..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 6 janvier 2012

Chou de Bruxelles : la vérité



Il est temps de revenir aux fondamentaux. Ces derniers temps, je me suis parfois laissé aller à la facilité. Les fonctionnaires, le vote des étrangers, l'Amérique, le temps de travail... J'admets qu'il faut parfois distraire. Mais à courir après le lecteur futile ne risque-t-on pas d'éloigner le sérieux ? Un éminent  membre de mon blog vient de se désinscrire. Je note l'avertissement.

Ce qui fait l'originalité et l'intérêt de ce lieux d'expression, c'est la place qu'il réserve au chou. Jusqu'au plus humble d'entre eux, ce modeste cousin du cabus que l'anglais, toujours railleur, ravale au rang de simple "Pousse de Bruxelles".  Jusqu'ici je l'ai défendu, traquant l'infâme larve de piéride afin qu'il pût prospérer jusqu'à maturité. Ce combat, je l'ai gagné. Le temps de la récolte est venu. Et avec lui celui de la désillusion pour ne pas dire du deuil. 

Avant-hier, je pris la décision de cueillir ceux de ces premiers bourgeons qui avaient atteint une taille raisonnable. Enthousiaste, je décidai de les cuisiner sur l'heure. Là commença la déception. Tout d'abord, les éplucher prend un temps fou. Il faut leur ôter les feuilles extérieures trop coriaces et souvent attaquées par les limaces et autres prédateurs. Une fois les éléments peu comestibles ou souillés éliminés, que constate-t-on ? Eh bien qu'il y a plus d'épluchures que de "chou".  

Et s'il n'y avait que cela... Pour qu'ils deviennent consommables, il faut, à l'instar de leurs lointains cousins, crabes, homards et missionnaires, les plonger quelque temps dans l'eau bouillante. Ensuite, on les passe un peu au beurre, on déguste et vient le temps du verdict : je suis au regret de le dire mais le résultat n'est pas à la hauteur des efforts déployés. Je n'irai pas jusqu'à en faire comme Robert Rankin  un objet de détestation aux pouvoir maléfiques, mais honnêtement, c'est moyen. TRÈS moyen.

Conclusion (patriotique) : Jeunesse de France, pense à ton grand pays, travaille à le relever, porte-le de nouveau à la place qui lui revient de droit, rend-lui son rôle de phare culturel et moral, fais en ce paradis où tous les hommes rêvent de vivre (sans pour autant passer à l'acte), et crois m'en : consacre moins de temps à tes choux de Bruxelles : ils n'en valent pas la peine (Marseillaise, youpi, liesse générale etc.).

jeudi 5 janvier 2012

Mauvaise irrésolution de début d'année



la coutume voudrait que l'on prît chaque année nouvelle de "bonnes résolutions" visant à nous améliorer moralement ou physiquement. Ainsi le tueur en série s'engagerait-il à ne plus pratiquer l'assassinat qu'à dose homéopathique voire à ne plus tuer du tout, le fumeur à réduire ou supprimer son addiction, le buveur invétéré à se mettre au Vichy et DSK à ne plus sauter, avec modération, que sur sa digne et fidèle épouse.

Eh bien moi, j'ai du mal avec ça. Non que ma tendance à la perfection soit telle qu'elle me vaille l'envie et un rien d'animosité de la part de mon entourage. Elle est en fait assez modérée. C'est plutôt que je suis sceptique sur mes capacités à changer. Il m'arrive même de penser que m'améliorer ne serait pas plus utile que souhaitable. C'est vous dire à quel point mon sens moral s'est laissé gangréner par le laisser-aller ambiant. A supposer qu'il ait jamais été très gaillard. 

Je me souviens pourtant d'un temps où changer me paraissait possible. En cette époque reculée je croyais aussi, tant qu'à faire, qu'on pouvait changer le monde...  Aujourd'hui, tout bien pesé, je n'arrive pas à voir ce que pourrait bien m'apporter d'être autre dans un autre monde. D'où mon scepticisme vis à vis d'une vie éternelle en paradis.

Comme tout le monde, il m'arrive, quand de trop abondantes libations m'incommodent au matin, de me dire que je devrais arrêter le whisky. Ça dure rarement jusqu'au soir. Parfois ça m'amène jusqu'à remplacer le jus de céréales  que distillent les écossais par de la vodka polonaise aromatisée à l'herbe de bison.  Mais peut-on voir là un quelconque progrès moral ? 

Quand je me trouve le souffle court, que je tousse ou que des douleurs dans la poitrine me chagrinent, j'en viens à penser qu'arrêter de fumer, ben...  Mais comment, moi qui ai commencé à m'adonner à l'herbe à Nicot dès mon plus jeune âge, pourrais-je me passer des 25 à 30 cigarettes que je fume quotidiennement depuis plus de quarante ans ? Mon nouveau médecin, dès notre première conversation a lui-même compris à quel point mon cas était désespéré...

Il arrive aussi que les chiffres qu'affichent ma balance me fassent caresser l'idée que quelques kilos de moins seraient susceptibles d'alléger mes douleurs de genou. Ces kilos, je les ai perdus je-ne-sais combien de fois. Et je les ai si bien retrouvés qu'à quelques livres près je pèse le même poids qu'il y a quarante ans...

Un point sur lequel j'aurais "progressé", c'est mon goût, affirmé du temps de ma jeunesse folle et même un peu au-delà,  pour les jeunes et jolies femmes. C'est d'ailleurs, preuve que le monde est bien fait, parfaitement réciproque. Mais plus que le résultat d'une avancée éthique ne faudrait-il pas voir là celui de la marche inexorable du temps qui, comme disait  ma mère, est un grand saint qui guérit tout ?

Alors voilà : en ce début d'année, je resterai dans l'irrésolution. Je continuerai d'offrir à mes petits démons la part que leur feu réclame. A vivre avec eux une paix armée qui les empêche de me terrasser sans perdre les plaisirs que me procure leur fréquentation. Qui d'eux, de moi ou du temps gagnera l'éventuelle et inévitable bataille ? On verra bien...

mercredi 4 janvier 2012

Charge d'âme

Il est des moment où l'on se sent écrasé par les responsabilités. Je m'apprête à en vivre un. Pas plus tard que tout à l'heure, je prendrai la route de Saint-Lô pour y aller chercher Elphy. Sa maman devant subir une intervention chirurgicale m'a demandé de veiller à son bien-être durant les quelques jours que durera son absence. 

Comment refuser ? Pouvait-on envisager de la confier à des étrangers ? Elle me connait depuis sa plus tendre enfance. De plus, si le temps s'y prête, elle pourra profiter du jardin ce qui la changera de la vie d'appartement qui est le plus souvent la sienne. C'est un plaisir de l'y voir courir, curieuse de tout, de la voir revenir vers nous, essoufflée, échevelée, trempée de rosée certains matins de fin d'été. 

Seulement, privée de celle qu'elle suit comme une ombre fidèle, sera-t-elle aussi enthousiaste ? La mélancolie ne risque-t-elle pas d'affecter son comportement d'ordinaire si joyeux ? Mangera-t-elle bien ? Son sommeil n'en sera-t-il pas perturbé ? Que faire alors pour distraire sa tristesse ?

Et puis il y a toujours la peur qu'il ne lui arrive quelque chose. C'est fragile, ces petits êtres. Ça court partout, sans bien regarder où ça met les pieds. Il faudra que je la surveille...

Tout cela me préoccupe. Je sais que je ferai de mon mieux pour que réduire le poids de l'absence. Seulement,  mon mieux sera-t-il suffisant ? L'avenir nous le dira...


Votre serviteur (à gauche sur notre photo) en compagnie d'Elphy

mardi 3 janvier 2012

POUR EN FINIR AVEC LES FONCTIONNAIRES



Hier encore, sur le blog de l'Amiral, a eu lieu un débat sur les fonctionnaires. Si on caricature, on a deux camps face à face. D'un côté ceux qui pensent que les fonctionnaires sont d'horribles privilégiés, des fainéants qui, protégés par leur statut, ne pensent qu'à semer le désordre en ruinant au passage notre économie qui n'a vraiment pas besoin de ça. Entre autres tares, ces agents de l'état ont celle d'être trop nombreux. Ce  camp tend à brosser, par contraste, un portrait flatteur de qui travaille dans le privé, sorte de héros dont l'efficacité redoutable est malheureusement freinée voire réduite à néant du fait qu'un sort absurde lui inflige de traîner ce boulet économique qu'est le fonctionnaire. Un remake du vieux mythe où le privé tient le rôle de Sisyphe et le fonctionnaire celui du rocher...

De l'autre côté, les partisans de la fonction publique, souvent fonctionnaires eux-mêmes, nient le côté exorbitant des avantages de ces derniers, les décrivent consciencieux, honnêtes, dévoués, mal payés pour accomplir d'indispensables fonctions au service d'un public souvent ingrat.

Ces points de vue irréconciliables génèrent d'infinis débats d'où il ne sort pas grand chose. Ça prend des airs de guerre des tranchées.

A mon sens, les vraies questions sont les suivantes : Est-il nécessaire que certaines fonctions soient tenues par des employés de l'Etat ou des collectivités locales ? Est-il obligatoire de garantir à ceux qui remplissent ces fonctions un emploi à vie, un avancement plus ou moins automatique et un système de retraite avantageux ?

A la première question, au moins pour les fonctions régaliennes, la réponse est bien évidemment oui. De là à ce que les magasins de chaussures soient tenus par l'état, il y a un pas que seuls les vrais communistes franchissent sous prétexte que tout le monde devant être chaussé, il s'agit bien là d'un service public. Au fond, il y a peu de fonctions relevant nécessairement de la puissance publique. Nous n'avons donc besoin que de peu de "fonctionnaires".

Maintenant, si l'état a besoin d'employés pour mener à bien ses missions, est-il essentiel qu'en échange de la réussite à un concours l'emploi de ceux-ci soit garanti à vie, leur avancement dans la carrière assuré et leurs vieux jours bien rémunérés ? Il n'y a, en dehors du sacro-saint principe de l'intangibilité des  avantages acquis, absolument aucune raison à cela. Mais, s'écrieront certains, comment l'état sans ces avantages pourrait-il s'assurer la fidélité de ses "serviteurs" ? Je pense qu'il le ferait de la même manière que William Saurin s'assure la fidélité des "serviteurs" de la choucroute et du cassoulet. En leur offrant un salaire correct et des conditions de travail acceptables.

Un des principaux problèmes de nos sociétés héritières d'un état providence est l'aspiration générale à la stabilité, tendance qui mène à la sclérose. Tout le monde rêve de l'emploi garanti, quitte à s'y emmerder comme un rat mort. Et cela parce que, en dehors de cette stabilité, point de salut. Si vous travaillez sans interruption depuis de nombreuses années en CDD, vous êtes, aux yeux des banques ou des propriétaires, bien plus suspect que celui qui vient d'obtenir un CDI et plus encore qu'un fonctionnaire fraîchement recruté. Tout est fait pour que chacun reste à sa place. On en est presque à revendiquer l'hérédité des fiefs (les médiévistes me comprendront).

Et c'est bien dommage. Si nous comparons le marché du travail à un jeu de chaises musicales, 10% de chômeurs n'est pas un problème. A chaque signal de changement, le chômeur a une chance  de pouvoir s'asseoir. Sauf, bien entendu si un quart des "joueurs" est propriétaire de sa chaise et que le reste s'accroche à la sienne comme à une planche de salut...

Il me semble donc que par-delà l'intéressant débat public-privé, il serait utile de réfléchir à une société où, que l'on travaille pour l'état ou pour une quelconque société privée, on relèverait d'un même statut. Et,  pour une meilleure fluidité sociale,  il serait préférable de "privatiser"  le fonctionnariat que de "fonctionnariser" l'emploi privé.

Je n'ai aucune illusion sur la faisabilité de ce que je préconise : c'est complètement à contre-courant :  à part quelques illuminés chacun aspire au contraire. Quitte à en crever.

lundi 2 janvier 2012

35 heures, ça ne serait pas un peu timide ?



Prenez un dirigeant socialiste. Choisissez-le de préférence plutôt gras et de poil luisant. Pour le détendre, branchez-le sur Sarkozy. Suivant la taille et le poids du spécimen, laissez-le exprimer sa hargne entre dix minutes et trois heures. Approuvez-le régulièrement, avec enthousiasme si possible. Épongez soigneusement l'écume qui sourd à la commissure de ses lèvres. Quand le flot se tarit, la bête est prête à être cuisinée.

Vous pouvez donc l'interroger sur le bilan des trente-cinq heures. La réponse ne se fera pas attendre : celui-ci est positif. Grâce à cette mesure, des millions d'emplois ont été créés ou sauvegardés. Il ne vous précisera pas si c'est ici ou en Chine, mais on peut supposer que c'est ici, vu qu'en général un socialiste ne s'intéresse qu'à la France. C'est pourquoi les piètres résultats des autres socialistes, notamment en Espagne, ne le concernent en rien.  Si vous l'avez totalement détendu, il enchaînera sur les gains humains de la réforme : vie de famille améliorée, plus de temps à consacrer à la culture (le temps passé à visionner les émissions de TF1 et M6 a progressé). Bref, on n'aurait pas pu voter loi plus juste, plus efficace ni plus bénéfique.

Laissez-le reprendre le chemin de Solférino et, apaisé, allez faire une petite sieste réparatrice. Approuver un socialiste est toujours éprouvant. A moins que...

A moins que, comme moi, un détail ne vous turlupine. 

Récapitulons : en 1998, la durée hebdomadaire du travail est ramenée de 39 à 35 heures. Aussitôt, tout va mieux : baisse du chômage, augmentation du bonheur familial, boom culturel, on ne sait plus où donner de la satisfaction ravie ! Dès lors, une question se pose : face à une telle réussite comment se fait-il qu'on s'arrête en chemin ? Pour quelle raison obscure cherche-t-on en vain le passage des 35 aux 31 heures hebdomadaires dans le programme de l'auto-proclamé futur président ? Se désintéresserait-il du bonheur et de la prospérité des français ?  Les 35 heures constitueraient-elles un idéal indépassable ?

Je donne ma langue au chat. A moins que cette défense acharnée ne relève que de la mauvaise foi la plus éhontée ?  Personnellement je n'ose même pas l'imaginer.