’ai recruté l’équipage, mais il me manque le commandant. J’ai pensé à toi parce que depuis quelques années que je t’observe quand tu nettoies les carreaux de mon bureau, j’ai pu me rendre compte que tu étais un garçon sérieux et consciencieux…
- Vous me flattez, M’sieur Costa !
- Pas du tout, Francesco, pas du tout. J’ai vu aussi que tu t’y connaissais à la manœuvre. Quand tu gares ta Fiat 500, c’est du travail d’artiste…
- On fait ce qu’on peut M’sieur Costa, on fait ce qu’on peut…
- Tu es trop modeste, Francesco, trop modeste. Allez, tu n’es plus laveur de carreau, te voici commandant de paquebot.
- C’est ma femme qui va être contente ! Elle qui trouve que je suis toujours dans ses pattes, ça va lui faire des vacances. (à part : Et à moi aussi !)
- Tope-là, Francesco et cochon qui s’en dédit ! Seulement, je te demanderai d’y faire bien attention, parce que ces machins-là ça se gare pas comme une Fiat 500 et les rayures sur la coque ça coute bonbon à réparer.
- J’y ferai attention comme si c’était à moi, ne vous en faites pas, M’sieur Costa.
- Voilà une affaire rondement menée ! Tiens, voilà les clés. Ton paquebot est arrimé au môle B. Tu ne peux pas te tromper, c’est le plus gros. Et pour la tenue, tu devrais trouver ce qu’il te faut chez Kiabi. Il ne me reste plus qu’à te souhaiter bon vent.
- Merci M’sieur Costa. Vous n’aurez pas obligé un ingrat.
- C’est moi qui te remercie, mon petit Francesco, au revoir Capitaine Francesco…
- Au revoir, M’sieur Costa et bien le bonjour chez vous !
Tout ça paraît grotesque et improbable, non ? Et les commentaires qui sont faits sur le caractère du Commandant Francesco Schettino, ils ne vous paraissent pas également grotesques et improbables ? Même pas un tout petit peu ? Vous imaginez vraiment que la compagnie Costa Croisières confie le sort de navires qui coutent je ne sais combien de centaines de millions d’euros, sans compter la vie de milliers de passagers, à des rigolos qui vont faire les marioles avec pour épater leurs potes ? Le portrait qu'on fait de l'homme et les agissements qu'on lui attribue le laisseraient croire. Sauf que ça ne colle pas tout à fait avec ce qu’on dit de lui dans cet article.
Une fois calmé le raffut médiatique, on aimerait avoir la version du capitaine…